Maroc

Enfance : le Maroc face aux défis de sa jeunesse

Le rapport 2025 de l’UNICEF met en lumière les progrès et les fragilités de l’enfance au Maroc. Santé, éducation, pauvreté et protection, les données révèlent un chemin contrasté, où les avancées sociales côtoient de profondes inégalités territoriales et économiques.

«Les privations cumulées pèsent durablement sur les trajectoires des plus jeunes», souligne l’UNICEF dans son rapport «Les enfants en chiffres au Maroc 2025». Le Royaume compte 11,6 millions d’enfants de moins de 18 ans, soit près d’un tiers de la population.

Ce capital humain, essentiel pour l’avenir économique et social du pays, se heurte à des défis structurels. La santé enregistre des progrès sensibles, avec une baisse notable de la mortalité des moins de 5 ans, à 22 décès pour mille naissances vivantes en 2018, contre 30,5 en 2011. Mais les contrastes territoriaux demeurent, notamment dans la vaccination où la couverture atteint 95% en zone urbaine contre seulement 86% en milieu rural.

De même, seuls 35% des nourrissons de moins de six mois bénéficient d’un allaitement maternel exclusif, un taux jugé trop faible par rapport aux standards internationaux.

Des progrès fragiles
L’accès à l’éducation illustre le double visage du Maroc. La scolarisation est quasi universelle au primaire, elle atteint 80% au collège, mais plafonne à 49% au lycée. L’écart entre villes et campagnes est particulièrement marqué, avec 91% de scolarisation collégiale en milieu urbain contre seulement 66% dans les zones rurales. Ces déséquilibres rejaillissent sur les performances académiques.

Dans l’évaluation internationale TIMSS 2023, les élèves marocains restent très en deçà de la moyenne mondiale en mathématiques et en sciences, creusant un écart préoccupant pour la compétitivité future du pays. La protection des enfants avance, mais les signaux d’alerte sont nombreux. Si 97% des naissances sont désormais enregistrées à l’état civil, le nombre d’enfants en conflit avec la loi a atteint 32.940 en 2023, contre 21.716 trois ans plus tôt.

Parallèlement, 101.000 enfants exercent toujours une activité économique, dont près de 80.000 dans les campagnes, une tendance qui illustre la persistance du travail précoce. Le mariage des mineures reste, lui aussi, une réalité avec plus de 15.000 demandes enregistrées en 2023, dont plus de la moitié ont été validées par les tribunaux.

Insertion des jeunes, le talon d’Achille
Le rapport insiste sur la vulnérabilité socio-économique. La pauvreté monétaire touche 4,7% des enfants, mais grimpe à 9,4% en milieu rural. Plus encore, la pauvreté multidimensionnelle, qui recouvre l’accès à l’eau, la santé, l’éducation, le logement et les services sociaux, concerne 36% des enfants en 2022, un niveau qui illustre la persistance des inégalités malgré les efforts budgétaires.

Le Maroc consacre 17,5% de son budget général à l’éducation et 7,1% à la santé, mais l’insertion des jeunes reste difficile. En 2022, un quart des 15-24 ans, soit 1,5 million de personnes, ne travaillaient pas, n’étaient pas scolarisés et ne suivaient aucune formation. Un chiffre qui pose un défi direct à la compétitivité économique et à la cohésion sociale.

La pauvreté des enfants, un frein à l’avenir

La pauvreté monétaire ne raconte qu’une partie de l’histoire. Selon l’UNICEF et le Haut-commissariat au plan, c’est la pauvreté multidimensionnelle qui pèse le plus lourdement sur les enfants marocains. En 2022, elle touchait 36% d’entre eux, avec un contraste saisissant entre villes et campagnes.

En milieu rural, plus d’un enfant sur deux est privé d’au moins deux dimensions essentielles du bien-être, qu’il s’agisse d’eau potable, d’accès à l’éducation, de logement décent ou de soins de santé.

En milieu urbain, ce taux tombe à 17%, mais reste préoccupant. Ces privations cumulées compromettent la réussite scolaire, augmentent les risques sanitaires et réduisent les perspectives d’emploi futur.

Comme le rappelle le rapport, «la pauvreté des enfants est un facteur déterminant des inégalités intergénérationnelles». Pour un pays en quête de compétitivité et de justice sociale, s’attaquer à cette pauvreté ne relève pas seulement d’un impératif moral, mais d’un choix stratégique, en vue de garantir une croissance inclusive et durable.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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