Dépenses par habitant : l’Oriental sur le podium national

Alors que l’économie régionale de l’Oriental a enregistré une contraction de -1% en 2023, les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP) révèlent une dynamique interne particulièrement solide. La région se hisse en effet au troisième rang national pour les dépenses de consommation finale des ménages par habitant, dépassant la moyenne nationale. Cette vigueur de la demande interne offre un potentiel de relance crucial, même si elle ne suffit pas encore à masquer les défis structurels du PIB régional.
C’est une performance qui nuance fortement le bilan économique général de l’Oriental en 2023. La région s’est distinguée en s’arrogeant la troisième place au niveau national en matière de dépenses de consommation finale des ménages par habitant.
Cette avancée témoigne d’une résilience notable de la demande locale. Ces dépenses ont bondi de 9,1% en un an, passant de 24 468 DH en 2022 à 26 689 DH en 2023. Fait marquant, ce niveau de consommation individuelle dépasse l’homologue national de 2 272 DH, attestant d’une propension à consommer, ou d’un pouvoir d’achat relatif, plus fort que dans la plupart des autres régions.
Au total, les dépenses de consommation finale des ménages de l’Oriental ont atteint 61,622 milliards de dirhams en 2023, soit une augmentation de 8,6% par rapport à l’année précédente, et ont contribué pour 6,9% aux dépenses nationales.
Le contraste d’un PIB régional en déclin
Cette forte demande interne contraste vivement avec le tableau macroéconomique général. L’Oriental a marqué un coup d’arrêt majeur avec un taux de croissance négatif de -1% en 2023, en net recul par rapport aux 0,4% enregistrés en 2022. Cette contre-performance place la région à la onzième position nationale en termes de croissance et contribue négativement à la croissance du PIB du pays.
Cette contraction s’explique par un ralentissement des piliers traditionnels de la richesse. Bien que dominant avec 54,8% du PIB régional (soit 40,863 milliards de dirhams générés), le tertiaire (services) a vu sa contribution diminuer de 1,8 point.
La situation est plus délicate encore pour le primaire (agriculture et pêche), dont la part dans le PIB régional a chuté de 2,3 points, le secteur ayant également enregistré une régression de 2,2 points dans sa contribution au secteur primaire national. Un seul secteur affiche une dynamique positive : le secondaire (industrie, BTP, énergie). Celui-ci a en effet augmenté sa part dans le PIB régional de 3,5 points pour atteindre 22,6%, signalant des investissements et une activité plus soutenus.
Une richesse produite encore en deçà de la moyenne nationale
Si la consommation est un indicateur de bonne tenue, le PIB par habitant confirme que la richesse produite localement reste inférieure à la moyenne. Bien que la région se classe à la huitième place pour cet indicateur, le PIB par habitant a grimpé pour atteindre 32.297 DH en 2023 (en hausse de 9,4% par rapport à 2022). Il existe toutefois un écart notable de 8.211 DH avec la moyenne nationale, qui s’établit à 40.508 DH. Le PIB global de l’Oriental s’est élevé à 74,571 milliards de dirhams aux prix courants, ne représentant que 5% de la richesse nationale.
Le défi de transformer la consommation en production
La divergence entre une économie productive qui stagne et une consommation des ménages en pleine forme soulève une question fondamentale. Qu’elle soit alimentée par des transferts ou une confiance locale, cette troisième place nationale en dépenses par habitant est un atout majeur. Elle signifie qu’un marché local puissant est disponible, un marché qui, s’il est soutenu par des politiques d’investissement ciblées, pourrait devenir le principal catalyseur de la relance.
L’enjeu pour les acteurs économiques sera désormais de transformer cette forte consommation en production locale accrue, notamment en capitalisant sur le dynamisme naissant du secteur secondaire pour ancrer la richesse au sein de la région. C’est à cette condition que l’Oriental pourra non seulement résorber son retard de croissance, mais aussi aligner sa production sur la force de sa demande interne.
Sami Nemli / Les Inspirations ÉCO