Maroc

FMI : des projections austères pour 2021

Une équipe du Fonds monétaire international a mené une mission à distance, du 19 octobre au 2 novembre, dans le cadre des consultations de 2020. À l’issue de ce déplacement, l’institution de Bretton Woods a esquissé un sombre tableau de l’économie marocaine. En dépit des contraintes actuelles, le FMI s’attend tout de même à ce que la croissance du PIB rebondisse à 4,5%, en 2021.

En dépit de la riposte rapide des autorités, la pandémie mondiale n’a pas épargné le Maroc et a eu des retombées négatives sur son économie, à l’instar de tous les autres pays du monde. Dans un contexte marqué par l’effet combiné de la sécheresse et de la Covid-19, le PIB du Maroc devrait se contracter dans une fourchette de 6% à 7% cette année, en fonction de l’évolution de la pandémie. Le taux de chômage devrait fortement augmenter. Les déficits budgétaire et extérieur devraient, quant à eux, se creuser du fait de la baisse des recettes fiscales et du recul des recettes en devises tirées du tourisme. C’est, en somme, ce à quoi l’on devrait s’attendre de la performance de l’économie marocaine, si l’on s’en tient aux projections faites par Roberto Cardarelli, chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), à l’issue de la mission à distance menée par les services de l’institution du 19 octobre au 2 novembre dernier, dans le cadre des consultations de 2020 au titre de l’article IV de ses statuts. Cependant, la résilience des transferts des Marocains résidant à l’étranger et la baisse des importations ont limité les besoins de financement extérieur du Maroc.

Pour le FMI, les réserves internationales restent largement supérieures à leur niveau de l’an dernier, notamment grâce au tirage au titre de la ligne de précaution et de liquidité d’avril 2020 et à l’intensification des efforts de mobilisation des financements extérieurs.

En 2021, les services du FMI s’attendent à ce que la croissance du PIB rebondisse à 4,5%, dans l’hypothèse où les effets de la sécheresse et de la pandémie s’estompent, mais cette projection de référence est sujette à de considérables risques baissiers. Le FMI salue l’intention des autorités de soutenir la reprise en 2021 et valide la position des autorités, selon lesquelles processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide. Tout en reconnaissant l’incertitude qui entoure le calendrier et le rythme de la reprise, les services du FMI recommandent, dans leurs projections de référence, de commencer à réduire le ratio dette publique/PIB à compter de 2022. En revanche, une reprise économique plus lente que prévu exigerait de repousser l’ajustement budgétaire.

«Des mesures visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître la progressivité du système fiscal, de nouvelles réformes de l’administration publique qui rationaliseraient les dépenses et le programme de privatisation des autorités contribueraient à reconstituer les marges de manœuvre budgétaire, tout en finançant l’expansion des programmes de protection sociale», recommandent les services du FMI, qui notent avec satisfaction la politique monétaire accommodante menée et considèrent que celle-ci devrait être poursuivie jusqu’à ce que l’inflation commence à augmenter.

Du côté de Bank Al-Maghrib (BAM), des mesures décisives ont été prises pour atténuer les répercussions de la pandémie sur l’économie réelle et le secteur financier. BAM envisagerait de mobiliser tous les outils à sa disposition pour contribuer à limiter l’impact économique si les risques liés à la résurgence de la pandémie se matérialisaient. Pour le FMI, une plus grande flexibilité du régime de change bénéficiera à l’économie marocaine en préservant les réserves et la compétitivité et en renforçant sa capacité d’absorption des chocs externes. «Les autorités sont en train d’assurer un suivi étroit des conditions de déroulement de la transition et d’approfondir les études sur tous les volets pour juger du moment opportun pour entamer une nouvelle phase», explique Roberto Cardarelli, qui note avec satisfaction que BAM a décidé de demander aux banques d’accroître leurs provisions et de suspendre la distribution de dividendes cette année, afin de se prémunir contre une détérioration éventuelle du portefeuille des crédits bancaires dans un avenir proche.

Encouragement à poursuivre les réformes
Par ailleurs, pour consolider la reprise après la pandémie et assurer une croissance plus forte, résiliente et inclusive, le programme de réformes structurelles gagnerait à se poursuivre. L’enjeu est d’améliorer le niveau de vie de l’ensemble des Marocains. Sur la question, les services du FMI félicitent les autorités pour les efforts résolus qu’elles ont engagés afin de développer l’assistance sociale cette année et conviennent qu’une réforme globale du système de protection sociale est devenue plus urgente à la suite de la pandémie. L’élargissement de l’assurance médicale à tous les Marocains contribuerait à accroître l’accès à des services de meilleure qualité, tandis que l’harmonisation de tous les programmes existants d’assistance sociale dans le cadre d’un Registre social unifié améliorerait l’efficience et le ciblage du système. La mission souscrit à la réforme annoncée des entreprises publiques, qui devrait mettre en place des conditions propices à un secteur public plus efficient et stimuler le développement du secteur privé. Enfin, la mission salue les progrès accomplis récemment dans l’établissement du cadre juridique pour la numérisation de l’administration publique et la simplification de ses procédures, ainsi que les mesures récentes visant à mettre en œuvre la réforme de l’éducation, notamment du système de formation professionnelle, améliorer la gouvernance et lutter contre la corruption.

Ligne de précaution et de liquidité
Depuis 2012, le Maroc a conclu avec le FMI quatre accords successifs au titre de la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Le 7 avril, les autorités marocaines ont procédé au tirage de toutes les ressources disponibles, soit environ 3 milliards de dollars, dans le cadre de l’accord au titre de la LPL. C’est la première fois que les autorités recouraient aux ressources disponibles au titre de cette ligne de précaution pour faire face au choc sans précédent de la pandémie de Covid-19. 

Modeste Kouame / Les Inspirations Éco


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