Maroc

Fès : une rentrée chaotique dans les transports

Pour des milliers d’usagers fassis, la rentrée scolaire est synonyme de calvaire dans les transports. Face à des attentes interminables et des véhicules surchargés, l’incompréhension grandit alors que quarante bus neufs, destinés à soulager le réseau, demeurent stationnés, invisibles sur les lignes où le besoin est le plus criant.

La rentrée scolaire et universitaire à Fès a placé le transport public au cœur des préoccupations quotidiennes des habitants. Confrontés à un service dégradé qui peine à absorber le flux de passagers, les usagers observent avec incompréhension une flotte de quarante bus de renfort, pourtant réceptionnée, rester immobile.

Cette situation paradoxale, où des solutions neuves sont à l’arrêt pendant que la crise s’intensifie sur le terrain, transforme les déplacements en un parcours semé d’obstacles et alimente un climat de tension palpable.

Un réseau à bout de souffle
Dès les premiers jours de septembre, la réalité du transport urbain fassi s’est imposée avec acuité. Les arrêts de bus, notamment sur les axes les plus fréquentés, sont devenus le théâtre de files d’attente interminables, tandis que les véhicules en circulation, souvent surchargés, témoignent d’un état de vétusté avancé.

Cette défaillance structurelle a des conséquences directes sur le quotidien de milliers d’élèves, d’étudiants et d’employés, pour qui la ponctualité est devenue un défi. L’irrégularité des passages et les pannes fréquentes obligent nombre d’entre eux à se tourner vers des alternatives plus onéreuses, comme les grands taxis, creusant ainsi le budget des ménages.

Au-delà du simple inconfort, l’état de dégradation de la flotte actuelle soulève également des questions légitimes quant à la sécurité des passagers. Notons que le comité mixte désigné pour superviser le service a ordonné l’arrêt de circulation des bus jugés défaillants, ce qui a réduit davantage le nombre de bus en circulation. Le service de transport, censé être un vecteur d’intégration sociale et économique, se transforme ainsi en un frein au bon fonctionnement de la vie urbaine.

Les quarante «bus fantômes» de la ville
Face à ce service défaillant, la présence de bus neufs, mais non opérationnels accentue le sentiment de frustration. La ville a en effet réceptionné un contingent de quarante autobus modernes, spécifiquement destiné à servir de renfort d’urgence.

Ce lot, composé de trente véhicules standards de type Scania Irizar I3 de 12 mètres et de dix autobus articulés Mercedes-Benz Conecto de 18 mètres, représente une capacité d’accueil significative. Dotés d’équipements modernes comme la climatisation, un accès Wi-Fi et des aménagements pour les personnes à mobilité réduite, ils incarnent la promesse d’une amélioration tangible.

Cependant, annoncés pour un déploiement coïncidant avec la rentrée, ils demeurent stationnés et hors service. Pour les usagers qui les aperçoivent, ces véhicules prennent l’allure de « bus fantômes », une solution matérielle, présente mais intangible, qui rend l’attente aux arrêts encore plus difficile à supporter. L’absence de communication officielle sur les raisons précises de ce retard de déploiement ne fait qu’amplifier les interrogations.

Des mesures palliatives en attendant le grand renouvellement
Dans l’immédiat, et pour éviter un effondrement total du service, le conseil communal a été contraint de prendre des mesures d’urgence. Une commande de pièces de rechange mécaniques et électriques a été lancée afin de maintenir en état de marche le parc roulant actuel.

Cette démarche palliative, si elle est nécessaire, souligne la fragilité du système en place et la dépendance à un matériel vieillissant. Cette phase de transition est censée préparer le terrain pour une refonte bien plus profonde.

Le projet structurel à long terme repose sur le renouvellement intégral de la flotte, avec une commande de 261 autobus neufs dont la fabrication est actuellement en cours en Chine. Leur livraison, attendue vers la fin de l’année, devrait s’accompagner de la mise en place d’un nouveau modèle de gestion déléguée. En attendant que cette stratégie d’envergure se matérialise, la ville de Fès reste engagée dans une course contre la montre pour assurer une continuité de service minimale et répondre aux attentes pressantes de ses citoyens.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



PLF 2026 : cap sur l’investissement et l’inclusion


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page