Grève des enseignants : le climat se détend
À en croire le compte rendu de la réunion consacrée en fin de semaine à la révision du statut unifié des fonctionnaires du ministère de l’Éducation nationale, les parties en conflit semblent se rapprocher d’un accord.
Après des semaines tendues, on semble se rapprocher de la fin du bras de fer entre les enseignants et leur tutelle. Les élèves de l’école publique retrouvent le chemin des salles de classe, dissipant ainsi le cauchemar de deux mois de suspension des cours. Une récente réunion du comité ministériel tripartite a été tenue, réunissant les représentants des quatre principaux syndicats éducatifs signataires de l’accord du 14 janvier 2023.
Sous la présidence de Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, cette rencontre a compté la participation de Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, ainsi que de Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget.
Les leaders des syndicats éducatifs les plus importants, à savoir l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT), ont également pris part à cette réunion axée sur l’harmonisation et le renouveau. Cette réunion faisait suite à une rencontre présidée le 27 novembre par Aziz Akhannouch, et au cours de laquelle le gouvernement a répondu aux revendications des syndicats de l’éducation.
Les propositions de la FNE
Au cours de cette rencontre, la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), affiliée à l’UMT, a plaidé en faveur des doléances des acteurs de l’éducation, bousculant le statu quo avec des requêtes telles que l’arrêt des prélèvements sur les salaires des grévistes, la mise en veille du nouveau statut par une manœuvre juridique adéquate, et une révision complète de son contenu.
Les membres de la fédération ont également formulé des demandes pour éclaircir l’intégration du personnel éducatif dans la fonction publique et pour donner le feu vert à une hausse de salaire en 2024, apprend-on auprès des membres de la fédération. De même, elle a souligné avec urgence la nécessité de résoudre toutes les questions en suspens pour l’ensemble des catégories du personnel éducatif, considérant qu’une réponse immédiate à ces revendications était le remède exclusif à la crise actuelle du secteur éducatif.
Plusieurs accords conclus
Les participants ont collaboré activement pour résoudre les questions en suspens. À la suite de délibérations approfondies et d’une attitude responsable et positive de la part de tous les intervenants, plusieurs accords ont été conclus. Tout d’abord, il a été décidé de publier un mémorandum ministériel officialisant le gel du nouveau statut unifié, mettant ainsi en suspens tous ses articles et exigences. Les textes d’application de cette mesure seront différés jusqu’à la conclusion des délais des séances de dialogue, fixés au plus tard le 15 janvier 2024.
De plus, une réunion, prévue pour mercredi 6 janvier, se consacrera à l’examen de propositions visant à améliorer les revenus des professionnels de l’éducation, avec une mise en œuvre prévue à partir de l’année 2024. Les concours d’accès aux centres régionaux des métiers de l’éducation et de la formation seront maintenus conformément au calendrier prévu, assurant ainsi le recrutement nécessaire de professeurs pour la prochaine année scolaire 2024/2025.
En outre, les sanctions disciplinaires prévues par le statut des fonctionnaires pour les enseignants seront adoptées. Enfin, les représentants des syndicats éducatifs se sont engagés à soumettre leurs propositions sur les questions en suspens, lesquelles seront examinées lors de la prochaine réunion du Comité technique prévue cette semaine.
Un programme intégré pour compenser les heures perdues
Les élèves de l’école publique, tous niveaux confondus, bénéficieront de séances de soutien gratuites à partir du 4 décembre, dans le cadre du Programme national de soutien éducatif lancé par le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports. Cette initiative, prévue du 4 au 10 décembre 2023, vise à compenser le temps scolaire perdu en raison des grèves des enseignants, et à renforcer les acquis des élèves.
Le programme adopte diverses approches, y compris le soutien financier des établissements secondaires. Le ministère appelle à la coopération de toutes les parties prenantes, y compris les élèves, les parents, et les cadres éducatifs, pour assurer le succès du programme, qui s’inscrit dans la réforme éducative en cours. À noter que son lancement intervient après la décision gouvernementale de geler le nouveau statut des enseignants, en attendant sa révision.
Kenza Aziouzi / Les Inspirations ÉCO