Maroc
Hervé Omva : «Soutenir le secteur agricole par des financements spécifiques»
Hervé Omva.
président de l’idrc-africa (initiatives développement conseils)
président de l’idrc-africa (initiatives développement conseils)
Comment profiter de la crise pour promouvoir le secteur de l’agroalimentaire ?
L’Union Africaine (UA) doit impérativement mettre en place une commission spéciale qui devra travailler avec la BAD pour le financement du secteur agricole en prenant en compte les spécificités de chaque pays. Cette commission pourrait également favoriser les échanges de compétences et de technologies Sud/Sud. Au niveau de chaque pays, le secteur agricole pourrait être soutenu par des financements prélevés dans la RSE d’entreprises minières, pétrolières, forestières, aériennes (telles que Air France, Éthiopie Air Lines, …), ou relevant du secteur alimentaire et installées en Afrique comme Intermarché, Carrefour…
Pensez-vous que, sur le continent, il y a des exemples de réussite dans l’agriculture et l’agroalimentaire ?
Oui, il y a des exemples, comme en RDC Kinshasa, Nigéria, Sénégal, Cameroun, Maroc, Côte d’Ivoire, et bien d’autres initiatives en gestation, mais nous avons besoin de parler entre Africains… L’Afrique est un puissant marché qui, à lui seul, peut contribuer à son propre développement.
Selon-vous, comment résoudre le problème du financement du secteur de l’agroalimentaire en Afrique ?
La demande alimentaire dépasse de loin la production alimentaire en Afrique. La population actuelle du continent s’élève à environ 1 milliard de personnes et, selon les prévisions, ce nombre passerait à 1,3 milliard en 2020 et à 2,4 en 2050. L’Afrique connaît un taux de croissance démographique annuel de 2,5%, soit le taux le plus élevé au monde (ONU, 2013). Sur cette base, une stratégie innovante doit être initiée pour le financement du secteur agricole. Il y a eu, ces 20 dernière années, des initiatives visant à la création de fonds. Malheureusement, cela a accouché d’une souris et, aujourd’hui, le continent se trouve dans une situation inconfortable. C’est pourquoi je pense qu’une initiative de l’UA, en lien avec la BAD, est une urgence pour éviter des soulèvements de populations dans une Afrique en panne de bonne gouvernance.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO