Maroc
François Conradie : “La sécheresse est en train d’affecter la production alimentaire au Maroc”
François Conradie
Économiste senior à l’Oxford Economics Africa
Après les pics de 2022 et 2023, puis une certaine accalmie depuis plusieurs mois, l’inflation repart à la hausse. C’est ce qu’indique l’Indice des prix à la consommation (IPC) du mois d’août 2024, publiée par le Haut-commissariat au Plan (HCP). Certains économistes y voient l’effet de la sécheresse.
Quelle lecture faites-vous des chiffres publiés par le HCP sur l’inflation en août ?
Le HCP a sorti ses derniers chiffres, lesquels font ressortir une inflation annuelle de 1,7%, ce qui est plus élevé que les 1,3% que nous avons vu au mois de juillet dernier. Ce n’est pas très élevé par rapport aux chiffres de l’inflation annuelle de plus de 6% de 2022-2023. Mais il faut aussi se dire que l’inflation mensuelle entre juillet et août de cette année a progressé à 0,8%, ce qui est assez élevé, et on n’a pas vraiment vu un tel niveau depuis plusieurs mois.
Comment expliquez-vous cela, surtout que, globalement, on semblait sortir de la spirale de hausse depuis un moment ?
C’est l’inflation mensuelle des prix des produits alimentaires qui est très considérable, et celle-ci est tirée vers le haut par les prix des viandes. C’est quelque chose à surveiller et cela peut indiquer que la sécheresse est en train d’affecter la production des aliments au Maroc et cela veut aussi dire que nous sommes en train d’assister à un retour de l’inflation au Maroc.
De façon générale, l’inflation baisse à travers le monde. Quel lien entre ce qui se passe ici et ailleurs ?
Comme on l’a vu cette semaine, la Réserve fédérale américaine a baissé, pour la première depuis un an, ses taux directeurs. Cela après que l’inflation ait considérablement descendu aux États-Unis. Je pense que ce rythme va être suivi par de nombreux pays à travers le monde. Il faut aussi dire que nous ne sommes pas vraiment totalement sorti des impacts créés par les tensions géopolitiques à travers le monde. Donc, globalement, il faut observer la situation sur les prochains mois et faire preuve de prudence sur l’évolution de certaines économies.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO