Maroc

Emploi : qu’est-ce qui pousse les diplômés vers l’administration ?

Une enquête récente révèle un intérêt croissant des lauréats des grandes écoles pour le secteur public. Au-delà des multinationales, l’État redevient en effet un employeur prisé. L’étude de «Careers in Morocco» décrypte les motivations profondes de cette génération, partagée entre recherche de prestige, quête de stabilité et salaire compétitif.

Une enquête récente, menée par le cabinet «Careers in Morocco», entre le 26 juin et le 22 juillet 2025 auprès de plus de 1.000 lauréats de grandes écoles, révèle un intérêt marqué des nouvelles générations pour le secteur public. Alors que les multinationales demeurent des employeurs importants, plusieurs ministères et entreprises publiques se positionnent comme des destinations de choix.

Cette tendance soulève une question fondamentale sur les motivations profondes qui orientent les meilleurs talents du pays vers les organisations étatiques. L’analyse des données permet d’identifier une combinaison de facteurs pragmatiques et de considérations aspirationnelles qui expliquent ce phénomène. Un rééquilibrage notable s’observe dans les choix de carrière des jeunes talents marocains, comme le révèle une enquête récente du cabinet «Careers in Morocco».

Si les multinationales conservent leur pouvoir d’attraction, les ministères et entreprises publiques gagnent significativement en popularité. Cette dynamique soulève la question des motivations profondes qui poussent aujourd’hui les lauréats des grandes écoles à privilégier l’administration et le secteur public.

Stabilité et avantages matériels comme fondations du choix
L’analyse des critères de décision des jeunes diplômés met en lumière le poids des considérations matérielles et de la sécurité. Selon les résultats de l’étude, la sécurité de l’emploi et la stabilité professionnelle constituent le principal facteur d’attraction, cité par 38% des répondants.

Ce chiffre indique une recherche de prévisibilité et de pérennité dans la carrière, un élément que le statut de la fonction publique est perçu comme garantissant. Le deuxième critère le plus important est celui du salaire et des avantages, mentionné par 27% des lauréats. Cette donnée reflète une évolution notable de la perception des rémunérations dans le secteur public.

Au cours des dernières décennies, les politiques salariales ont permis de rendre les grilles de la fonction publique plus compétitives, et dans certains cas plus avantageuses que celles du secteur privé, notamment pour les cadres et les hautes fonctions. Les jeunes diplômés perçoivent donc le secteur public non seulement comme une option sûre, mais aussi comme une voie financièrement intéressante, offrant un équilibre favorable entre vie professionnelle et personnelle. Outre les aspects pragmatiques, le prestige et la reconnaissance sociale jouent un rôle important dans la décision des lauréats.

Ce facteur est cité par 23% des jeunes diplômés interrogés, qui associent le service public à une contribution directe aux projets stratégiques du pays. Cette dimension est particulièrement visible dans les préférences exprimées pour certains ministères et entreprises publiques. Le ministère de l’Économie et des Finances, qui attire 43% des diplômés, doit sa popularité à la nature stratégique de ses missions et aux perspectives de carrière au sein de la haute administration.

De même, l’intérêt pour le ministère de l’Équipement et de l’Eau, choisi par 11% des répondants, est directement lié aux grands chantiers d’infrastructure nationaux, comme ceux entamés en prévision de la Coupe du monde 2030. Du côté des entreprises publiques, le groupe OCP, plébiscité par 41% des lauréats, bénéficie de sa réputation internationale et de l’envergure de ses projets industriels. Ces organisations offrent aux jeunes talents l’opportunité de participer à des missions à forte valeur ajoutée et à grande visibilité nationale.

Perspectives de carrière et missions ciblées
Les possibilités d’évolution et la pertinence des missions par rapport au cursus académique sont des facteurs déterminants. Les perspectives d’évolution vers des postes à responsabilité constituent une priorité pour 14% des répondants, qui voient dans le secteur public des parcours de carrière structurés.

L’attrait des différentes organisations est également très segmenté, selon les profils. Le ministère de l’Intérieur, avec 32% d’intérêt, attire spécifiquement les profils orientés vers la gouvernance et l’administration publique. Le ministère de la Transition énergétique et l’agence MASEN séduisent les ingénieurs et managers motivés par les enjeux du développement durable.

De leur côté, l’ONEE et l’ONCF sont des employeurs privilégiés pour les ingénieurs en électricité, en hydraulique ou en génie civil, en raison de leurs projets techniques spécialisés. Cette segmentation montre que le choix du secteur public est aussi une décision réfléchie, alignée avec les ambitions professionnelles et les compétences spécifiques de chaque lauréat. L’attractivité du secteur public repose donc sur une offre diversifiée, à même de répondre à un large éventail d’aspirations.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



Startups : l’écosystème marocain a encore du chemin à faire


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page