Maroc

Culture fourragère : la solution OCP pour contrer les effets de la sécheresse et la salinité

Blue panicum est une graminée fourragère alternative résistante à la sécheresse et à la salinité, qui pourrait répondre aux défis de l’agriculture fourragère au Maroc. Présenté au SIAM par la Fondation Phosboucraa, elle offre des rendements élevés et sa qualité nutritionnelle est supérieure. Cette culture promet de valoriser les ressources salines inexploitées du pays.

La Fondation Phosboucraa lève le voile, à l’occasion du 16e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), sur une solution végétale prometteuse pour relever les défis posés par la sécheresse et la salinité, deux phénomènes qui affectent considérablement la production fourragère. Le Maroc, avec son climat aride et ses faibles précipitations, connaît des rendements relativement bas pour les cultures fourragères traditionnelles comme le maïs fourrager et la luzerne, en particulier dans les régions touchées par la salinité des sols telles que Foum Eloued, Doukkala, Drâa et Sed El Mesjoune. Face à cette situation préoccupante, l’alternative proposée par la Fondation Phosboucraa pourrait offrir une lueur d’espoir pour l’agriculture fourragère du pays.

Valoriser les ressources salines par les cultures fourragères alternatives
Pour Abdelaziz Hirich, professeur à l’Institut africain de recherche sur l’agriculture durable à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Laâyoune, l’enjeu est de taille. Alors que l’élevage constitue l’activité agricole prépondérante dans le Sud marocain, la majorité des parcours sont sévèrement dégradés par le surpâturage et la désertification. De plus, entre 30 et 50% des eaux souterraines du Maroc présentent un taux de salinité supérieur à 3 g/l, les rendant impropres à l’agriculture conventionnelle.

Cependant, le Maroc dispose d’un fort potentiel de ressources salines, tant au niveau des eaux que des sols, ouvrant la voie au développement d’une agriculture biosaline. Dans ce contexte, Hirich souligne que les cultures fourragères alternatives représentent une opportunité majeure pour répondre à la demande croissante en fourrage, tout en valorisant ces ressources salines jusqu’alors inexploitées. Une solution durable pour allier production agricole et préservation des ressources naturelles.

Le blue panicum : une alternative fourragère prometteuse
Parmi les cultures fourragères alternatives présentées, le blue panicum (Panicum antidotale Retz) s’est distingué par ses nombreux atouts. Cette graminée pérenne allie en effet une excellente qualité fourragère à une remarquable résistance à la salinité et à la sécheresse. Facile à cultiver, avec une multiplication rapide grâce à son système racinaire développé en rhizomes, elle affiche un potentiel de rendement pouvant atteindre 150 t/ha de matière fraîche.

Pérenne sur près de dix ans, elle se montre également résistante aux ravageurs et aux maladies. Les résultats des expérimentations menées par la Fondation Phosboucraa, en partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique, sont éloquents. Sous des conditions de forte salinité (conductivité électrique de 16 dS/m), alors que le maïs fourrager plafonnait à 5 t/ha et la luzerne à 25 t/ha, le blue panicum a produit 75 t/ha de matière fraîche. Ses teneurs en protéines et fibres se sont également révélées supérieures aux autres fourrages testés.

Dans le cadre de ses recherches, la Fondation Phosboucraa a déployé 10 plateformes de démonstration couvrant différentes zones agro-climatiques, niveaux technologiques et conditions de salinité et de sol. Les études ont confirmé les performances agronomiques du blue panicum, notamment grâce aux effets bénéfiques des amendements organiques et de la fertilisation NPK sur les rendements fourragers.

Du champ à l’étable : la Fondation Phosboucraa cartographie les bénéfices du blue panicum
Les travaux menés par la Fondation ont permis de tirer d’importantes conclusions quant aux cultures fourragères alternatives dans les environnements arides et salins. Tout d’abord, il est clair que ces cultures, à l’instar du blue panicum, sont les mieux adaptées et les plus performantes dans ces conditions difficiles, répondant ainsi à un besoin croissant en fourrage qui justifie leur adoption à grande échelle. Ensuite, l’optimisation de leur productivité passe par la mise en œuvre de bonnes pratiques agricoles.

Parmi celles-ci, la transplantation des racines, l’apport d’amendements organiques et d’une fertilisation NPK, la culture intercalaire ou encore le lessivage des sols pour contrôler l’accumulation de sels ont permis d’augmenter les rendements de 50% en moyenne.

Par ailleurs, la recherche a établi que pour le blue panicum, une fauche tous les 40 jours constitue l’intervalle idéal pour maximiser à la fois les quantités récoltées et la qualité fourragère. Les essais physiologiques ont également permis d’élucider les mécanismes de résistance de cette graminée à la salinité, avec une exclusion et une accumulation du sodium toxique dans le système racinaire, tandis que le potassium s’accumule préférentiellement dans les parties aériennes. Enfin, les études zootechniques ont confirmé les bénéfices de substituer cette nouvelle ressource fourragère aux rations conventionnelles, avec une production laitière stabilisée, une réduction des coûts alimentaires et donc une hausse des revenus pour les éleveurs.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO


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