Fès/ Football : carton plein en tribunes, carton jaune en organisation

Les matchs amicaux contre la Tunisie et le Bénin ont testé les capacités organisationnelles de Fès avant la CAN 2025. Entre succès populaire et défaillances logistiques, ces rencontres révèlent les enjeux de la préparation de la capitale spirituelle pour accueillir des événements footballistiques d’envergure internationale.
Les rencontres disputées par l’équipe nationale A face à la Tunisie (6 juin) et au Bénin (9 juin) au Complexe sportif de Fès ont constitué un véritable test grandeur nature pour la capitale spirituelle du Royaume.
Ces matchs amicaux, premiers événements d’envergure depuis la rénovation des infrastructures urbaines et sportives, ont révélé à la fois les atouts et les fragilités de la ville dans sa préparation à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025.
Si l’engouement populaire et l’impact économique ont confirmé le potentiel de Fès comme destination footballistique majeure, plusieurs dysfonctionnements organisationnels ont entaché ces rencontres, soulevant des interrogations légitimes sur la capacité de la ville à gérer des événements de cette ampleur dans les mois à venir.
Un succès populaire indéniable malgré les controverses d’accès
La rencontre Maroc-Tunisie marquait la réouverture du Grand Stade de Fès, resté fermé durant plus de treize mois pour des travaux de rénovation et de réhabilitation. L’événement a suscité un engouement exceptionnel auprès des supporters, venus nombreux de l’ensemble du territoire national et même de l’étranger.
En effet, les deux matchs se sont déroulés à guichets fermés. Les supporters de la capitale spirituelle ont répondu présent au rendez-vous, organisant un tifo remarqué en l’honneur de l’équipe nationale lors du premier match contre la Tunisie.
Cependant, la soirée du 6 juin a été marquée par des incidents significatifs aux abords du stade. Plusieurs centaines de supporters, dont certains venus spécialement d’Europe et du Qatar, munis de billets valides, se sont retrouvés refoulés à l’entrée, incapables d’accéder à l’enceinte malgré leurs titres d’accès.
Cette situation a rapidement enflammé les réseaux sociaux, où les fans ont exprimé leur colère et exigé l’ouverture d’une enquête de la part de la Fédération Royale Marocaine de Football. Les dysfonctionnements ont pris une autre dimension avec l’intervention d’associations de protection des consommateurs.
Ali Chettour, président de l’Association marocaine de défense des droits des consommateurs, a appelé à l’ouverture d’une enquête après avoir reçu de nombreuses plaintes concernant l’impossibilité d’accéder au stade malgré la possession de billets officiels. Il a qualifié cette situation d’inacceptable pour un pays qui se prépare à accueillir la Coupe du monde.
La Fédération marocaine de protection des consommateurs, a de son côté, exigé l’ouverture d’une enquête pour identifier les responsables de cette organisation défaillante. Elle a précisé que les plaintes concernaient même des supporters tunisiens, soulignant l’ampleur du problème.
Selon cette fédération, de tels dysfonctionnements constituent un risque majeur à l’approche de la Coupe du Monde, où les grandes rencontres ne tolèrent pas de telles défaillances sous peine de créer un scandale international.
D’après les témoignages recueillis sur place, ces dysfonctionnements résultent principalement de défaillances dans certains points de contrôle, où des centaines de supporters se sont rassemblés en foule, engendrant un désordre et des mouvements de poussée ayant permis l’accès de plusieurs personnes ne possédant pas leurs billets. Cette situation a contraint de nombreux spectateurs légitimes à suivre le match en position debout, y compris à l’intérieur du stade.
Des retombées économiques prometteuses pour l’écosystème local
Au-delà des aspects sportifs, ces rencontres ont généré une dynamique économique notable pour la ville de Fès et sa région. Les hôtels de la ville ont affiché des taux d’occupation quasi complets durant la période des matchs, illustrant l’impact direct de ces événements sur le secteur de l’hébergement.
L’ensemble de la chaîne de valeur touristique et commerciale a bénéficié de cette affluence exceptionnelle. Les restaurants ont enregistré une fréquentation accrue, tandis que les services de transport ont connu une sollicitation intense. Le commerce de proximité n’a pas été en reste, avec une augmentation significative des ventes de tenues aux couleurs nationales et de drapeaux, témoignant de la ferveur patriotique suscitée par ces rencontres.
Cette mobilisation économique démontre le potentiel considérable de Fès comme destination pour les grands événements sportifs. L’impact financier de ces deux matchs amicaux a offert un aperçu encourageant des retombées que pourrait générer la Coupe d’Afrique des Nations 2025, à condition que les défaillances organisationnelles observées soient corrigées.
La diversification des sources de revenus pour les acteurs économiques locaux, allant de l’hôtellerie à la restauration en passant par le commerce de détail, illustre l’effet d’entraînement positif que peuvent exercer les événements sportifs d’envergure sur l’économie territoriale.
Des interrogations techniques qui persistent
L’état de la pelouse du Complexe sportif de Fès a été évoqué par le staff technique de l’équipe nationale lors de la première rencontre.
Walid Regragui, sélectionneur national, a mentionné lors de la conférence de presse consécutive au match contre la Tunisie que le terrain présentait certaines particularités liées à son entretien récent, nécessitant une adaptation de la part des joueurs.
Le sélectionneur a indiqué que la surface de jeu était plus sèche que prévu, ce qui a demandé une vigilance accrue concernant la prévention des blessures, notamment pour des joueurs en fin de saison présentant déjà certaines sollicitations musculaires et articulaires habituelles à cette période. Des ajustements ont été apportés avec une optimisation de l’arrosage pour améliorer les conditions de jeu.
L’expérience de ces matchs amicaux constitue un test grandeur nature permettant d’identifier les points d’optimisation nécessaires. Elle contribue à affiner la préparation des installations sportives et organisationnelles en vue des échéances à venir, notamment la CAN 2025 à Fès.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO