CAN 2025 : un pari sur la rentabilité et l’image du Maroc

Pour la CAN 2025, la SNRT mobilise un budget dépassant les 25 MDH. Cet investissement stratégique dans la production audiovisuelle a pour objectif d’assurer une rentabilité économique maximale tout en renforçant l’image d’un Maroc moderne, capable d’organiser des événements de classe mondiale.
À l’approche de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 prévue au Maroc du 21 décembre au 18 janvier prochains, la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) a engagé un programme d’investissement dont le budget estimé dépasse les 25 MDH.
Cette enveloppe concerne la prestation de couverture TV par système de caméra aérienne sur câbles dans les neuf stades qui accueilleront les matches de la CAN, ainsi que la prestation de location de deux unités mobiles de production TV pour les stades de Fès et Agadir.
Loin de représenter une simple dépense opérationnelle, cet engagement financier s’inscrit dans une vision stratégique plus large. Il vise à transformer la couverture audiovisuelle de l’événement en un levier de rentabilité économique et en un outil de renforcement de l’image du pays sur la scène internationale. La démarche consiste à doter la production des plus hauts standards techniques pour valoriser la compétition et en maximiser les retombées.
Le coût de l’excellence, un prérequis pour le marché mondial
L’investissement de la SNRT se matérialise à travers plusieurs appels d’offres ciblés. Le premier, concernant l’installation de systèmes de caméras aériennes dans neuf stades, représente un budget estimé à plus de 9,5 millions de dirhams. Le second, pour la location de deux unités mobiles de production de pointe pour les stades de Fès et Agadir, est évalué à quelque 16 millions de dirhams.
Ces technologies répondent aux standards exigés par un marché mondialisé qui a vu la précédente édition de la CAN être diffusée dans près de 180 pays par des acteurs majeurs comme Sky, Canal+ ou la BBC. Une production en haute définition HDR, enrichie par des angles de vue dynamiques, est la condition nécessaire pour que le produit final, le signal des matchs, soit un actif premium, prêt à être commercialisé au meilleur prix.
Le retour sur investissement attendu repose sur un modèle économique dont la performance a été démontrée lors de la CAN 2023. Les revenus commerciaux globaux de la Confédération africaine de football (CAF) y ont progressé de 26%, portés par une augmentation de 33% des revenus des droits TV.
Cette performance a permis à la CAF d’enregistrer un profit de 72 millions de dollars, un bond spectaculaire par rapport aux 4 millions de 2021. Cet investissement dans la qualité de production est donc un calcul stratégique pour permettre au Maroc de bénéficier pleinement du potentiel commercial de l’événement.
Au-delà des revenus générés pour la confédération, cette modernisation ouvre également des perspectives de recettes directes pour la SNRT. Les projections pour les recettes publicitaires de la régie durant l’événement sont significatives. Un scénario médian évalue ces revenus bruts entre 20 et 25 MDH, tirés majoritairement des spots TV et du parrainage. Ce chiffre pourrait dépasser les 30 MDH en cas de parcours prolongé de l’équipe nationale, facteur d’audiences record.
Au-delà des revenus, un investissement dans le «soft power» marocain
La rentabilité de cette opération se mesure aussi par son impact sur le rayonnement international du Maroc, exposé à une audience colossale. La dernière édition de la CAN a touché environ 1,4 milliard de téléspectateurs et généré plus de 2,2 milliards d’impressions numériques à travers le monde. Projeter une image d’excellence organisationnelle et technique à une telle échelle est un investissement inestimable en termes de «soft power».
Chaque plan réussi, chaque ralenti fluide et chaque vue aérienne spectaculaire contribuera à façonner une perception positive du Royaume. Ce capital immatériel est une source de rentabilité à long terme, surtout que, durant les deux dernières années, la SNRT a procédé à une méga opération de recrutement de caméramans et de techniciens de l’audiovisuel pour les préparer aux grandes manifestations sportives.
Ce capital est à même de stimuler le tourisme, de renforcer la candidature du pays pour l’organisation de futurs grands événements et d’attirer des investissements dans d’autres secteurs. Ce que nous devrons retenir, c’est que le choix de la SNRT par le Maroc dépasse le simple cadre sportif pour devenir une composante à part entière de la stratégie de rayonnement national du Maroc.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO