Forêts marocaines : la FAO sonne l’alarme
La situation des forêts dans le monde, et en particulier au Maroc, est en constante évolution. Le rapport annuel de la FAO, «La situation des forêts du monde 2024», met en lumière à la fois les défis et les opportunités auxquels le secteur forestier est confronté. Ce rapport se concentre sur les innovations dans le secteur forestier pour un avenir plus durable.
Les forêts marocaines, bien que moins étendues que celles de nombreux autres pays, jouent un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité, la régulation climatique et le soutien des communautés locales. Le rapport de la FAO apporte des éclairages intéressants sur le chemin parcouru par le Royaume pour protéger ses forêts et sur les perspectives futures. La FAO souligne que «les forêts marocaines sont soumises à des pressions croissantes dues à la déforestation, aux changements climatiques et à une demande accrue de produits forestiers».
En effet, le Maroc fait face à des défis environnementaux significatifs, exacerbés par les conditions climatiques arides et les pratiques de gestion forestière souvent inadéquates.
Selon le rapport, «le rythme de la déforestation se ralentit dans certains pays, mais les forêts sont soumises à la pression de facteurs de stress liés au climat».
Au Maroc, ces facteurs incluent la désertification, les incendies de forêt et les pratiques agricoles non durables. Les statistiques montrent que la superficie forestière diminue chaque année, exacerbée par les sécheresses récurrentes et l’exploitation illégale des ressources.
Les défis pour le maroc
Le rapport identifie plusieurs défis majeurs pour le secteur forestier marocain. Tout d’abord, le changement climatique, qui «rend les forêts plus vulnérables face à des facteurs de stress abiotiques et biotiques tels que les incendies de forêt et les organismes nuisibles».
Ces conditions sont particulièrement sévères au Maroc, où les températures élevées et les faibles précipitations augmentent le risque d’incendies et de dégradation forestière, souligne le document. Ensuite, la demande croissante de bois et de produits forestiers exerce une pression supplémentaire sur les ressources forestières. «La production mondiale de bois atteint un niveau record de 4 milliards de m3 par an», indique le rapport, ajoutant que cette demande continue de croître, poussée par l’urbanisation et l’industrialisation. Au Maroc, cette situation est aggravée par une exploitation forestière souvent non régulée et une faible reforestation.
De plus, le rapport de la FAO note que «près de 6 milliards de personnes utilisent des produits forestiers autres que le bois d’œuvre, dont 2,77 milliards d’utilisateurs ruraux dans les pays du Sud». Au Maroc, de nombreuses communautés rurales dépendent des forêts pour des produits non ligneux tels que les fruits, les herbes médicinales et le bois de chauffage. La surexploitation de ces ressources entraîne une dégradation rapide des écosystèmes forestiers.
Opportunités et innovations
Malgré ces défis, le rapport de la FAO met également en lumière des opportunités significatives pour renforcer la conservation et la gestion durable des forêts marocaines. Une approche innovante et inclusive est nécessaire pour relever ces défis.
«Il est nécessaire d’innover davantage dans le secteur forestier», insiste la FAO, en soulignant l’importance des nouvelles technologies, des partenariats et des politiques publiques favorables.
Le rapport propose plusieurs mesures pour encourager l’innovation dans le secteur forestier au Maroc. Parmi celles-ci, l’adoption de technologies de télédétection pour surveiller les forêts, la promotion de pratiques agroforestières pour améliorer la résilience des systèmes agricoles, et la mise en place de programmes de reboisement participatifs impliquant les communautés locales. L’utilisation des technologies de télédétection, par exemple, peut permettre une meilleure surveillance des forêts et une détection rapide des incendies et des activités illégales.
Le rapport indique que «l’accès libre aux données de télédétection et l’utilisation facilitée de l’informatique en nuage ouvrent la voie à des méthodes numériques qui génèrent des données de qualité sur les forêts et améliorent la gestion de ces dernières». La promotion de l’agroforesterie est une autre solution prometteuse. En intégrant les arbres dans les systèmes agricoles, il est possible de renforcer la résilience des cultures face aux conditions climatiques extrêmes, tout en améliorant la fertilité des sols et en offrant des sources de revenus supplémentaires aux agriculteurs.
«L’agroforesterie peut augmenter les revenus des agriculteurs, renforcer la résilience des systèmes d’exploitation agricole et améliorer la productivité de l’agriculture», note le rapport.
La FAO souligne également l’importance de la collaboration et des partenariats pour promouvoir des pratiques forestières durables. L’organisation mondiale recommande la mise en place de programmes de reboisement participatifs impliquant les communautés locales, les ONG, les institutions de recherche et les gouvernements. «Les cinq mesures de soutien aideront à intensifier une innovation responsable et inclusive», notamment par le biais de partenariats et d’un financement accru pour les projets de conservation et de reforestation.
Impacts économiques et sociaux
Les forêts marocaines ont un impact direct sur l’économie et le bien-être des communautés locales. Les produits forestiers non ligneux, tels que les herbes médicinales, les fruits et les résines, sont une source importante de revenus pour les populations rurales.
Cependant, la surexploitation de ces ressources peut entraîner une dégradation rapide des écosystèmes forestiers, compromettant ainsi les moyens de subsistance des communautés. Le rapport de la FAO souligne que «les forêts contribuent également de multiples façons à la résilience des communautés et des moyens d’existence face aux menaces et aux crises, ainsi qu’à la résolution des causes profondes de l’insécurité alimentaire, de la malnutrition et de la pauvreté».
La gestion durable des forêts est donc essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et améliorer les conditions de vie des populations rurales. En outre, les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation des ressources en eau, la protection des sols contre l’érosion et la régulation du climat local.
Le rapport indique que «les forêts peuvent réguler les précipitations et stabiliser le climat local, ce qui contribue à réduire au minimum les phénomènes météorologiques extrêmes et fait d’elles un élément essentiel de l’adaptation et de la résilience face au changement climatique». La conservation et la gestion durable des forêts sont essentielles pour relever les défis mondiaux. Dans cette mission cruciale, le Maroc a l’opportunité de jouer un rôle clé.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO