Harouna Kaboré : «Le Burkina veut exporter davantage vers le Maroc»

Le Burkina Faso noue un partenariat avec le Maroc, afin de mieux développer son secteur minier. Dans cette interview, Harouna Kaboré, invite les entreprises du royaume à se lancer au Faso.
Les Inspirations ÉCO : Le Maroc et le Burkina ont signé à Casablanca une convention dans le domaine minier. Quel en est le but ?
Harouna Kaboré : Le Burkina a été convié à l’édition 2018 du Salon international des mines et carrières. Nous y sommes venus avec une forte délégation. Ce fut l’occasion de signer une convention avec le gouvernement marocain, afin de renforcer nos liens et notre collaboration dans le domaine des mines; notamment en termes de partage d’expériences et de solutions, mais aussi, de coopération pour développer l’industrie minière dans nos différents pays. Cette convention devrait aussi nous permettre de renforcer les capacités en matière de ressources humaines et de technicité, pour tirer le meilleur de nos ressources minières au profit de nos populations.
Qu’attendez-vous des entreprises marocaines spécialisées dans le secteur minier ?
Nous avons signé une convention avec le gouvernement marocain, car nous savons qu’il a une très grande avance dans le domaine minier. Le but est de partager le savoir-faire, mais aussi attirer les entreprises marocaines désireuses de s’installer au Burkina. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises marocaines demandent des permis pour se lancer au Burkina. Notre objectif final est d’attirer le maximum d’investissements; d’autant plus que notre pays dispose d’un code minier attractif.
Quelles sont les entreprises marocaines intéressées par le secteur minier au Burkina ?
Ce sont des entreprises en phase d’exploration. Deux permis ont été acquis et d’autres sont en discussion. Ces entreprises viendront prochainement entamer leurs activités dans le secteur minier au Burkina Faso.
Globalement, qu’en est-il des investissements marocains au Burkina Faso ?
Des entreprises privées marocaines sont installées au Burkina; notamment dans le domaine du commerce. Elles font énormément d’activités commerciales entre les deux pays. Nous espérons renforcer nos échanges avec le Maroc, grâce à la dynamique des entreprises privées. Notre ambition est d’exporter davantage nos produits vers le Maroc et diversifier nos marchés à l’export.
Quelle est la contribution du secteur minier dans le PIB du Burkina Faso ?
La contribution des mines est très importante dans notre économie. L’or constitue le premier produit d’exportation du Burkina Faso. Il contribue énormément au PIB. D’autres minerais, moins valorisés que l’or, constituent des potentiels sur lesquels le pays peut compter pour créer les éléments de sa croissance. Le secteur des mines crée de l’emploi au Burkina et favorise le développement des PME. De nombreux services tournent au tour des mines et permettent aux PME de se développer. Le secteur contribue également au développement local, car dans notre code minier, un grand effort est fait pour que les populations locales puissent profiter de l’activité minière. Nous sommes certains qu’avec davantage d’organisation, le secteur minier peut renforcer sa contribution dans l’économie du pays.
Comment se portent les échanges extérieurs et l’industrie du Burkina Faso?
Nos échanges se portent bien. L’or est notre premier produit d’exportation. Nous en produisons environ 40 tonnes par an. Le coton est, pour sa part, le premier produit agricole à l’export, avec 600 mille tonnes annuellement et 2% de transformation locale. Le Burkina a fait le choix de la transformation locale de ses produits agricoles, à travers le programme national de développement économique et social (PNDS). C’est en créant suffisamment d’industries, en développant la manufacture et un tissu puissant de PME, que nous allons créer les conditions de l’émergence. Nous avons pris cette option d’attirer les IDE, dans le but de développer les unités industrielles. Pour nous, le marché africain est le premier vers lequel il faut exporter.
Quelles sont les politiques mises en œuvre dans ce sens ?
Nous avons une vision à long terme pour développer notre secteur industriel. Des politiques sectorielles sont développées dans ce sens, des moyens sont mis à sa disposition, en plus d’un cadre législatif adéquat. Les réformes interviennent, le climat des affaires s’améliore et un dialogue public-privé permet d’avoir une relation féconde entre les deux pays.
L’Afrique a signé l’accord sur la zone de libre-échange africaine (ZLEC). Comment le Burkina se prépare-t-il à sa mise en œuvre ?
L’accord sur la ZLEC, signé le 21 mars dernier à Kigali, est une très belle opportunité. Nous allons travailler sur le document en amont, afin de prendre en compte l’ensemble des préoccupations attendues par notre pays. Cette ZLEC devrait entrer en vigueur une fois ratifiée par 22 pays. Aujourd’hui, il y a un choix à faire: soit l’Afrique reste un continent qui ne consomme que des produits extérieurs, ou tout simplement promouvoir le commerce intra-africain, et avoir les produits africains dans nos assiettes. La ZLEC va permettre de renforcer les échanges entre pays africains. Toutefois, le processus ne fait que démarrer, il faudrait se donner les moyens de le réussir.