Investissements de la diaspora : retour sur le projet franco-marocain “PRIM”

Le Programme des initiatives de la migration (PRIM) touche à sa fin. Paola Chianca, sa cheffe de projet, nous confirme qu’au bout de cinq ans et deux millions d’euros investis, pas moins de 64 projets divers dans le Souss-Massa et l’Oriental ont été financés au profit de 3.500 personnes. Ce projet de coopération franco-marocain vise trois catégories : des Marocains résidant à l’étranger, des MRE de retour et des étrangers résidant au Maroc.
Le Programme régional des initiatives de la migration (PRIM) représente une forme de concrétisation de la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA) et de la Stratégie nationale en direction des Marocains résidant à l’étranger (SNMRE). L’idée est d’aider les acteurs territoriaux, associatifs et institutionnels à concrétiser les objectifs arrêtés dans le cadre de ces stratégies.
Pour rappel, le PRIM est financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre en partenariat avec le ministère marocain des Affaires étrangères, ainsi que les Conseils régionaux du Souss-Massa et de l’Oriental.
Accompagnement de bout en bout
Sept communes ont bénéficié d’un accompagnement dans l’élaboration de plans d’action intégrant la dimension migratoire et l’approche genre, peut-on lire dans le communiqué partagé par le PRIM qui a également favorisé la structuration des dispositifs d’accueil. Il s’agit de huit cellules d’accueil installées au sein des collectivités de l’Oriental.
Par ailleurs, 16 Bureaux d’accueil et d’orientation des migrant·es (BAOM) dans le Souss-Massa ont été créés ou renforcés. Dans les provinces de Nador et Driouch, le projet Izzouran vise à encourager l’investissement des MRE dans le cadre de leur réinsertion économique. 24 porteurs de projets ont bénéficié de formations de cinq jours et d’accompagnement par l’association «Centre méditerranéen d’études stratégiques, diplomatiques et sociales».
Préalablement à la mise en œuvre de ce projet, l’association a réalisé une étude stratégique visant à orienter les choix d’investissement. Ses résultats ont été partagés avec les bénéficiaires. L’association a également organisé des visites d’échange et des conseils individualisés ont été prodigués aux porteuses de projets.
«Nous avons pu orienter trois catégories de participants : des porteurs de capitaux souhaitant investir, des porteurs de projets sans capitaux et enfin des porteurs de projets nécessitant du conseil administratif et financier (recherche de fond, préparation de dossier de prêt bancaire, etc.)», explique Mohamed Hamidi, notre interlocuteur au sein de l’association.
Kouraich Ahmed, l’un des bénéficiaires de la session de formation, est revenu sur son expérience en visioconférence.
Ce Marocain de la diaspora en Belgique confie : «Il a été question de cadre légal, de procédures d’autorisation, d’outils de financement et de niches d’investissement».
Son projet sera orienté vers l’agriculture et l’export maraîcher en vue d’optimiser les rendements, et ce, en maîtrisant la chaîne de production tout au long de l’année».
Un accent particulier sur l’entrepreneuriat féminin
Malgré une participation féminine réduite, l’accent a été mis sur l’entrepreneuriat féminin, dans le projet «Invest in roots» mis en œuvre par l’Association ANAF, entre août 2024 et mai 2025, à Nador. L’objectif était de renforcer l’intégration socio-économique des MRE et de ceux d’entre eux qui ont opté pour le retour au pays. Financé par l’AFD via le programme PRIM (à hauteur de 29.992 €), il a combiné sensibilisation, formation et accompagnement à l’entrepreneuriat.
Après un diagnostic territorial, 30 bénéficiaires ont été retenus, dont 25 ont suivi une formation complète, aboutissant à la présentation de 17 projets lors d’un Pitch Day. Des conventions avec l’Association des Très petites entreprises et la Fondation Hiwaar Nederland ont été signées pour assurer leur pérennité. Des activités entrepreneuriales, mais aussi sportives et artistiques, ont renforcé le lien social de près de 100 personnes, prises en charge par une cellule d’accueil au sein de la commune d’Arekmane, dans l’Oriental.
L’Association Rayon espoir pour l’Éducation, le Développement et le Sport a structuré une réponse intégrée pour l’accueil et l’implication des MRE et Marocains de retour à Arekmane. Des formations pour les fonctionnaires ainsi que des partenariats ont ancré l’action dans la commune. 20 porteurs de projets ont été accompagnés dans ce cadre.
«Le projet a permis une meilleure communication avec les MRE et une implication croissante des femmes. Il a été pensé dès le départ pour être pérennisé par les acteurs locaux», relève le PRIM.
Une deuxième édition est déjà envisagée, intégrant de nouvelles dimensions comme le numérique et l’international. Ce projet, financé à hauteur de 27.520 €, renforce l’image d’Arekmane comme territoire ouvert à sa diaspora afin d’encourager une coopération durable avec les habitants. Il s’inscrit dans le cadre d’une vision durable de la coopération locale-diaspora.
Mounira Lourhzal / Les Inspirations ÉCO