Maroc

Fonds Mohammed VI : les dix propositions des économistes istiqlaliens

La loi relative à la création du Fonds Mohammed VI (FM6) doit incessamment entrer en vigueur après l’adoption de son décret d’application. C’est dans ce contexte que l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) fait des propositions sur les choix stratégiques dudit fonds. «Bien qu’il soit présenté dans le cadre de l’arsenal financier permettant de sortir de la crise actuelle, le Fonds Mohammed VI est un vecteur de développement structurel, sur le long terme. C’est un véhicule de mobilisation d’épargne intergénérationnelle, d’animation du marché financier, de diversification des activités et des territoires, voire de création de la richesse nationale. «Les choix stratégiques du fonds doivent prétendre à une certaine indépendance dans les secteurs vitaux de notre économie tels que la santé, l’énergie, les ressources hydriques, l’agroalimentaire, des nouvelles technologies à définir et la finance», soutiennent les économistes.

En effet, la crise de la Covid-19 a mis en évidence le besoin impérieux de se donner les moyens d’une croissance durable, souveraine et créatrice d’emplois. Dans ce cadre, l’alliance note que le fonds a pour objectif principal de contribuer au financement des grands projets d’investissement, de renforcer les capitaux des entreprises et d’appuyer les activités productives. Il sera un «levier pour la mobilisation de moyens de financement additionnels et innovants qui permettront de promouvoir l’investissement, soit directement par la prise de participation, soit indirectement à travers l’appui à d’autres entreprises». Dans ce cadre, l’AEI a émis dix propositions allant de la possibilité d’accroître ses ressources pour porter des projets ambitieux, à l’adoption d’une gestion active et flexible des participations et investissements.

Accroître les ressources du FM6 pour plus d’ambitions
Le montant initialement prévu est de 45 MMDH, dont 15 MMDH issus du Budget 2021 de l’État qui, avec l’effet de levier, devrait permettre de mobiliser les 30 MMDH restants. Ce montant risque de s’avérer rapidement en deçà des ambitions du pays, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des plans de relance et du déploiement des grandes stratégies devant découler du Nouveau modèle de développement. Les fonds thématiques à mettre en place doivent prendre en considération les grandes priorités découlant de ces deux perceptions stratégiques (relance et modèle de développement) ; la société anonyme incarnant le FM6 doit rapidement envisager la possibilité d’accroître substantiellement ses ressources pour porter les projets ambitieux qui en découleront.

Convergence et cohérence des projets ciblés
L’AEI attire l’attention sur les nécessaires convergence et cohérence des projets ciblés par le fonds, avec le budget d’investissement de l’État, des régions, des établissements publics et du Fonds Hassan II pour éviter toute redondance et développer des synergies. Parallèlement, il faut veiller à tirer profit de l’effet multiplicateur du moindre dirham investi. Nous sommes sur une logique de long terme, nécessitant une vision globale et une planification stratégique de tout le dispositif à l’échelle nationale et territoriale.

Création de fonds régionaux
Dans cette perspective, l’AEI recommande la création de fonds régionaux avec la participation du FM6, des conseils régionaux et d’autres partenaires publics et privés en vue d’investir dans des projets directement productifs tels que les zones d’activités économiques (industrie, tourisme, pépinières d’entreprises…), la distribution d’électricité et d’eau, l’assainissement liquide et solide, les infrastructures directement liées au développement de nouvelles activités productives et la création de sociétés foncières à portée régionale dédiées à ces activités. Les fonds régionaux peuvent aussi participer au capital d’entreprises créatrices d’emplois au niveau de leur territoire. Sur ce point, des appels à projets peuvent être organisés pour attirer les projets à plus fortes retombées économiques et sociales pour les régions concernées.

Un compartiment dédié aux investissements sur le continent
Pour accompagner les stratégies d’ouverture du Maroc sur les économies de l’Afrique subsaharienne et se positionner en tant qu’acteur actif de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), il serait opportun d’envisager, dès à présent, un compartiment dédié à l’appui aux investissements pour le développement du continent, en s’appuyant sur les ouvertures que permettrait Casa Finance City (CFC).

De fonds thématiques dédiés aux PME
L’AEI souligne également la nécessité de consacrer à la PME et aux startups une part expressément définie, dans le cadre de fonds thématiques dédiés. La mission de ces derniers consisterait à renforcer la structure financière de PME viables et de prévenir des pertes de tissus productifs et d’emplois.

Promouvoir des fonds thématiques dédiés aux startups innovantes
Pour en faire un véhicule de développement inclusif, le Fonds compte se déployer à travers des fonds thématiques à caractère sectoriel ou transversal. Outre les secteurs annoncés, le lancement de startups innovantes, indispensables à la modernisation de notre économie et au renforcement de sa souveraineté technologique, sanitaire, alimentaire et énergétique, devrait également faire partie des préoccupations des fonds thématiques à promouvoir.

Investir dans la R&D
Un autre compartiment pourrait être dédié à l’entrepreneuriat. L’enjeu, dans un premier temps, est de susciter des projets de création et d’innovation en investissant dans la R&D où le privé a du mal à investir seul.

Un sous-fonds dédié au redressement d’entreprises
La création d’un sous-fonds et le développement d’un savoir-faire dédié au redressement d’entreprises, notamment celles présentant des dimensions économique et sociale stratégiques permettrait d’éviter des pertes de richesses, de métiers et de marchés pour notre pays, comme cela a été le cas pour le raffinage, la filature, le transport maritime…

Appel à l’épargne publique
Outre le recours aux institutionnels, l’appel à l’épargne publique, en dirhams et en devises, ne doit pas être négligé par le fonds. L’AEI souscrit parfaitement à l’esprit du FM6 et à son orientation vers les canaux d’appui aux fonds propres et capitaux permanents. Pour ce faire, plusieurs instruments existent et peuvent être rapidement déployés : equity, mezzanine, dette subordonnée, dette convertible, actions prioritaires, etc. Pour les infrastructures, les techniques peuvent encore être plus sophistiquées compte tenu des montants en jeu, des durées et de la possibilité de faire jouer pleinement les partenariats public-privé. L’intérêt est de mettre en selle les investisseurs institutionnels, nationaux et internationaux qui, généralement, se positionnent sur des placements de longue durée (10 à 30 ans). Les projets relatifs à la gestion de l’eau, l’assainissement, la santé ou les énergies renouvelables sont parfaitement indiqués pour ce type de financement. La participation du FM6 permettrait d’en accélérer la réalisation en préservant le contrôle marocain sur les choix stratégiques dans ces domaines.

Gestion flexible des placements
Après avoir bien défini la relation entre le «FM6 SA» et la future «agence de gestion des participation publiques», les économistes préconisent de doter le fonds des moyens et organisation lui permettant d’adopter une gestion active et flexible de ses participations et investissements, contribuant ainsi au décollage de ces entreprises, à leur stabilisation et à leur développement, puis à leur cession dès que l’opportunité économique se présentera. Cela permettrait au fonds de s’autofinancer par une gestion active, rationnelle et flexible de ses placements et investissements. 

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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