Investissement : entre action ou obligation, que choisir ?
C’est le «wait and see» qui caractérise le climat de l’investissement dans le marché boursier. Le marché actions comme celui des obligations présentent tous deux des aspects poussant encore plus les investisseurs à prendre le chemin de la prudence.
En 2023, quel arbitrage devraient opérer les investisseurs du marché financier ? BMCE Capital Research a répondu à cette question dans le cadre de la publication de son rapport «Strategy 2022-2023».Il faut dire qu’au vu du contexte macro-économique actuel, les investisseurs font actuellement face à une situation atypique rendant délicat l’arbitrage entre l’action et l’obligation.
Les analystes de BKGR rappellent dans ce sens que «le marché obligataire, caractérisé généralement par sa constance, fait face à de fortes turbulences depuis le resserrement brutal, quoique prévisible, de la politique monétaire du Royaume et navigue actuellement à vue étant donné l’incertitude entourant l’évolution future du taux directeur».
Cette instabilité s’illustre déjà par l’allure hors norme de la courbe des taux primaire, complètement décorrélée avec la réalité du marché, en plus de l’aplatissement de la courbe des taux secondaire reflétant l’attrait des investisseurs pour les maturités très court-terme, assimilables à des quasi-liquidités, et ce, dans l’attente davantage de visibilité. Paradoxalement, le Moroccan Bond Index (MBI) affiche, pour la première fois depuis plus d’une décennie, lui aussi une contre-performance de -2,9%.
S’agissant du marché actions, «il s’est embourbé dans une spirale baissière interminable sans signe réel de redressement», estime BKGR.
Pour ne rien arranger, l’environnement de taux haussier a réduit son spread (D/Y contre BDT 10 ans) «comme peau de chagrin et assiste actuellement à la fermeture d’une fenêtre d’opportunité lui étant favorable depuis près de 8 ans», affirme-t-on dans ce sens. Les investisseurs se voient, dans ces conditions, contraints d’adopter une stratégie de wait and see péchant elle aussi par son excès de prudence. Au vu de ce qui précède, la question centrale est celle du choix du véhicule d’investissement adéquat qui devrait permettre d’assurer la préservation du capital et, dans la mesure du possible, sa fructification.
Les avantages et les inconvénients
BKGR a recensé les avantages et les inconvénients des différentes possibilités qui s’offrent aux investisseurs en 2023. En dépit du contexte en apparence défavorable à l’action, les analystes estiment que «le niveau de valorisation très intéressant que propose la Bourse de Casablanca en 2023 devrait inciter les investisseurs à opter pour une stratégie de stock picking afin de profiter des opportunités que ne manque pas d’offrir un marché bearish, en se référant au principe que c’est dans les marchés baissiers que se construisent les performances futures».
D’ailleurs, BMCE Capital Global Research a adapté sa stratégie d’investissement 2023 pour tenir compte des facteurs exceptionnels auxquels doivent faire face les investisseurs, notamment la situation atypique des marchés financiers et le ralentissement économique possiblement annonciateur d’une période de récession dans un contexte d’inflation historiquement élevée.
La méthode BKGR
La société de recherche a pensé à une roue de l’investissement qui lui permet d’aller puiser les stratégies à même de satisfaire aux besoins de chaque type d’investisseur en fonction de sa perception du contexte et des risques qui y sont associées. De son mouvement, 4 grandes stratégies émergent dont chacune met en exergue une des caractéristiques de rendement, de croissance, de résilience et de robustesse.
Ainsi, en 2023, la sélection de valeur présente un potentiel théorique de croissance de 19%, compte tenu de l’importante réserve de reprise de plusieurs valeurs du portefeuille. Notons qu’en 2023, le portefeuille BKGR a fait preuve de résilience, avec une contre-performance qui se limite à -9,96% contre -16,98% pour son benchmark MASI-RB. Teintée de prudence, la stratégie, adoptée tout au long de l’année 2022, lui a permis de contrecarrer les pertes accusées par le marché boursier.
Trois valeurs de sa sélection ont permis de neutraliser partiellement les pertes subies par la grande majorité des valeurs cotées, à savoir Managem, HPS et Taqa Morocco, dont les performances respectives se sont élevées à +52,9%, +12,1% et +2,3%. A contrario, les valeurs ayant enregistré les plus importantes pertes sont Lafargeholcim Maroc, qui poursuit son trend baissier et porte sa contre-performance y-t-d à -45,2%, TGCC S.A et Sonasid, dont la contre-performance est de -29,6% et de -29,3% respectivement, et Maroc Telecom qui clôture l’année en baisse de -27,1%.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO