Maroc

Industrie : le spectre d’une pénurie de talents

Les perspectives du secteur industriel sont prometteuses. On estime qu’entre 2021 et 2025, les filières de l’automobile et de l’aéronautique auront besoin de recruter 100.000 profils. Pourtant, au vu des résultats provisoires du baccalauréat professionnel, les attentes sont loin d’être comblées. Faut-il s’en inquiéter ? 

Les résultats de la session de rattrapage du baccalauréat sont attendus ce 13 juillet. Ils concernent 189.234 candidats, dont 145.479 scolarisés et 43.755 libres, qui y participeront. Ils sont très attendus, tant par les candidats que par le ministère de l’Enseignement supérieur. L’enjeu est de taille pour ce dernier, car les résultats annoncés infirmeront ou confirmeront la baisse de performance notée cette année auprès des élèves, avec un taux de réussite d’environ 60% enregistré à l’issue de la session ordinaire. Si, au total, 127.338 candidats ont obtenu une mention, ce qui représente un taux de 48%, il y a eu une légère baisse de performance de 6% par rapport à l’année dernière si on prend en compte les statistiques encore disponibles.

Bac professionnel : la soupe à la grimace
Globalement, cette statistique met en évidence l’excellence académique des élèves avec notamment un taux de réussite des filières internationales du baccalauréat marocain qui a atteint 64,94%. Les résultats sont loin d’être aussi encourageants pour les élèves des filières du baccalauréat professionnel où globalement moins d’un élève sur deux a décroché son bac à l’issue de la session normale. En effet, le taux de réussite est de seulement 45,48%. Or, au cours des dix dernières années, le Maroc a décidé de miser sur le développement de son tissu industriel. Ce qui nécessitera une main-d’œuvre qualifiée pour accompagner cette dynamique. Rien que pour le textile, il contribue à l’emploi de 200.000 Marocains, ce qui représente plus du quart de l’ensemble des postes dans le secteur de l’industrie, selon la Banque mondiale.

Un secteur demandeur
L’employabilité dans le secteur industriel reste d’autant plus forte que les perspectives du secteur à l’échelle nationale sont prometteuses. C’est le résultat d’une série de mesures prises par le gouvernement pour stimuler l’investissement et le développement économique. Il s’agit, notamment, de l’investissement productif, levier essentiel pour relancer l’économie nationale et ancrer le Maroc dans des secteurs porteurs. Celui-ci a considérablement favorisé l’accroissement de la part industrielle dans le PIB, laquelle est passée de 14% en 2014 à 23% en 2020. En avril dernier, le ministre de l’Industrie révélait que son secteur, considéré comme l’un des principaux moteurs de croissance de l’économie marocaine, s’était fixé comme objectif la création de 410.000 emplois à l’horizon 2026. Le secteur a créé 94.000 emplois nets depuis le début du mandat du gouvernement Akhannouch. On estime qu’entre 2021 et 2025, les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique auront besoin de 100.000 nouveaux profils. Il est donc nécessaire aujourd’hui de tout mettre en œuvre pour intéresser les jeunes à cette filière. Il est aussi crucial d’accélérer le moteur de la formation. À ce propos, il est rassurant de constater quelques initiatives privées qui viennent s’ajouter aux efforts du gouvernement en la matière.

Des lauréats prêts à l’emploi dès leur sortie 

Hind Benkirane est responsable du département pédagogique, du partenariat entreprise et enseignante au sein d’une université privée de la place. Elle est plutôt satisfaite de la qualité des formations proposées par les établissements privés du Maroc. Les lauréats qui sortent de ces écoles «n’ont même pas besoin de faire une formation supplémentaire pratique pour être opérationnels», constate-t-elle.

Parmi ces établissements, qui font figurent de proue dans le domaine, on peut citer l’EMINES – School of Industrial Management, école d’ingénieur de l’UM6P qui a pour vocation de former des ingénieurs en management industriel. Elle propose plusieurs diplômes dont le diplôme de «Mastère spécialisé en management industriel et excellence opérationnelle». Il s’agit d’un diplôme crédité par la Conférence des grandes écoles en France, délivré conjointement par l’École des mines de Paris (Mines ParisTech) et par l’EMINES – School of Industrial Management de l’Université Mohammed VI Polytechnique. L’Esith, qui revendique un panel de formations de haut niveau, avec des «diplômés préparés pour assumer les plus hautes fonctions de l’entreprise», fait partie de ce lot. Toutefois, «de par mon expérience personnelle», poursuit notre interlocutrice, certaines écoles marocaines spécialisées gagneraient à miser davantage sur la pratique plutôt que sur la théorie. Et ce, en encourageant leurs étudiants à allier les cours théoriques et les stages au sein de l’entreprise avant d’avoir un bagage technique qui leur permettra d’être opérationnel dès l’obtention de leur diplôme.

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO



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