Crise Maroc-Espagne : les partisans de la “paix“ s’activent
Tandis que le PSOE et le PP plaident pour la reprise des relations bilatérales entre les deux pays, d’autres formations qui ne sont pas du même avis continuent de s’acharner contre le Maroc.
En Espagne, le parti socialiste au pouvoir souffle le chaud et le froid dans le dossier des relations bilatérales avec le Maroc. Alors que le Parti Populaire (PP), chef de file de l’opposition espagnole, avait présenté, début juin, un projet de loi visant à œuvrer, au plus vite, en faveur d’une reprise des relations diplomatiques avec le Maroc, et de ce fait une sortie «de la grave crise» que traversent les les deux pays, cette initiative fut sèchement rejetée par la commission des Affaires étrangères au sein du Congrès des députés, la chambre basse espagnole.
Cette semaine, un revirement de situation s’est produit lorsque cette même commission a adopté, quasiment à l’unanimité ( 28 voix pour et 7 voix contre) contre, un projet allant dans ce même sens. Et, surprise, le PSOE (parti ouvrier espagnol) a fait marche arrière et l’a approuvé. Il était même le chef de file de cette initiative avec son rival politique, le PP. Que dit la proposition de loi ? Grosso modo, rien de nouveau vu qu’elle centre le débat sur le renforcement des relations en matière d’immigration et de sécurité.
De plus, les membres ont appelé le cabinet de Sanchez à «œuvrer pour garantir la pleine collaboration du Maroc en matière de rapatriement des mineurs». De surcroît, la coalition a lancé un appel pour une collaboration «équilibrée et efficace, équitable et fiable», sans toutefois faire mention des exigences marocaines. Comment l’Espagne compte procéder ? Quel pas ce gouvernement est-il prêt à franchir pour rétablir la confiance brisée entre les deux pays ? Pour le moment, aucun geste n’a été entrepris, mais il semblerait que la première étape serait de procéder à un changement à la tête de la diplomatie espagnole. Laya Gonzalez est à présent une personne non grata auprès de la partie marocaine.
Dans ce sens, il est fort probable que Pedro Sanchez procède à un remaniement ministériel au plus tard à la reprise du calendrier politique en septembre prochain. Luis Planas, l’actuel ministre de l’Agriculture, est le grand favori pour la remplacer, selon les bruits de couloirs. Il faut dire que cet ex-ambassadeur d’Espagne à Rabat est apprécié des autorités marocaines. Grand connaisseur des dossiers européens grâce à sa carrière au sein cette institution comme représentant permanent de son pays auprès de l’UE, Planas pourrait rapprocher les deux camps.
En 2004, bien qu’il ne soit pas diplomate de carrière, il fut choisi par José Luis Zapatero (ndlr: président du gouvernement d’Espagne de 2004 à 2011) pour réchauffer les relations bilatérales, celles-ci ayant pris un coup de froid sous la direction de son prédecesseur, José Maria Aznar. Par ailleurs, cet appel espagnol à la reprise des relations et la construction de liens loin des menaces et de l’agitation n’est pas du goût de Vox. La formation extrémiste a présenté un projet, au cours de cette même session de la commission des Affaires étrangères, appelant à la «suspension des aides à la coopération» destinées au Maroc ainsi que les fonds destinés à la lutte contre l’immigration.
De son côté, le parti centriste Ciudadanos mène cavalier seul et appelle l’Union européenne à «enquêter» sur la décision souveraine marocaine de ne pas inclure les ports espagnols dans l’opération Marhaba. Tout cela pour dire que Sanchez ferait bien de commencer par mettre de l’ordre au niveau interne avant d’exiger quoique que ce soit du Maroc !
Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco