Maroc

Egalité et parité : Le combat n’est pas terminé

Le chemin permettant l’accès équitable des femmes et des hommes aux droits civils, politiques et économiques reste encore long et semé d’embûches. En dépit des efforts déployés au cours des dernières années, l’ambition féminine se heurte au plafond de verre dans plusieurs domaines.

Les Marocaines sont toujours en quête de parité. Les dispositions de la loi fondamentale ont été porteuses d’espoir pour les Marocaines. Mais, plus de six ans après l’adoption de la constitution, les avancées sont jugées timides par rapport aux aspirations et besoins des femmes et la cadence des réalisations trop faible. Le chemin vers l’égalité est encore long dans plusieurs secteurs. Sur le plan politique, la représentativité des femmes reste en deçà des aspirations en dépit des dispositions juridiques visant le renforcement de la présence féminine dans les instances élues. Les Marocaines peinent toujours à percer en politique que ce soit au parlement, dans les instances locales et régionales ou au sein de l’équipe gouvernementale. Dans la chambre basse, le pourcentage des femmes députés est, certes, passée de 17 % à environ 21 %. Mais, le Maroc demeure toujours derrière des pays similaires comme le Soudan et la Tunisie où le taux de représentativité politique féminine est de 30 %. Une grande responsabilité incombe aux dirigeants politiques. Seules 10 femmes ont pu accéder en 2016 à la chambre des députés à travers les listes locales soit un pourcentage d’uniquement 0,3 % des députés élus localement. Au niveau de la chambre des conseillers, la représentativité des femmes ne dépasse pas 11,66 %. Sur les plans local et régional, aucune femme n’a été propulsée à la tête des conseils régionaux ou communaux des grandes villes même si le taux des élues communales est passé de 12,38 % à 21,18 %. Outre le volet politique, l’accès des femmes aux postes de décision fait grincer les dents du mouvement féministe. Malgré les efforts entrepris pour consolider la place des femmes dans la fonction publique, la présence féminine dans les hautes fonctions au sein de l’administration publique demeure faible.

En témoignent les données officielles du ministère de la Réforme de l’administration et de la fonction publique. Depuis l’application de la nouvelle loi (jusqu’à fin 2017), le nombre des femmes nommées dans les hautes fonctions ne représentent que 12,34 %. Un chiffre à l’image de la situation économique des femmes dans le marché de l’emploi qui est marqué par des écarts importants entre les deux sexes tant au niveau quantitatif que qualitatif. Les femmes subissent, en effet, de plein fouet le chômage et gagnent moins que les hommes. Leur participation au marché du travail demeure faible. Le taux d’activité des femmes régresse au fil des années passant de 28,1% en 2000 à 23,6 % en 2016 contre 70,8 % pour les hommes soit un écart de plus de 47,2 points. Les décideurs sont appelés à analyser en profondeur les freins aux actions de promotion de l’égalité de genre pour permettre à la gente féminine de contribuer fortement au développement du pays, d’autant plus que la femme n’a aujourd’hui rien à envier à l’homme en termes de compétences grâce aux avancées tangibles qui ont été réalisées en matière de réduction d’inégalités entre les femmes et les hommes dans l’accès à l’éducation. Le taux de scolarisation des filles dans le primaire est de 98,5 %.

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’égalité entre les deux sexes est presque acquise. Mais, il faudra attendre les années à venir pour récolter les fruits de la parité dans l’enseignement. Par ailleurs, les attentes sont on ne peut plus grandes en matière des droits civils. Plus de treize ans après la promulgation du code de la famille qui était considéré comme une avancée gigantesque en 2004, n’est-il pas temps de l’amender pour répondre aux nouvelles aspirations des femmes? Plusieurs points nécessitent une révision. Le débat s’impose autour des dossiers conflictuels qui ne font pas encore l’unanimité au sein de la société. Il s’agit, entre autres, du mariage des mineures vertement critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme qui déplorent le mariage forcé d’enfants. L’appel est lancé pour interdire officiellement le mariage avant l’âge de 18 ans en amendant l’article 20 du code de la famille. Une proposition de loi est en cours d’étude au parlement pour combler le vide juridique en termes du minimum d’âge autorisée par le juge pour le mariage des mineures. D’autres points sont aussi en suspens : la polygamie, l’égalité dans l’héritage ainsi que la tutelle légale de la mère sur les enfants mineurs dont certaines conditions sont très restrictives. 



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