Fès : les transports en commun, un système à bout de souffle ?
Après un accident de bus ayant fait 60 blessés, la colère gronde à Fès face à l’état déplorable du transport en commun. Des bus vétustes, un manque d’entretien et des promesses non tenues alimentent l’exaspération des habitants qui réclament une réforme urgente du système. La sécurité des usagers est en jeu, alors que la ville se prépare à accueillir des événements sportifs majeurs.
La situation du transport en commun à Fès est devenue une source d’angoisse quotidienne pour les habitants. L’accident survenu lundi dernier, au cours duquel un bus de la ligne 10 a chuté dans un ravin, faisant 60 blessés, n’est que la manifestation la plus récente d’un système à bout de souffle.
Cet incident tragique met en lumière la vétusté du parc de bus, le manque d’entretien et l’inefficacité des mesures prises par les autorités pour garantir la sécurité des usagers.
Un accident révélateur d’une situation critique
L’accident du bus de la ligne 10, qui aurait été causé par une défaillance du système de freinage, a choqué la population fassie. Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas isolé. Les pannes, les retards et les incidents mineurs sont devenus monnaie courante, témoignant d’une gestion défaillante du parc de bus.
«Faute d’entretien, ces bus sont devenus de véritables cercueils roulants», s’indigne un membre d’une association de l’ancienne Médina de Fès.
Certains habitants qualifient même «le fait de laisser ces bus circuler dans cet état comme une négligence criminelle». La peur de monter dans ces véhicules vétustes, ayant plus de 15 ans d’âge, est palpable. Ainsi, certains habitants préfèrent recourir à des alternatives, parfois illégales, pour se déplacer. «À croire que les musées automobiles sont devenus les fournisseurs officiels du transport public», ironise un usager excédé.
Des promesses non tenues et une société civile exaspérée
Face à la colère grandissante de la population, les autorités locales promettent des actions concrètes. Selon des sources à la commune, le président de cette dernière devrait adresser une lettre de mise en demeure à la société responsable du transport urbain, City bus Fès.
Il faut préciser qu’un accord avait été signé il y a quelques mois, prévoyant l’acquisition de 227 nouveaux bus, dont 114 financés par la commune et 113 par City bus Fès. Mais quelque six mois après la signature de cet accord, aucune avancée concrète n’est visible sur le terrain. «Où sont les nouveaux bus ? Pourquoi cet accord n’est-il pas appliqué ?», s’interrogent les usagers.
L’urgence d’une réforme profonde du système
La situation actuelle est de fait devenue intenable. Fès, ville historique et touristique qui se prépare à accueillir des matchs de la Coupe d’Afrique, ne peut se permettre de disposer d’un système de transport public aussi défaillant. Il est urgent de prendre des mesures radicales pour réformer en profondeur le secteur.
La société civile appelle à un renouvellement complet de la flotte de bus, à la mise en place d’un système de maintenance rigoureux et à une meilleure gestion du service. «Il est du devoir des autorités de mettre en œuvre une solution efficace pour régler ce problème et protéger la vie des citoyens», plaide un associatif.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO