Maroc

Gouvernement. Faut-il un nouveau programme ?

Le parti de l’Istiqlal et PPS appellent le gouvernement remanié à présenter une nouvelle déclaration gouvernementale. Constitutionnellement, rien n’oblige l’Exécutif à franchir ce pas mais sur le plan politique, le gouvernement est très attendu pour s’exprimer sur sa vision d’accélération des réformes et ses priorités pour le reste de son mandat.

Fraîchement remanié, le gouvernement est appelé à revoir son programme et à le présenter au Parlement et à l’opinion publique. Le parti de l’Istiqlal exhorte l’Exécutif à réviser ses priorités en vue de répondre aux enjeux du contexte actuel et à ne plus rester cantonné à des choix économiques ayant montré leurs limites. Même son de cloche auprès du parti du livre qui plaide pour la nécessité de l’élaboration d’une nouvelle orientation économique à même de renforcer les mécanismes de production nationale et créer les richesses. Sur le plan constitutionnel, le gouvernement remanié n’est pas tenu de présenter une nouvelle déclaration gouvernementale devant le Parlement ni de se soumettre au vote de confiance.

Rappelons que le même débat avait été enclenché en 2013 après le remaniement ministériel suite à la sortie du parti de l’Istiqlal du gouvernement. Mais le Conseil constitutionnel a prononcé un verdict qui n’était pas attendu par les 120 députés qui l’ont saisi pour inconstitutionnalité de la Loi de finances 2014.

Cette institution a décidé que, constitutionnellement, une nouvelle investiture du gouvernement n’est pas nécessaire étant donné que le souverain n’a pas mis fin aux fonctions de l’ensemble du gouvernement suite à une démission du chef de l’Exécutif, comme le dispose l’article 47 de la loi fondamentale. Ainsi, le dépôt, la présentation et la discussion du projet de la Loi de finances 2014 de même que son vote sont conformes à la constitution puisque le gouvernement n’a pas décidé de modifier son programme initial. Le conseil constitutionnel s’est basé dans sa décision sur le fait que l’investiture du gouvernement après la nomination de ses membres par le roi s’opère sur la base du programme que le chef du gouvernement présente devant les deux Chambres du Parlement et non sur la base de la composition de l’Exécutif. Néanmoins sur le plan politique, El Othmani est très attendu pour éclairer l’opinion publique et les élus de la nation sur ce qu’il compte désormais faire après la restructuration gouvernementale et le retrait de l’une des composantes de la coalition gouvernementale en vue d’atteindre l’efficacité tant souhaitée des politiques publiques.

D’ailleurs, le parti de l’Istiqlal l’a si bien souligné dans le communiqué de son bureau politique : l’objectif de l’appel ayant trait à la nécessité de la présentation d’une nouvelle déclaration gouvernementale n’est pas de soulever la question de l’investiture constitutionnelle ou juridique du gouvernement remanié. Il s’agit plutôt de l’impératif de répondre aux nouvelles mutations, de bien assimiler les différents changements et les grands défis de développement et de permettre au Maroc de s’inscrire dans une nouvelle étape marquée par une nouvelle génération de réformes et de projets. Il reste moins de deux ans à l’actuelle équipe gouvernementale pour relever les défis qui sont nombreux, à commencer par l’enjeu du renforcement de la cohésion de la coalition gouvernementale pour mettre fin à l’atmosphère délétère qui déteint sur l’action du gouvernement. Ce pari sera-t-il gagné ? Rien n’est moins sûr comme l’atteste la reprise des hostilités entre le PJD et le RNI au lendemain de l’appel royal à s’éloigner des querelles politiciennes. L’harmonie de la majorité s’impose pour stopper la déperdition du temps politique et accélérer la cadence de l’action gouvernementale qui semble parfois tourner au ralenti.

À cet égard, on peut citer notamment la lenteur dans la réactivité face aux mouvements sociaux qui ont rythmé le mandat gouvernemental et à certains dossiers d’une actualité brûlante. L’opposition est presque convaincue que les engagements gouvernementaux annoncés par El Othmani en 2017 ne seront pas tenus, à commencer par le taux de croissance qui reste on ne peut plus faible alors que les enjeux de développement sont de taille.

En 2019, ce taux ne dépassera pas 2,9% alors que les engagements gouvernementaux sont de 4,5% et 5,5%. Si rien n’est fait, on s’acheminera vers la reproduction du même scénario du gouvernement de Benkirane qui avait promis de porter le taux de croissance à 5,5% en 2016 mais sans pour autant que cet engagement ne soit concrétisé. Il faut dire que le taux de croissance au Maroc demeure toujours fortement tributaire de la clémence du ciel. Le royaume n’a pas encore réussi à gagner le pari de l’accélération de l’amélioration des activités non agricoles dont la progression demeure encore lente (2,6% en 2018, 3,3% en 2019). D’aucuns soulignent qu’il apparaît clairement que les taux de croissance enregistrés au cours des dernières années ne permettront pas de régler les problèmes du pays. Aussi, le gouvernement doit-il élaborer une vision claire basée sur des priorités pour booster l’économie et le secteur privé et pouvoir ainsi donner un coup de fouet à l’emploi. Un dossier épineux que le chef du gouvernement devra revoir car l’engagement formulé en début de mandat semble difficile à atteindre. La promesse gouvernementale d’atteindre un taux de chômage de 8,5% à l’horizon 2021 est-elle toujours à l’ordre du jour? Cet objectif est jugé utopique par l’opposition au vu des indicateurs actuels. On s’attend à ce que le nouveau ministre du Travail ne soit pas ménagé par les parlementaires. Le secteur dont il vient de détenir les commandes est en effet l’un des plus soulevés au sein de l’institution législative. Le gouvernement devra présenter un bilan d’étape détaillé de l’état d’avancement de la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de promotion de l’emploi dont les objectifs sont très ambitieux et en contraste avec la réalité du terrain.



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