Faut-il stimuler l’économie par une relance de la demande ?
71% des 693 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm, ont estimé qu’il faut stimuler l’économie par une relance de la demande. Au contraire, 29% des sondés, estiment qu’une telle stimulation est inopportune. En préambule, la politique de la demande qui est d’inspiration keynésienne, repose sur une hausse des investissements publics couplée à une stimulation de la consommation privée, notamment via des incitations fiscales. L’hypothèse sous-jacente est que la relance forcée de l’économie va générer assez de revenus futurs pour l’État afin de financer a posteriori les dépenses engagées ou le manque à gagner fiscal. À l’opposé, une politique de l’offre est d’inspiration libérale. Elle suppose que la croissance économique est atone quand les producteurs sont sous pression fiscale ou réglementaire. Ainsi, pour libérer la production, cette politique se déploie par la baisse des prélèvements fiscaux supportés par les entreprises ainsi qu’une déréglementation notamment du marché du travail.
Parfois, cette politique va jusqu’à subventionner les producteurs. Pour ce faire, une orthodoxie budgétaire est imposée aux finances publiques avec une hausse de la pression fiscale sur les particuliers ainsi que la hausse des économies budgétaires dans la fonction publique ou dans les secteurs sociaux.
Au Maroc, depuis 2012, nous sommes plutôt dans une politique de l’offre. En effet, l’orthodoxie budgétaire est de mise avec la baisse du déficit budgétaire, le recrutement sous contrat dans la fonction publique et la volonté de déréglementation progressive du marché de travail (ex : contrats ANAPEC). Surtout, le soutien de l’État aux producteurs est assez actif avec plusieurs mesures fiscales en plus de l’octroi de subventions dans certains cas. Ce soutien repose sur le postulat qu’avec la mondialisation tout bien produit est censé être vendu. De même, tout surprofit est investi et/ou répercuté sur la baisse des prix voire utilisé partiellement pour embaucher ou augmenter les salaires. Justement, ceux qui pensent qu’un soutien à la demande, serait plus judicieux, le font sur la base des résultats obtenus. En effet, au Maroc, le chômage et la sous-activité culminent à un taux de 20,5%.
Ainsi, le Maroc compte 2,26 millions de chômeurs ou d’actifs sous-employés. De plus, entre 2007 et 2011, la croissance économique a été en moyenne de 4,5% contre 3,2% pour 2012-2016. Entre, 2007 et 2011, c’est la période où les ménages continuaient à s’équiper grâce à la hausse des salaires dans le public ou aux emprunts car à titre d’exemple, la croissance annuelle moyenne des crédits était de 16,1% contre 3,5% entre 2012 et 2016. En effet, certaines hypothèses implicites et la politique de l’offre sont difficilement réalisables dans la réalité, du moins en absence d’études plus approfondies et de simulations étayées. En particulier, le capitaliste est tout sauf altruiste ou naïf. Ainsi, il peut tout simplement utiliser le surprofit pour distribuer des dividendes. De plus, il peut gonfler ses annonces sur les investissements ou sur les emplois créés pour profiter du maximum des aides ou avantages possibles. Aussi, il peut être volage en arbitrant constamment entre ses sites internationaux et orienter son carnet de commandes là où il a le plus d’avantages. Par ailleurs, pour un pays en voie d’émergence, en absence d’une forte croissance exogène, la réduction des déficits a un effet récessionniste avec moins de création nette d’emplois publics, plus d’impôts sur les particuliers et au mieux des investissements publics en quasi-stagnation.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Pourquoi relancer l’économie par la demande ?
Farid Mezouar : La relance par la demande peut donner plus rapidement des résultats comme le montrent les résultats passés entre 2002 et 2011 avec la baisse du taux marginal de l’IR ou de l’ouverture du robinet des crédits pour les particuliers. D’ailleurs, ces mêmes mesures peuvent être envisagées avec l’élargissement de l’assiette fiscale pour garder le niveau des recettes publiques. Il en est de même pour la hausse de certains minimas sociaux ou de la relance des recrutements et des investissements ciblés dans le public.
Ne risque-t-on pas d’aggraver le déficit commercial ?
Tout d’abord, en caricaturant, nous importons déjà tout ce qui peut être acheté à l’étranger. Ensuite, des mesures normatives peuvent être prises. C’est le cas pour la commande publique orientée subtilement vers les entreprises marocaines ou des barrières normatives pour les biens fabriqués à l’étranger.