La chasse aux jihadistes «revenants» est lancée dans les aéroports marocains
Détection de documents de voyage falsifiés, profilage des passagers, techniques d’analyses de risques, contrôle de fret, informations préalables sur les voyageurs et les dossiers passagers… les aéroports du royaume sont le poste avancé de la lutte contre le retour des jihadistes.
Malgré les revers essuyés par Daech en Syrie, en Irak et en Libye, le quatrième rapport du secrétaire général de l’ONU, présenté le 7 février le conseil de sécurité, qui porte sur la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité internationales indique que l’organisation terroriste s’est adaptée à la «pression militaire» en s’appuyant, en particulier, sur des méthodes de communication interne et de recrutement «de plus en plus clandestines», comme le web profond, le cryptage et l’utilisation de messagers.
Plus inquiétant, le rapport indique que Daech a encouragé ses partisans éloignés à perpétrer des attaques, et les combattants terroristes étrangers quittant l’Iraq et la Syrie font croître la menace du terrorisme dans leur pays d’origine.
Les aléas de la géographie
Comme tous les pays du monde, le Maroc est visé par la menace de frappes de Daech, d’un côté en raison du nombre de jihadistes partis combattre en Syrie et en Irak dans le rangs de cette mouvance terroriste. D’un autre côté, le royaume risque de subir les conséquences de l’anarchie qui règne en Libye et le manque d’étanchéité des frontières tunisiennes et algériennes avec ce pays. Pour rappel, en Libye, l’offensive militaire a délogé Daech de la ville de Syrte, l’un de ses plus importants bastions à l’extérieur de l’Iraq et de la Syrie, réduisant ainsi son espace opérationnel et conduisant ses combattants à se disperser et à s’installer dans d’autres régions du Maghreb. Plus inquiétant, selon certaines estimations de l’ONU, le nombre de combattants de Daech présents en Libye varie de plusieurs centaines à 3.000.
La contre-attaque se précise
Le secrétaire général a fait un bilan des mesures prises au cours des quatre derniers mois par les États membre de l’ONU pour faciliter la coopération internationale dans les domaines judiciaire et policier. Ainsi, Interpol a noté qu’entre octobre 2016 et janvier 2017, le nombre de profils de combattants terroristes étrangers accessibles en temps réel par son système de documentation criminelle avait augmenté de 63%, et l’échange d’informations entre États membres de 750%. Au 20 décembre, le fichier d’analyse criminelle de combattants terroristes étrangers d’Interpol recensait 14.338 profils. Les pays du Maghreb (en particulier la Tunisie et le Maroc) ont également partagé un plus grand nombre de données sur les combattants terroristes étrangers et ont eu davantage recours aux bases de données d’Interpol.
Les aéroports, la priorité du royaume
En 2016, le Maroc a été associé au projet de communication aéroportuaire de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui vise à renforcer les capacités des services de répression dans les aéroports internationaux pour leur permettre de repérer les voyageurs suspects et les empêcher de voyager, en particulier les combattants terroristes étrangers partant pour des zones de conflit ou en revenant. Le projet favorise la collaboration entre les agences et la communication directe et sécurisée entre les aéroports internationaux, et permet en outre aux services des aéroports d’accéder directement aux bases de données d’Interpol. En décembre, 38 policiers marocains ont été formés à la détection de documents de voyage falsifiés. Des formations dans les domaines du profilage des passagers, des techniques d’analyses de risques, du contrôle de fret, de la sécurité aéroportuaire et de l’analyse des informations préalables sur les voyageurs et des dossiers passagers seront organisées à compter du début 2017 à l’intention des services des forces de l’ordre, des douanes et de renseignement. La chasse aux jihadistes qui reviennent est lancée.