Fès : L’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah transformée en champ de bataille
Des dizaines de blessés ont été recensés, lors des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre qui ont eu lieu lundi dernier. La date du 2 février proposée par l’administration pour tenir les examens de la session d’automne est à l’origine des incidents. Derrière cette anarchie, on trouve la faction radicale, «Annahj Addimocrati Al Qaidi».
C’est une véritable bataille que celle qui a opposé, lundi 1er février à Fès, des centaines d’étudiants de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah aux forces de l’ordre. Les étudiants ont commencé leur manifestation en saccageant les classes et les amphithéâtres de l’établissement universitaire, ce qui a déclenché une intervention des forces de l’ordre. Les étudiants, qui étaient encadrés par des membres de la faction radicale «Annahj Addimocrati Al Qaidi» (voie démocratique basiste) avaient déjà annoncé un boycott des examens dans toutes les facultés, puis ont organisé une manifestation qui a sillonné les pavillons de la cité universitaire de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Fès-Saïs. Mais les choses allaient prendre une autre tournure lorsque les manifestants se sont dirigés vers la sortie de la cité, qui donne sur le quartier populaire de la route d’Imouzzer. Les étudiants voulaient ainsi manifester en dehors de l’enceinte de l’université. Les violences étaient de mises, et l’affrontement entre les deux camps a duré plus de 3 heures.
Selon les témoins, il y aurait eu recours aux bombes lacrymogènes. Les étudiants n’ont pas hésité à forcer le passage en lançant des pierres sur les forces de l’ordre. Selon un étudiant témoin des événements, «l’intervention était très violente contre la manifestation estudiantine, et les forces d’intervention rapide ont fait usage de bombes lacrymogènes, ce qui a entraîné des cas d’asphyxie, notamment parmi les étudiants». L’intervention des forces de l’ordre a causé de nombreux blessés parmi les étudiants. Des dizaines d’entre- eux ont été transportés au CHU Hassan II de Fès, tandis que d’autres sont en état d’arrestation. En effet, selon un responsable du ministère de la Justice, douze étudiants ont été arrêtés lors de ces affrontements et «seront déférés devant la justice». De leur côté, les forces de police ont relevé dans leur rang des blessés, qui ont été évacués à l’hôpital. Au lendemain des affrontements, les étudiants de la Faculté des sciences économiques, juridiques et sociales ont pu passer leurs examens de premier semestre sans problème.
Quant aux étudiants de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Fès-Saïs et la Faculté des sciences de Dhar El Mahraz, ces derniers ont continué à boycotter les examens. Il est à noter que c’est la deuxième fois, ce semestre, que les étudiants d’extrême gauche empêchent leurs camarades de passer les examens. Pour rappel, l’université Dhar El Mahraz, à Fès, avait fait parler d’elle suite à l’assassinat, le 24 avril 2014, d’un étudiant membre du mouvement Attajdid Attolabi (le «Renouveau estudiantin»). Abderrahim El Hasnaoui, 21 ans, avait été poignardé par des étudiants se revendiquant de la gauche radicale. Quatre étudiants avaient été arrêtés pour être présentés devant la justice dans cette affaire.