Maroc

Gazoduc Maghreb-Europe : de nouvelles ambitions

Le gazoduc Maghreb-Europe (GME) continue de faire l’objet d’opérations ciblées, preuve de son rôle central dans la stratégie énergétique nationale. Alors que la dernière attribution concerne la remise en état de certaines sections, la vision qui se dessine autour de cet axe dépasse largement la simple maintenance.

Le gazoduc Maghreb-Europe (GME), long de 2.200 kilomètres, a longtemps symbolisé l’intégration énergétique euro-méditerranéenne. Conçu pour transporter le gaz algérien jusqu’aux réseaux espagnol et portugais, il est aujourd’hui l’épine dorsale d’une stratégie marocaine qui conjugue entretien, adaptation technique et interconnexions futures.

L’histoire du GME est celle d’un ouvrage financé et pensé dans un contexte géopolitique des années 1990, mais réinventé dans un environnement énergétique profondément transformé. Aujourd’hui, alors que le contexte d’approvisionnement a radicalement changé, le GME continue de bénéficier d’investissements ciblés.

Le dernier en date concerne la réparation des défauts de revêtement, confiée à la société Mantenimiento y Montajes Industriales pour un montant de plus de 1,430 million de dirhams. Cette opération s’inscrit dans une série d’investissements et de travaux qui préparent le terrain à une transformation plus large du réseau gazier national.

Un axe réorienté depuis 2022
L’arrêt des livraisons algériennes à l’automne 2021 a marqué un tournant. Dès juin 2022, le Maroc a réussi à inverser le sens des flux, recevant du gaz naturel liquéfié regazéifié en Espagne et injecté dans le GME en direction du territoire national. Cette réorientation a nécessité une coordination étroite entre l’ONHYM, l’ONEE et les opérateurs espagnols.

Le 22 octobre 2024, un contrat formalisant ce “reverse flow” a été signé entre l’ONHYM et l’ONEE, assurant la pérennité de ce schéma d’approvisionnement. Depuis, la gestion et les projets d’extension sont confiés à OMCo, la filiale midstream de l’ONHYM, créée pour piloter les infrastructures de transport et de stockage. Outre les réparations ponctuelles, plusieurs chantiers structurants ont été lancés.

En janvier 2024, OMCo a mené une campagne d’inspection du tronçon offshore marocain du GME, mobilisant le navire spécialisé Edda Flora et des robots sous-marins pour contrôler l’état du revêtement et des protections cathodiques.

En 2025, l’entreprise a engagé l’inversion de la station de compression de Tanger, afin de rendre le réseau plus autonome et d’augmenter sa capacité de stockage temporaire (“linepack”). Des projets d’alimentation électrique de secours par batteries Ni-Cd ont été lancés pour sécuriser les sites de Tanger et d’Aïn Beni Mathar. Parallèlement, des raccordements et systèmes de comptage sont en cours pour alimenter les futures centrales électriques d’Al Wahda (Ouezzane) et pour permettre l’extension de la centrale de Tahaddart.

Une vision régionale et internationale
La feuille de route gazière 2024-2030 prévoit de nouvelles liaisons directement reliées au GME. Un premier gazoduc doit relier le terminal de gaz naturel liquéfié en projet à Nador West Med au réseau national, renforçant l’approvisionnement du nord du pays. Un second, long de 220 kilomètres, reliera Mohammedia à Kénitra.

Cette infrastructure bénéficiera aussi aux futurs projets gaziers offshore, notamment le champ Anchois, dont la mise en exploitation est en préparation. Ces nouveaux tronçons s’inscrivent dans une logique de maillage territorial, avec pour objectif de sécuriser l’approvisionnement industriel et électrique, mais aussi de positionner le Royaume comme un hub gazier régional. En parallèle, le Maroc poursuit son engagement dans le projet Nigeria-Maroc gas pipeline (NMGP).

Ce méga-projet, long de 6 800 kilomètres et dont le coût est estimé à 25 milliards de dollars, vise à relier les ressources gazières du Nigeria aux marchés ouest-africains, marocain et européens. Phasé sur plusieurs années et soutenu par la CEDEAO, il est présenté comme complémentaire aux interconnexions existantes.

À noter que les études de faisabilité et d’ingénierie ont été achevées. Quant aux discussions techniques, elles se sont poursuivies, en juillet 2025, à Rabat.

De nouvelles liaisons

La feuille de route gazière 2024-2030 prévoit deux interconnexions majeures appelées à transformer le visage du réseau national.

La première doit relier le futur terminal de gaz naturel liquéfié de Nador West Med au gazoduc Maghreb-Europe, créant ainsi un point d’entrée direct pour le GNL importé et permettant d’alimenter plus efficacement le nord du pays.

La seconde, longue de 220 kilomètres, reliera Mohammedia à Kénitra. Elle aura pour vocation de desservir les zones industrielles situées le long de cet axe tout en offrant un débouché vers le réseau national pour la production gazière offshore, notamment celle du champ Anchois.

Ces nouvelles infrastructures doivent à la fois renforcer la sécurité de l’approvisionnement électrique et ouvrir la voie à d’éventuelles exportations régionales.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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