Covid-19 : les tests de dépistage font à nouveau débat
Face à l’explosion des cas de contamination, les tests de dépistage de la Covid-19 font à nouveau débat au Maroc. Après la décision de retrait des tests salivaires rapides anti-Covid-19 «Gigalab» des pharmacies, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) semble bien déterminée à reprendre la distribution de ces tests, puisque la décision de retrait ne concerne qu’un seul lot du laboratoire Gigalab.
Le bras de fer entre les pharmaciens et les laboratoires sur la commercialisation des tests Covid-19 se poursuit. Après l’opposition des biologistes à la vente d’autotests salivaires rapides anti-Covid-19 «Gigalab» en pharmacies, puis la décision du ministère de la Santé de retirer le produit des pharmacies, la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) semble bien déterminée à reprendre la distribution des tests salivaires. En effet, CSPM vient d’informer les pharmaciens que la décision du retrait ne concerne que les tests salivaires de la marque Gigalab Covid-19 AG gold salive, et uniquement le lot portant le numéro: 2101S5701-01/2023. «La décision du ministère de retirer un lot de tests salivaires du fabricant Gigalab du marché a provoqué une confusion totale auprès des professionnels, ce qui a nécessité notre intervention pour tirer les choses au clair», précisent les membres de la CSPM.
La confédération a également sensibilisé les pharmaciens d’officine de s’assurer que les réactifs à usage in vitro disposent du certificat d’enregistrement délivré par la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) avant de s’approvisionner auprès de leurs fournisseurs. Il faut noter que cette décision de la CSPM de reprendre la commercialisation des tests salivaires intervient au lendemain d’une sortie médiatique du Conseil des pharmaciens biologistes (CPB) dont les membres ont dénoncé les irrégularités qui entachent la distribution des tests antigéniques. «Le test salivaire, qui est un test antigénique, est autorisé par le ministère de la Santé uniquement pour un usage hospitalier, et même les laboratoires accrédités pour effectuer des tests PCR pour la Covid-19 ne peuvent l’utiliser, à plus forte raison les laboratoires non autorisés», expliquent les membres du CPB qui déplorent l’exposition de ces tests sur les rayons des officines, distribués par quelques répartiteurs et sur les étalages des parapharmacies.
Le Conseil des pharmaciens biologistes et la Chambre syndicale des biologistes ont saisi le ministère de la Santé, qui a suspendu à titre conservatoire l’enregistrement du réactif et a ordonné le retrait immédiat du produit. Pour le CPB, le test salivaire antigénique est un réactif de diagnostic in vitro et non un dispositif médical, dont l’importation ou l’enregistrement, ainsi que le stockage ou la distribution doivent s’effectuer conformément aux dispositions légales. Plusieurs biologistes ont exprimé leur étonnement suite à la mise en vente de ces tests, ce qui va d’après eux à l’encontre de la réglementation en vigueur et en totale contradiction avec la loi. Les pharmaciens ne sont pas habilités à réaliser des examens de biologie médicale, sauf ceux spécifiés dans l’arrêté du ministère de la Santé 1131-13, fixant la liste des analyses d’orientation clinique pouvant être pratiquées par les pharmaciens d’officine, NDLR, relatif à la loi 12-01 concernant les laboratoires privés d’analyses de biologie médicale. Contactés par «Les Inspirations Éco», certains pharmaciens accusent les biologistes de vouloir garder le monopole sur le marché des tests au Maroc.
Marrakech-Safi : l’utilisation des tests rapides généralisée
À Marrakech, le Conseil régional de l’Ordre des médecins a appelé les médecins de la région à recourir aux tests antigéniques rapides dans tous les cas de forte suspicion de Covid avec présence de symptômes (fac-similé ci-dessous), dans le but de raccourcir les délais de prise en charge des malades. Cette décision vient surtout pour faire face à la situation épidémiologique actuelle de l’infection Covid-19 marquée par une recrudescence importante du nombre de cas, y compris les cas graves nécessitant la prise en charge aux services de soins intensifs et de réanimation, et dans un but de diagnostic et de traitement précoce. «Afin d’éviter au maximum les formes graves, je vous prie de bien vouloir procéder massivement au dépistage précoce des cas suspects au sein de vos cabinets médicaux en intégrant l’utilisation des tests antigéniques rapides dans votre pratique quotidienne», précise Tarik Hanich, président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Marrakech-Safi. Il a également rappelé que l’infection Covid-19 est une maladie infectieuse à déclaration obligatoire. D’où, les cas testés positifs et négatifs doivent être déclarés et envoyés quotidiennement à l’adresse électronique dédiée.
Tunisie : les tests antigéniques officialisés en officines
En Tunisie, le ministère de la Santé a décidé d’autoriser les pharmaciens et médecins biologistes, les pharmaciens du secteur privé, les médecins du travail et les médecins de libre pratique, à effectuer des tests rapides pour le dépistage du coronavirus. L’unité des laboratoires a émis les recommandations techniques à respecter pour effectuer les analyses, aux professionnels de santé concernés. En effet, les pharmaciens volontaires à l’exécution de ces tests devront obligatoirement déclarer les résultats des tests de leurs patients sur une plateforme qui générera l’attestation (avec QR code) à remettre au patient. Le ministère de la Santé tunisien a également fixé dans une circulaire le prix maximum du test rapide à environ 7 dollars.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO