Égalité des genres : la Covid-19 complique la situation
La situation actuelle vient aggraver une situation déjà défavorable en matière d’égalité des genres. La faible mobilisation du potentiel des femmes continue de générer un coût économique important.
En dépit du progrès législatif et réglementaire réalisé en matière de promotion de l’égalité des genres, la présence des femmes dans les structures organisationnelles des départements ministériels et des organismes publics reste en deçà des attentes. Le dernier rapport gouvernemental sur la situation actuelle des travailleuses explique que la crise sanitaire a très fortement affecté nombre d’entre elles. Il faut dire que les mesures de confinement décrétées pour stopper la propagation de la pandémie ont accentué la vulnérabilité des femmes essentiellement les femmes oeuvrant dans le secteur informel, selon les conclusions du document remis aux parlementaires. La crise actuelle vient donc aggraver une situation déjà délicate. Les données de l’Exécutif indique que les disparités relevées ont impacté le taux d’activité des femmes «qui est en nette décélération, ainsi qu’un taux d’emploi qui peine à s’améliorer malgré les efforts consentis jusqu’à présent». À noter que l’estimation des gains potentiels résultant d’une réduction des écarts de genre en matière d’accès à l’emploi révèle qu’une baisse d’un quart de différence d’activité entre les hommes et les femmes conduirait à une hausse de la production par tête comprise entre 5,7 et 9,9%.
Recentrage des politiques publiques
Sur la base de ces constats, le gouvernement compte durant cette dernière année de mandat se focaliser sur ce gisement inexploité, en dépit des risques soulevés par la crise sanitaire et économique. «L’approche genre devrait être placée au cœur des politiques publiques dédiées à la relance et au renforcement de l’inclusion sociale. Ce positionnement de choix qu’il convient de conférer à la participation économique des femmes est le seul raccourci possible pour asseoir la trajectoire du développement du pays sur des bases solides et pérennes», insiste le diagnostic de l’Exécutif. Il s’agit d’opérer un recentrage des stratégies sectorielles et des initiatives destinées à l’emploi des jeunes vers la réduction des inégalités. Le gouvernement a ainsi décidé de prendre en considération, pour la période 2021-2023, la dimension genre dans la programmation triennale du Budget, et surtout d’intégrer les plans d’action stratégique à moyen terme (PASMT) qui traduisent une série d’engagements pris dans le cadre du Plan gouvernemental pour l’égalité (PGE II). Une nouvelle circulaire du chef de gouvernement a aussi été édictée, insistant sur le fait que les ministères et les établissements publics doivent prendre en considération les exigences liées à l’égalité d’accès aux emplois dans leurs budgets pour les trois prochaines années. Cette crise a également révélé l’urgence de renforcer l’égalité des genres dans le contexte actuel de crise afin d’améliorer l’accès des femmes aux opportunités économiques et de réduire les inégalités qui se sont accentuées du fait de la Covid-19.
Emploi : Les femmes toujours désavantagées
Les données communiquées aux parlementaires indiquent que les femmes qui ont le statut de travailleur indépendant représentent 16% de l’emploi féminin, alors que les salariées représentent plus de 30%. La plupart des femmes ayant le statut d’indépendant ont dû arrêter leur activité durant le 2e trimestre 2020. Concernant la reprise post-confinement, près de 31% des femmes qui étaient en situation d’arrêt de travail ont repris leur activité, et 22% sont au chômage ou inactives, alors que les hommes ayant ce dernier statut représentent 7% de l’emploi masculin. C’est dire que les femmes font face à plus de difficultés à accéder à un nouvel emploi, «en raison du poids des normes sociales qui perpétuent l’idée que les hommes, en tant que chefs de familles, devraient avoir un accès privilégié à l’emploi lorsque les opportunités de travail sont limitées», souligne le constat du gouvernement. Sur l’ensemble des personnes en situation d’emploi lors du confinement sanitaire, près de 16% ont adopté le travail à distance. Les femmes en activité ont également subi une baisse de leurs revenus (51% des femmes actives).
Younes Bennajah / Les Inspirations Éco