Formation professionnelle. Les objectifs seront-ils atteints ?

Les parlementaires sont sceptiques face aux ambitions gouvernementales en matière de promotion de la formation professionnelle, surtout en ce qui concerne l’adaptation du secteur aux exigences du marché de l’emploi. Ils doutent aussi de la capacité du secteur privé à absorber des dizaines de milliers de lauréats, alors que le taux de croissance demeure faible.
Le taux de chômage des diplômés de la formation professionnelle est inquiétant. Il dépasse en effet celui des lauréats des universités et atteint 25,5%, comme le rappelle le groupe parlementaire de l’Istiqlal à la chambre haute. Presque le même chiffre est annoncé par le ministre de tutelle qui a été interpellé par les conseillers sur ce secteur stratégique. Les résultats de la dernière étude effectuée par le gouvernement, ayant porté sur les lauréats de 2018, neuf mois après l’obtention du diplôme, font ressortir un taux d’insertion de 62,9%. Et trois ans après l’obtention du diplôme, le taux d’insertion atteint 83,7% (lauréats de 2016).
Amzazi considère que ce sont des indicateurs positifs «au vu du nombre de lauréats qui atteint 180.000 chaque année et des opportunités limitées qu’offre le marché du travail». Des mesures sont en vue pour augmenter, comme escompté, le taux d’insertion des diplômés de la formation professionnelle et s’adapter aux exigences du marché de l’emploi (généralisation de l’élaboration d’études sectorielles et instauration de mécanismes structurels pour la rationalisation de la gestion du marché du travail et de la formation). C’est d’ailleurs un objectif clé du plan de réforme du secteur. Chez les parlementaires, tant de l’opposition que de la majorité, le doute plane sur les capacités du gouvernement à mettre en œuvre les objectifs fixés. Les conseillers du PI pointent du doigt la faiblesse du taux de croissance qui ne va pas permettre de donner un coup de fouet à l’insertion professionnelle des jeunes Marocains. À cela s’ajoute un facteur de taille que le gouvernement est appelé à prendre en considération: l’impact du taux de croissance sur la création de l’emploi au Maroc, qui a considérablement baissé, passant de 30.000 postes par point de croissance à 10.500 entre les périodes 2000/2008 et 2009/2017.
Nouvelle feuille de route
Face aux critiques acerbes des parlementaires, Amzazi se veut rassurant. Le développement du secteur se fera à travers la mise en œuvre de la nouvelle feuille de route qui est déjà entamée. Plusieurs axes sont pris en considération, à commencer par la planification qui repose sur une approche participative avec les professionnels pour définir les besoins actuels et futurs en formation professionnelle. Un système de planification a été mis en place pour atteindre cet objectif en se basant sur nombre de mécanismes, dont des études sectorielles et des études de faisabilité, afin d’évaluer les besoins quantitatifs en vue d’élaborer des plans de formation, de préciser les spécificités des établissements à créer et de définir les instituts qui nécessitent une restructuration.
Le partenariat avec les professionnels dans la gestion de la formation professionnelle est considéré par Amzazi comme un pilier fondamental pour répondre aux besoins du marché de l’emploi. Les associations et les fédérations professionnelles ainsi que les entreprises sont consultées pour la définition des besoins et la gestion de la formation. Par ailleurs, le milieu professionnel est un espace propice pour la formation et l’acquisition des compétences professionnelles. Il s’agit aussi de la mise en place d’une nouvelle génération d’instituts spécialisés, notamment dans des métiers internationaux gérés par les professionnels des secteurs concernés dans le cadre de la gestion déléguée entre l’Etat et le secteur privé (industrie automobile, aéronautique, énergie renouvelable, efficacité énergétique). Les entreprises sont également encouragées à créer en leur sein des centres de formation par apprentissage (CFA-IE).
De vraies passerelles vers l’emploi
Le ministre de tutelle est visiblement convaincu que ces mesures offriront une meilleure réponse aux besoins des entreprises en compétences et une adaptation rapide de la formation aux changements et mutations des exigences du marché de l’emploi. Parallèlement à tous ces mécanismes, le gouvernement mise sur la formation par alternance, qui représente 40% de l’ensemble du système, en vue d’adapter la formation au travail en fonction des besoins exprimés par les professionnels. À cela s’ajoute une mesure phare qui s’inscrit dans le cadre de la valorisation du parcours professionnel: la garantie de la complémentarité entre l’enseignement général et la formation professionnelle. La concrétisation de cet objectif passe, entre autres, par le développement du système d’information et d’orientation. À cet égard, un portail national d’orientation est en cours d’élaboration. En outre, la création de centres d’orientation fonctionnels est en vue. La création de passerelles vers l’enseignement supérieur est aussi une initiative de la plus haute importance.q