«La région d’Agadir doit s’ouvrir davantage sur le marché africain»
Les ÉCO : Vous venez d’être élu à la tête de la CCISA. Quelles seront vos priorités ?
Karim Achengli : Ce qui est important pour nous, c’est de sceller plus de partenariats avec les institutions régionales, notamment le Conseil régional, mais aussi les communes, qui sont des parties prenantes dans le processus économique. Aujourd’hui, ces partenariats sont inéluctables pour notre plan stratégique qui sera prochainement adopté. Dans le cadre des actions qu’on vaudrait également entreprendre, nous voulons développer l’ouverture de la région Souss-Massa vers le marché africain, de façon à ce qu’elle soit une porte d’entrée vers l’Afrique subsaharienne. De surcroît, la révision des stratégies de développement économique est indispensable afin qu’il y ait une ouverture de la région sur les nouveaux métiers, notamment les énergies renouvelables, l’industrie automobile, aéronautique et navale.
Un plan pour redynamiser les Chambres de commerce a été adopté après le diagnostic du cabinet Mazar…
Effectivement, il y a une feuille de route qui a été mise en place par le ministère de tutelle. Nous avons fait en sorte que nos actions soient en parfaite harmonie avec cette stratégie. Un diagnostic a été déjà effectué par le cabinet précité et il a dressé l’état des lieux des Chambres pour améliorer leurs performances à travers le développement de projet structurants et les recettes financières, en plus de l’instauration de services payants, ce qui aujourd’hui incombe aux délégations des ministères.
Où en est cette feuille de route ?
Nous attendons toujours le diagnostic final du cabinet qui va orienter chaque Chambre de commerce en fonction des résultats de son audit. Il y a des Chambres qui adhèreront au contrat-programme et d’autres qui ne le feront pas tant que ces Chambres ne répondent pas aux exigences du ministère. Sur le plan de la gouvernance, il y aura des changements qui vont être adoptés, mais la stratégie ne fait pas encore l’unanimité de toutes les Chambres puisque beaucoup de détails seront revus au niveau de la structure électorale. Lors du dernier discours de sa majesté, il avait insisté sur le fait que les Chambres ne doivent plus être un tremplin électoral. De ce fait, on ne peut plus utiliser les Chambres à des fins purement électorales, mais pour le développement économique et social.
Qu’en est-il de la stratégie propre à la Chambre ?
Notre région à des spécificités et ses propres priorités économiques. Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs régionaux est d’avis que le tourisme est le secteur le plus anéanti de notre écosystème économique.
Vous avez rencontré les acteurs régionaux pour exercer un lobbying actif en faveur de la région…
Il s’agit d’une initiative mutuelle de la part de l’ensemble des intervenants. Ces derniers ont décidé de créer un comité de pilotage qui se réunira mensuellement pour le traitement des problématiques régionales et les actions à mener dans l’avenir. La Chambre de commerce joue un rôle fédérateur pour mutualiser les efforts et organiser les actions de lobbying à travers ce comité. La réunion tenue il y plus d’une semaine a été également marquée par la présence des communes et Mamoun Bouhadhoud, ministre délégué chargé des petites entreprises et de l’intégration du secteur informel. On a traité avec le ministre le recasement des TPE, étant donné qu’on dispose de plusieurs marchés en cours de finalisation à Inezgane.
Est-ce que la coordination des parlementaires a été conviée à cette réunion ?
Pas encore. Il est difficile aujourd’hui de fédérer près de 25 parlementaires et conseillers, mais on est en train de les associer à cette action. On a déjà commencé la prise de contact avec eux pour qu’une réunion soit tenue avant la fin de ce mois. Sans les parlementaires et les conseillers, il serait difficile de remonter notre voix, mais il faut également comprendre que notre action se fait indépendamment des appartenances politiques.
Où en est le complexe multiservices dont les travaux ont été lancés en 2013 ?
Ce projet s’articule autour de quatre composantes. Il s’agit de 9 showrooms en plus d’un bâtiment dédié aux plateaux bureaux. S’ajoutent à cela un centre de conférence ainsi qu’un espace d’exposition. Aujourd’hui, cinq showrooms sont complètement finis, sachant qu’on vient de lancer les plateaux bureaux qui abriteront des startups en plus d’une école de formation ainsi que certains clusters de la région. L’idée est de regrouper ces entités dans un seul espace au lieu qu’elles soient éparpillées.
Comment comptez-vous le gérer sur le plan des ressources humaines ?
On prévoit la réception de 50 entreprises qui généreront près de 400 emplois directs. Le projet dans sa globalité permettra d’améliorer les recettes de la Chambre et son autonomie financière à travers le loyer des showrooms et l’hébergement des clusters. Pour ce qui est de la gestion, une réflexion est menée au sein de la Chambre, soit on procède à la concession de cet espace ou bien on opte à la cogestion dans le cadre d’un partenariat public-privé. Les discussions sont menées actuellement avec le ministère de tutelle et celui de l’économie et des finances pour trouver la formule la plus adéquate.