Formation du gouvernement : La dernière ligne droite
L’ultime manche de concertations entre les partis politiques se tiendra avec, comme ordre du jour, la nouvelle ingénierie gouvernementale et la représentativité des partis qui ont officiellement confirmé leur participation à la majorité. Le RNI et son allié, l’UC, feront partie de la nouvelle majorité gouvernementale, tandis que l’USFP et le MP attendent encore avant de trancher.
Le discours royal prononcé depuis Dakar a poussé les partis politiques directement concernés par la formation du nouveau gouvernement à sortir de la réserve imposée par leur tactique de négociations. Le silence post-électoral a été brisé par le PJD. Lors de la dernière réunion de son secrétariat général, le parti chargé de mener les concertations a défendu les principes énoncés lors de l’entame des discussions, après que le roi ait chargé Benkirane de former le nouvel Exécutif. «Après la consultation des membres du secrétariat général sur les réactions qui découlent des concertations pour la formation du gouvernement, le secrétariat a renouvelé son attachement à la vision du parti relative aux principes qui doivent présider lors de la formation du gouvernement», indique un dirigeant du parti à l’issue de cette réunion.
Le parti de la lampe liste dans cette optique la concordance des visions des partis formant la nouvelle majorité sur «un pacte clair et un programme gouvernemental qui seraient de nature à prendre en compte, avant toute chose, l’intérêt suprême national et le renforcement de la construction démocratique», ajoute la même source. L’ultime étape des pourparlers devra intégrer, outre l’Istiqlal et le PPS, le RNI et son allié l’UC, «en attendant une position claire de l’USFP et du MP», qui devront annoncer leur décision finale avant la fin de cette semaine. Les deux partis, qui hésitent toujours à adopter une position définitive, devront trancher sur leur statut pour les 5 prochaines années avant la fin de cette semaine.
La même raison à cet attentisme est invoquée par les deux formations, l’attente de la réponse du PJD concernant le schéma de la nouvelle alliance. Le communiqué final publié par le PJD à l’issue de la réunion de ses membres dirigeants a esquivé la question de la fixation de la liste finale des partis qui pourront former la nouvelle majorité. Les dirigeants du parti restent pourtant unanimes quant au respect «des déterminants contenus dans le discours royal sur la formation du nouveau gouvernement, qui doit être à la hauteur des défis de cette époque», indique le communiqué des membres du secrétariat général. L’allié indéfectible du PJD, le PPS, a pratiquement réagi de la même manière, à travers son bureau politique.
«Le parti insiste à ce que toutes les institutions, et à leur tête le gouvernement, jouent pleinement leur rôle, comme cela a été évoqué dans le discours royal», selon l’instance dirigeante au sein du parti du livre. Il est à noter que les deux formations se partagent également la vision relative à la mise en œuvre de la politique africaine du Maroc, qui devra nécessairement influencer la formation du nouveau gouvernement, que ce soit pour l’ingénierie du gouvernement ou pour les priorités qui devront être listées par le programme gouvernemental des 5 prochaines années. Dans cette optique, les réactions exprimées par les leaders des 5 formations qui sont sur le point d’annoncer leur alliance ont insisté sur la convergence de la vision royale avec les priorités de la diplomatie marocaine, tracées dans les programmes électoraux des partis concernés.
Le RNI optimiste
Après l’optimisme exprimé par le PJD après la première réunion entre Benkirane et Akhannouch, celui-ci se fait davantage ressentir, chez les deux alliés au sein du gouvernement sortant, après le discours royal. Une réunion tenue le 9 novembre par les membres du bureau politique du parti de la colombe a permis de donner davantage de visibilité sur les préparatifs du RNI en vue de cette dernière manche de concertations. «Le bureau politique a renouvelé la délégation accordée au président par le congrès extraordinaire en vue de poursuivre les concertations pour la formation du nouveau gouvernement, ainsi que la mission de gérer toutes les étapes qui lui sont inhérentes», indique un membre du parti à propos de cette réunion, à laquelle avaient assisté tous les membres du bureau politique. Sans citer son allié parlementaire, à savoir l’UC, le RNI semble opter pour la participation au gouvernement, aux côtés de l’Istiqlal, «une option qui n’a jamais été une ligne rouge au sein du parti», ajoute la même source. Pour sa part, l’entrée au gouvernement du parti du cheval semble être la dernière question à régler entre les deux alliés avant l’entame des pourparlers définitifs. La question de la répartition des portefeuilles ministériels semble, quant à elle, s’éclipser des réactions officielles des partis concernés par la formation de la nouvelle majorité, et ce après que le discours royal ait exhorté les acteurs politiques à mettre de côté la logique arithmétique dans leurs négociations.