Le 2 janvier 1492 chutait Grenade, dernière ville musulmane d’Andalousie
Le 2 janvier 1492, Mohammed XII Boabdil, le roi de Grenade, remet les clés de la ville à Isabelle de Castille, dite Isabelle la Catholique après un long siège. C’est la fin de 8 siècles de présence musulmane en Andalousie.
Grenade, dernier bastion musulman en Espagne a su survivre longtemps aux menaces, profitant de la rivalité entre les différents royaumes chrétiens, mais le mariage de la reine Isabelle de Castille avec le roi Ferdinand d’Aragon a fini par unifier l’Espagne contre l’ennemi commun : les maures.
Commence donc une succession de conflits qui opposèrent de 1482 à la fin de l’année 1491 les royaumes d’Aragon et de Castille à celui de Grenade. Il n’y eut presque pas de grandes batailles durant cette guerre. Il y eut principalement des campagnes annuelles dont le but était de ruiner le royaume de Grenade, et des sièges où l’artillerie sera déterminante.
Ce conflit connut trois phases, la première se fait sous le signe de l’improvisation. Mal préparée, sans tactique réellement mise au point et ayant sous-évalué les difficultés, l’armée chrétienne subira plusieurs revers et des échecs. Le point fort de cette phase est le siège de Loja en 1482. Trop bien défendue, la ville résiste aux assauts, et les pertes sont nombreuses, si bien que Ferdinand devra abandonner le siège au bout de quatre jours.
La deuxième phase, fut mieux préparée et équipée, l’armée catholique remporte plus de succès. Elle prend Ronda au bout d’un siège de quinze jours, la Vega de Grenade, Loja et Malaga. Les moyens qui permirent les prises des villes furent l’artillerie, mais aussi la trahison d’un certain nombre de Maures. À la fin de cette phase, toute la partie occidentale du royaume est conquise. La chute du port de Malaga coupe les relations du royaume de Grenade avec son allié Mérinide du Maroc.
La troisième phase va voir la conquête de la majeure partie du royaume. La campagne de 1489 fut la plus dure de la guerre, avec le siège de Baza qui dura six mois. Zagal, l’oncle de Boabdil et son compétiteur, vaincu, quitte l’Espagne et se réfugie près du Roi mérinide de Fes.
A l’issue de cette séquence, seule la ville de Grenade reste musulmane. Boabdil s’était engagé à la livrer aux Rois catholiques après la défaite de Zagal, mais, craignant des réactions défavorables des habitants de la ville, temporise. Après de vaines discussions durant l’année 1490, les chrétiens envoient une armée qui quitte Séville le 11 avril 1491. Le siège commence le 9 juin, ainsi que la construction de la ville de Santa Fe. Grenade tient bon, mais des conciliabules secrets entre les rois se déroulent, et des accords signés le 25 novembre 1491 scellent le destin de la ville. Boabdil quitte la ville et la livre le 2 janvier 1492.
À la reddition du roi Boabdil reçue, les souverains espagnols décrètent l’expulsion de tous les juifs sauf s’ils se convertissent avec sincérité au catholicisme. Cette mesure d’expulsion prend effet le 31 mars 1492. Elle fut une violation de l’engagement de respecter les juifs de Grenade, engagement inscrit dans le traité conclu avec Boabdil.
Près de 160 000 juifs quittent précipitamment la péninsule et vont chercher refuge en Afrique du nord ou auprès du sultan ottoman (dans leur pays d’accueil, ils se feront connaître sous le nom de Sépharades, du nom donné à l’Espagne en hébreu). L’Inquisition, tribunal religieux au service de la monarchie, se charge de traquer les faux convertis.
Le sort des musulmans n’était pas meilleur. En 1499, l’archevêque de Tolède Cisneros convainc les Rois catholiques d’en finir avec eux et de les convertir de force.
Les habitants de Grenade sont rassemblés sur la place publique, aspergés d’eau bénite et dès lors considérés comme baptisés. Ceux qui refusent ouvertement leur nouvelle condition sont expulsés du pays comme les juifs une décennie plus tôt.
Grâce à sa victoire sur les Maures de Grenade, Isabelle se rend disponible pour de nouvelles conquêtes. C’est ainsi qu’elle reçoit Christophe Colomb et soutient son projet de rejoindre les Indes en traversant l’océan Atlantique, ce qui aboutira à la découverte de l’Amérique.