Maroc

Développement durable : la chimie, catalyseur de la transition énergétique ?

Secteur transversal, la chimie dispose d’importants atouts pour jouer un rôle déterminant dans la transition énergétique du Maroc. La question était au coeur des échanges lors de la troisième édition du Forum international consacré à ce secteur. Décryptage.

Au cours de ces dernières années, le Maroc a initié d’ambitieux projets pour réussir le pari du développement durable. Parallèlement au développement de mégaprojets de production d’énergies renouvelables, notamment l’hydrogène vert, d’importants investissements sont prévus dans des gigafactories pour fabriquer des batteries pour véhicules électriques et ainsi renforcer la mobilité durable et la décarbonation.

La chimie, secteur transversal, a un important rôle à jouer dans cette stratégie verte. C’est l’avis des nombreux experts ayant pris part à l’ouverture de la troisième édition du Forum international de la chimie, le 21 mai à Rabat.

Placé sous le thème : «L’industrie chimique marocaine au cœur de la transition énergétique et des enjeux stratégiques», cet évènement, organisé par la Fédération de la chimie et de la parachimie, a réuni des experts, des décideurs politiques, des leaders économiques et des chercheurs de renom pour explorer les opportunités et les défis liés au secteur chimique marocain.

Faire de la chimie un levier central de la souveraineté industrielle du Maroc
D’après Abed Chagar, président de la Fédération de la chimie et de la parachimie, le thème de cette présente édition traduit la volonté de l’organisation de «faire de la chimie un levier central de la souveraineté industrielle du Maroc, un moteur d’innovation et une source de croissance responsable». Et d’ajouter : «Fort de ses ressources naturelles, de sa position géographique stratégique, et de son capital humain de qualité, la chimie marocaine est prête à accueillir des métiers d’avenir».
Pour de nombreux experts, la chimie marocaine pourrait concevoir des solutions innovantes afin de soutenir des filières d’avenir, particulièrement l’hydrogène vert. C’est la conviction de la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali. «La chimie joue un rôle essentiel dans le développement de l’hydrogène vert, en optimisant les procédés de production, le stockage et le transport. Elle permet d’améliorer l’efficacité des réactions chimiques et de réduire leur impact environnemental et de développer des matériaux adaptés aux exigences techniques de l’hydrogène», a-t-elle déclaré dans un enregistrement vidéo.

Renforcer la R&D et actualiser la réglementation du secteur
Mais pour contribuer pleinement à cette transition énergétique, le secteur doit relever plusieurs défis, selon le président de la CGEM, Chakib Alj.

D’abord, investir davantage dans la recherche et développement (R&D). «Nous devons renforcer la recherche et développement notamment dans la chimie. L’innovation est une condition nécessaire à la montée en gamme industrielle», a-t-il martelé.

Selon lui, le fonds Tatwir & RD, qui dispose de 300 millions de dirhams annuels, «doit être renforcé, et son accès ainsi que ses modalités de remboursement doivent être facilités aux entreprises».

Ensuite, actualiser la réglementation en vigueur du secteur. «La législation qui encadre les entreprises du secteur actuellement est ancienne, et les textes de loi datent parfois de la période du protectorat. Ce règlement constitue, en 2025, un frein au développement du secteur», suggère le patron des patrons.

Investir dans le capital humain
Enfin, renforcer le capital humain. «La refonte de la formation professionnelle est aujourd’hui impérative et urgente, si nous voulons permettre des passerelles vers les filières d’avenir», a-t-il souligné.

Avant de révéler qu’«aujourd’hui, seules 1% des entreprises qui cotisent en bénéficient, et c’est une anomalie du système qui ne peut plus durer». Outre le rôle de la chimie dans les secteurs de l’hydrogène vert et des batteries pour les véhicules électriques, d’autres thématiques ayant trait à la contribution du secteur dans la valorisation des ressources minières et naturelles, le capital humain, l’industrie portuaire, le dessalement d’eau de mer, la R&D et formation des talents seront aussi abordés durant ce forum.

Cette édition a été marquée par la participation de délégations en provenance d’Ethiopie, du Kenya et de Tanzanie. «Nous voulons bâtir des ponts solides de coopération industrielle, commerciale et technologique avec ces pays d’Afrique de l’Est», a expliqué Abed Chagar.

D’après lui, leur présence, qui sera marquée par des visites de sites stratégiques et des rencontres BtoB, «permettra de nouer des partenariats concrets, initier des projets de développement structurants, fondée sur une vision africaine intégrée durable et mutuellement bénéfique».

Abed Chagar
Président de la Fédération de la chimie et de la parachimie

«Cette troisième édition du forum traduit notre volonté de faire de la chimie un levier central de la souveraineté industrielle du Maroc, un moteur d’innovation et une source de croissance responsable».

Chimie et parachimie : un chiffre d’affaires de 190 MMDH

La chimie et parachimie est l’un des secteurs à fort impact au Maroc. La filière représente près de 30% de la production industrielle nationale et plus de 20% des exportations. Le secteur génère un chiffre d’affaires de 190 milliards de dirhams (MMDH) et crée 180.000 emplois directs et indirects. C’est également le premier investisseur industriel.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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