Maroc

Global Health Diplomacy Symposium : de la crise à la gouvernance sanitaire mondiale

Le Global Health Diplomacy Symposium, qui s’est tenu les 4 et 5 septembre à Casablanca, a atteint ses objectifs. Il a permis de tracer la voie vers un modèle africain de gouvernance sanitaire.

Carton plein pour la première journée du Global Health Diplomacy Symposium. L’événement, organisé les 4 et 5 de ce mois à Casablanca, a jeté les bases d’une ambition partagée : faire de la santé non plus un simple acte médical, mais un levier de gouvernance, de résilience et de solidarité globale.

Lors de la cérémonie d’ouverture, Dr Imane Kendili a rappelé avec force que la santé va au-delà de la lutte contre la maladie : elle implique l’éducation, la culture, la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau et même le climat. Elle a connecté cette vision à la démarche stratégique du Roi Mohammed VI : «marcher ensemble, patienter ensemble, grandir ensemble» au-delà des frontières, dans un dialogue Sud-Nord renouvelé.

Pour sa part, Ana C. Rold, fondatrice du Diplomatic courier, a souligné un modèle africain inédit, où le soin remplace le contrôle. Elle l’inscrit dans la dynamique de son think tank World in 2050, pour lequel la santé signifie équité et confiance retrouvée. «Écouter, apprendre », a-t-elle résumé : «Ce n’est pas seulement une question de santé publique, c’est une question de leadership».

Le représentant du ministre de l’Industrie et du Commerce a pour sa part insisté sur la capacité d’«anti-fragilité» du Maroc post Covid : excellence logistique, diplomatie vaccinale, réformes accélérées. Une «révolution silencieuse» est en marche.

Équité, prévention et production locale
Lors du premier panel, portant sur le thème «Repenser la santé publique en tant que gouvernance», Pr Morgan Chetty (Afrique du Sud) a pointé un déséquilibre criant : 25% du fardeau sanitaire mondial, moins de 3% des professionnels de santé, seulement 1,3% du PIB consacré à la santé. Il a revendiqué l’«équité non négociable», visant à couvrir localement 60% des besoins en vaccins d’ici 2040.

Dr John Deanfield a appelé, de son côté, à agir en amont : la médecine prolonge la vie, mais ne transforme pas les maladies chroniques. La prévention, même au prix de petits changements durables, génère des bénéfices considérables.

Pr Peter Harper, appliquant cette logique au cancer et au tabagisme, a mis en avant l’acceptation des comportements à risque tout en en réduisant les conséquences. Il a félicité le Maroc pour son rôle de leader pragmatique du Sud. Mary Akangbe (Zenith Global Health) a clos la session en plaidant pour des partenariats durables, alignés sur les besoins réels, et intégrant la philanthropie comme levier concret, avec des résultats tangibles.

Transformation épidémiologique et santé mentale
Dans le deuxième panel, modéré par Pr David Khayat, le débat a souligné la transition en cours  : 74% des décès en Afrique sont désormais dus aux maladies chroniques. Le cancer double tous les 20 ans, et dans 25 ans, 75% des décès concerneront les pays les plus pauvres.

Face à ces défis, réduire les risques devient une stratégie réaliste, plutôt que de tenter des ruptures radicales. Lindse Murphy (Women’s Edge, USA), survivante de traumatismes, a rappelé l’importance de la santé mentale : «Une personne sur sept dans cette salle vit avec un trouble mental ou connaît quelqu’un qui en souffre. Tant que ce travail intérieur n’est pas fait, transformer les systèmes reste impossible.»

Le Professeur Mohamed Elteriaky (Africa CDC) a, quant à lui, alerté sur la chute vertigineuse de l’aide sanitaire internationale  : moins d’un tiers des financements antérieurs, privant des millions de personnes de traitements (VIH, tuberculose, paludisme, …). Il a appelé à un nouveau modèle financier et partenarial. Le docteur Enrique Teran (Équateur) a enfin illustré les succès du Sud avec le vaccin méningite A, développé via un partenariat entre seize pays africains et le Serum institute of India, immunisant plus de 220 millions de  personnes, sans besoin de chaîne du froid, prouvant que l’innovation est possible et adaptée aux réalités locales.

Ainsi, cette première journée a permis de poser un constat clair : l’Afrique fait face à une montée des maladies chroniques et des inégalités ainsi qu’à l’effondrement de l’aide externe. En réponse, elle propose des solutions pragmatiques et ambitieuses : la prévention, les partenariats locaux, l’innovation stratégique…En réunissant médecins, responsables politiques, acteurs de la société civile et philanthropes, Casablanca a montré la voie vers un modèle africain de gouvernance sanitaire. Un modèle conçu pour durer, inspirer et transformer demain.

Abdelhafid Marzak / Les Inspirations ÉCO



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