L’impact économique des fêtes religieuses
Pour cette semaine, notre partenaire FLM s’est attelé à la question de l’impact des fêtes religieuses. Détails.
74% des 460 internautes qui ont répondu à la question de FL Markets, la semaine dernière, ont considéré que l’impact économique des fêtes religieuses est positif, contre 26% qui pensent tout le contraire. En effet, pendant les mois de Ramadan et de Du El Hija, les habitudes de consommation des ménages sont chamboulées avec une nette tendance à la hausse des dépenses. Aussi, Du El Hija qui coïncide avec l’Aïd Kébir et le pèlerinage est un mois de vacances pour plusieurs secteurs comme le BTP, le commerce de proximité ou l’artisanat. Par ailleurs, des métiers saisonniers apparaissent lors du Ramadan et à l’occasion de l’Aïd Al Adha. Enfin, pour ce dernier, la fête est aussi l’occasion de transfert de près de 13 MMDH des villes vers les zones rurales. Ainsi, la consommation est clairement stimulée pendant les fêtes religieuses car le sacrifice de l’Aïd Al Adha permet, selon le HCP, une hausse de 29% en moyenne de la dépense globale mensuelle du ménage marocain.
Cette hausse est de 57% pour les 10% des ménages les plus pauvres, contre 15% pour les 10% les plus aisés. Pour le Ramadan, selon la dernière enquête HCP sur les dépenses de consommation des ménages au Maroc, la dépense de consommation par ménage s’apprécie de 16,3% en moyenne durant le mois sacré. En particulier, les ménages dépensent plus d’un tiers de plus en alimentation (+37%), qui est à l’origine de 82% de la hausse constatée. Cette consommation ne peut que stimuler le PIB, surtout que pour l’Aïd Al Adha, le recours aux importations est très limité, ce qui constitue une hausse claire de la valeur ajoutée dans les zones rurales. De plus, la somme des emplois saisonniers non qualifiés constitue une bouffée d’oxygène pour les chômeurs, notamment chez les jeunes. Côté négatif, ces fêtes sont inflationnistes car le HCP en avait en effet mesuré l’impact inflationniste durant le mois de ramadan avec pour résultat une hausse globale de 0,6%. Aussi, le prix moyen des animaux d’abattage pour l’Aïd Al Adha a augmenté de 67% durant les treize dernières années, soit l’équivalent de 4% annuellement.
De même, au niveau de la productivité, une étude du HCP réalisée en 2012, avait conclu que les Marocains consacrent en moyenne, au cours du mois de ramadan, 46 minutes de moins que d’ordinaire à leur travail professionnel (-23%). Aussi, dans plusieurs secteurs comme le BTP ou l’artisanat et le commerce, les patrons s’arrachent les cheveux durant cette période, vu le départ automatique des salariés en congé, indépendamment du carnet de commandes. Par ailleurs, selon une étude en 2014 de l’Observatoire du tourisme, l’activité touristique connaît un ralentissement durant le mois de Ramadan avec une baisse des arrivées par jour de près de 25%. Par ailleurs, l’effet est plus marqué au niveau du tourisme interne affichant un repli qui a été mesuré par ledit observatoire à – 45%. Enfin, pour les plus sceptiques, l’effet positif des fêtes religieuses sur la consommation est à nuancer par un effet d’éviction. En effet, chez certains ménages, les dépenses liées aux fêtes peuvent venir en substitution à des investissements en biens d’équipement voire à des frais de soins ou de voyage.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Comment appréhendez-vous cet effet des fêtes religieuses ?
Farid Mezouar : En plus des effets positifs cités précédemment, nous ne pouvons négliger la variable qualitative économique du bonheur et du bien-être des citoyens et des ménages. Cette variable ne peut que stimuler la consommation et la croissance. En effet, ce sont des fêtes familiales qui créent des moments de joie collective.
Peut-on optimiser l’effet économique de ces fêtes ?
Je pense que c’est tout à fait possible car nous pouvons gommer les effets négatifs et amplifier les points positifs. Des jours fériés supplémentaires peuvent être créés pendant le Ramadan et l’Aïd Kébir. Ces jours peuvent être soustraits des congés annuels. Aussi, l’industrie agro-alimentaire et l’agriculture peuvent se préparer à substituer la production locale (ex : dates, lait, orange…) aux importations. Par ailleurs, pour les éleveurs de bétail, les banques peuvent proposer des produits financiers spécifiques pour canaliser les 13 MMDH d’épargne. Enfin, pour le BTP, il est temps de songer à la formation pour pouvoir compter sur des intérimaires lors des congés annuels des ouvriers professionnels. l