MarocTable ronde

Hicham Serghini: « un tournant pour l’écosystème des startups au Maroc »

On assiste actuellement à une véritable dynamique en ce qui concerne l’accompagnement des startups innovantes, ce qui ne peut qu’être bénéfique pour le développement économique du royaume. Dans ce sens, Les Inspirations Éco, en partenariat avec Tamwilcom, a tenu un évènement le 21 mars à Casablanca, afin d’effectuer un décodage de la situation au Maroc, histoire d’identifier les ambitions à atteindre et les challenges à relever.

Les intervenants: Hicham Zanati Serghini, DG de Tamwilcom ; Youssef El Alaoui, membre du conseil d’administration de Réseau Entreprendre Maroc ; Ghita Hannane, responsable Maroc de la Société Financière Internationale ; Dounia Boumehdi, présidente de la Commission amorçage de l’AMIC, et Ali Sami, dirigeant de la Startup Blink Pharma.

Il est indéniable que le Fonds Innov Invest a eu un impact plus que positif en faveur des startups au Maroc. Les chiffres sont là pour en attester. Sur les cinq dernières années, ce dispositif a permis le financement de plus de 500 startups alors que l’objectif initial était de 300 jeunes pousses. Le tout pour plus de 470 MDH de capitaux privés mobilisés auprès d’investisseurs à la fois locaux et internationaux. Hicham Serghini Zanati, DG de Tamwilcom, se penche dans cet entretien sur les réalisations et les perspectives du FII.

Quels sont les leviers qui ont permis au Fonds Innov Invest d’avoir un impact au niveau de l’écosystème des startups au Maroc ?
Le financement de l’innovation figurait parmi les priorités du Plan de développement 2013–2016 de l’ex-CCG, et ce, pour remplir le gap constaté en matière d’offre de financement structurée pour accompagner la création et le développement des startups innovantes. Certes, à l’époque, quelques instruments existaient, mais avec un faible focus sur les premiers stades de vie des startups et une offre de capital-risque qui restait très limitée en termes de fonds et de nombre de deals. Notre intervention se devait donc de répondre à tous ces impératifs.

L’idée était de proposer un dispositif à même de contribuer à la dynamisation de l’écosystème marocain de l’innovation dans sa globalité. Fin 2017, le «Fonds Innov Invest» (FII) a été lancé, fruit d’une initiative du ministère de l’Économie et des Finances avec un financement levé auprès de la Banque mondiale et dont la conception a été pensée selon une approche participative en étant à l’écoute des autres parties prenantes de l’écosystème. En s’inspirant des best practices, Tamwilcom a déployé une intervention ciblée sur les maillons manquants de la chaîne de financement de l’écosystème, particulièrement en matière de financement de pré-amorçage et de venture capital. Notre principe majeur consistait à initier une dynamique vertueuse par la création d’impact et de génération de valeur via des partenariats public-privé.

Le FII s’est ainsi appuyé progressivement sur des acteurs privés de l’écosystème et opérant à différents niveaux de la chaîne de financement et d’accompagnement des startups. Aujourd’hui, les résultats sont là. En quelques chiffres, et pour donner une idée des réalisations du FII sur les cinq dernières années, c’est un dispositif structurant dans la création de startups innovantes avec plus de 500 startups financées, contre un objectif initial de 300 startups à terme ; et plus de 470 MDH de capitaux privés mobilisés auprès des investisseurs locaux et étrangers. Des réalisations dont l’impact a été démontré par une revue à mi-parcours réalisée par un cabinet externe.

Le FII a également permis de créer un effet de levier par la mobilisation d’investisseurs locaux et étrangers. Quelles  ont été les mesures incitatives ayant permis de capter ces investisseurs ?
J’aimerais tout d’abord rappeler que l’une des principales composantes du FII portait sur la structuration de Fonds publics-privés de capital-risque-amorçage. Ceux-ci sont gérés par des sociétés de gestion avec un certain nombre d’incitations qui ont permis d’attirer des investisseurs et de mobiliser ainsi des ressources additionnelles pour augmenter la taille et la capacité d’investissement des nouveaux Fonds ainsi structurés. Le FII, et à travers une enveloppe de 242,5 MDH, a permis de structurer 3 VC pour une taille globale de près de 700 MDH.

L’effet de levier réalisé dans le cadre de ces opérations s’élève au double de l’injection de Tamwilcom grâce à la mobilisation d’une quinzaine d’investisseurs dont six étrangers et parmi lesquels se trouve un DFI international qui intervient pour la 1re fois dans le continent africain. Pour rendre possible ces levées de fonds, une série de mesures incitatives d’ordre financier et extra-financier ont été déployées.

Ainsi, et afin de garantir l’indépendance et la performance des véhicules précités, les gestionnaires ont été fortement encouragés à proposer des schémas de gestion discrétionnaire conformément aux standards internationaux. En outre et pour rassurer davantage les investisseurs quant aux risques pris, les tickets investis dans les startups par ces véhicules ont bénéficié de la garantie de «Damane capital risque» permettant ainsi le partage des risques, et ce, en sus d’une asymétrie de rendement favorisant l’amélioration in fine du TRI des investisseurs privés. Enfin, et pour les Fonds structurés à l’issue de l’appel à manifestation d’intérêt, une assistance technique a été mise en place afin de permettre, notamment, de mobiliser des expertises pour soutenir le potentiel de croissance des startups investies.

Que prévoit Tamwilcom dans son nouveau plan de développement pour soutenir le financement des projets et startups innovants ?
De l’avis des différents acteurs, le lancement fin 2017 du FII a constitué un tournant pour l’écosystème des startups au Maroc qui connaissait, auparavant, une faible offre de financement structurée, notamment pour les phases initiales très risquées de lancement de projets innovants. Aujourd’hui, nous restons toujours convaincus de l’importance de pérenniser notre offre de financement de l’innovation tout en lui apportant les améliorations nécessaires par rapport au retour du marché.

L’objectif étant de continuer à soutenir le financement des premiers stades critiques des startups et permettre, ainsi, d’assurer du deal-flow aussi bien pour les fonds de capital-risque partenaires que pour les autres véhicules d’investissement. En plus de la collaboration en amont avec les structures d’accompagnement pour le financement des startups en pré-amorçage, nous travaillons également pour accompagner des structures formelles de business angels dans leur professionnalisation et montée en compétence afin que cette catégorie d’investisseurs puisse à son tour accompagner les startups durant les phases précoces de leur développement. Notre nouveau plan de développement intègre également une ouverture vers l’accélération pour soutenir la transition vers le «seed funding» avec des financements et un accompagnement plus approprié pour accélérer la croissance des projets innovants et les rendre investissables.

Concernant le déploiement de nos solutions de financement, notre approche d’intervention reposera sur le développement de partenariats avec des acteurs privés de l’écosystème et sur la recherche de synergie avec d’autres intervenants publics ou privés.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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