Élections : Le PPS prêt à défendre son statut et ses acquis
Le parti du livre se dit prêt à prendre la même décision qu’en 2011 concernant son alliance avec le PJD. L’animosité envers le PAM s’est atténuée, alors que les relations avec les partis formant la Koutla sont plus tendues que jamais.
C’est dans un tonnerre d’applaudissements que le n°1 du PPS a été accueilli hier à Casablanca, dans le cadre de la 4e rencontre-débat menée par le Mouvement Damir, et dont l’auditoire était majoritairement formé de militants du PPS. Nabil Benabdellah, fort du soutien de ses troupes, a pris son temps pour aborder tous les sujets d’actualité, à la veille des législatives du 7 octobre. «Les programmes et les visions ont été les grands absents, durant cette campagne», a déploré le secrétaire général du parti du livre au sujet des querelles qui animent la scène politique depuis deux mois. «Tous les coups sont permis pour arriver à ses fins, alors que la question essentielle pour nous reste liée à la construction d’un État national démocratique», a précisé Benabdellah.Pour toutes les composantes du PPS, l’alliance avec le PJD ne se pose dans les mêmes termes que celles posées dans plusieurs analyses qui ont tenté et tentent toujours de défaire «les liens secrets» de l’homogénéité qui a prévalu dans les rapports des deux partis durant le précédant mandat.
Sur cette question le SG du PPS a été, encore une fois, catégorique, en insistant sur le fait qu’il s’agit d’une alliance stratégique et non pas de nécessité. «Nous nous sommes alliés avec le PJD quand nous avons considéré qu’il y a des dangers qui menacent les acquis démocratiques. Cette décision a été prise bien avant la proclamation des résultats et nous avons proposé une charte avec les autres alliés pour encadrer le travail de la majorité», a expliqué Benabdellah, hier à Casablanca qui a ajouté qu’en «toute sincérité, dans la pratique gouvernementale, il n’y a eu aucune décision qui va à l’encontre de l’orientation commune».
Aucun passé commun avec le PAM
Pour éclairer davantage ses positions envers le parti du tracteur (PAM), le leader du PPS a refusé fermement le fait qu’il a été parmi les fondateurs du Mouvement de tous les démocrates. «Sans rentrer dans les détails, je n’avais jamais assisté à une quelconque réunion préparatoire de ce mouvement, dont les initiateurs avaient annoncé qu’il ne se transformera pas en parti politique», a indiqué Benabdellah qui a rappelé également les idées partagées avec tous les courants modernistes, notamment les questions liées aux réformes.
Le leader du PPS a rappelé que son parti a été au premier front durant tous les moments forts de la défense des droits de la femme, ainsi que pour le lancement d’une nouvelle génération de réformes qui ont été entreprises depuis la participation aux gouvernements de Driss Jettou et de Abbas Et Fassi. Benabdellah a même confié que son parti caresse encore le rêve de voir la société marocaine aboutir, en dernière instance, au modèle du socialisme, dans le sens humaniste de la pensée gauchiste. «Nous sommes toujours partisans d’une société socialiste et nous avons su nous adapter aux nouvelles réalités qui ont succédé la chute du Mur de Berlin, contrairement à plusieurs partis arabes qui partagent le même cadre de référence», a noté Benabdellah qui a insisté à ce que le parti du livre restera toujours adepte d’une «révolution dans le sens de la transformation de la société, avec comme objectif primordial la construction d’un État qui défend sa souveraineté».
Nabil Benabdellah
Secrétaire général du PPS
Les urnes sont l’unique moyen pour départager les acteurs politiques, que ce soit pour gouverner ou pour avoir le statut de l’opposition qui doit aussi s’exercer selon la logique et les modalités démocratiques. Aboutir à une justice sociale reste l’objectif primordial, avant d’atteindre l’État socialiste.
Un cadre de référence constamment adapté
Le chef de file du PPS s’est longtemps attardé sur les efforts déployés pour que l’idéologie du parti reste vivace. Ainsi et depuis 2006, le cadre de référence a été enrichi en intégrant la dimension écologique, comme étant le fer de lance de la nouvelle génération des droits sociaux qui forment l’ossature du programme du parti. Dans la même optique, le débat interne sur les valeurs partagées par les Marocains a conduit les instances décisionnelles à défendre les vues des modernistes, de l’intérieur du gouvernement. Benabdellah a rappelé, dans cette optique, les deux épisodes se rapportant à l’héritage et à l’avortement, de même que le PPS a entamé des réformes de fond de son discours, selon son leader qui semblait confiant quant à la réussite de la mutation en douceur qui a été entamée.