Coopération Chine-Afrique : à Changsha, Pékin réaffirme ses ambitions économiques et stratégiques

La réunion ministérielle de haut niveau du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) s’est ouverte mercredi 11 juin à Changsha, dans la province chinoise du Hunan. Un rendez-vous destiné à faire le point sur les engagements pris lors du dernier sommet et à projeter les futures priorités du partenariat sino-africain.
Alors que les tensions géopolitiques internationales s’intensifient et que les dynamiques du Sud global s’affirment sur la scène mondiale, la Chine entend renforcer ses alliances stratégiques sur le continent africain. C’est dans cet esprit que s’est ouverte, mercredi à Changsha, la réunion ministérielle de suivi des recommandations du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), en présence des représentants de plusieurs pays africains et de hauts responsables chinois.
Engagements financiers et perspectives à long terme
Dans un message lu par son ministre des affaires étrangères, Wang Yi, le président Xi Jinping a annoncé l’intention de son pays de conclure un accord de partenariat économique global avec l’Afrique, incluant une exonération totale des droits de douane pour les 53 pays du continent entretenant des relations diplomatiques avec Pékin.
«Face aux évolutions et tensions qui marquent le contexte international actuel, la Chine apportera un soutien renouvelé aux partenaires du Sud global, dont l’Afrique», a-t-il déclaré.
Au-delà du volet commercial, Pékin souhaite également approfondir sa coopération avec le continent dans plusieurs secteurs stratégiques : industrie verte, commerce électronique, technologies de l’information, systèmes de paiement numérique et intelligence artificielle figurent parmi les domaines identifiés comme prioritaires.
Wang Yi est revenu sur les engagements pris depuis le sommet de septembre 2023 à Pékin, soulignant que la Chine avait investi plus de 13,3 milliards de yuans (1,8 milliard de dollars) en Afrique et apporté un soutien financier dépassant les 150 milliards de yuans (environ 20,8 milliards de dollars) sous diverses formes.
Cinq grandes orientations guideront désormais l’action diplomatique et économique de Pékin sur le continent, selon le ministre chinois, qui a réaffirmé la volonté de son pays de préserver la solidarité sud-sud et de promouvoir une «dynamique d’excellence sino-africaine». À ce titre, 2026 a été désignée comme l’année sino-africaine des échanges humains et culturels.
Vers un agenda commun sino-africain
Le ministre congolais des affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, qui a transmis un message de félicitations du président Denis Sassou Nguesso, a souligné, dans son allocution, l’importance stratégique de cette réunion dans un contexte mondial marqué par de nombreux défis : sécurité, paix, transition écologique et mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Il a salué un cadre de coopération «fondé sur la confiance mutuelle et l’esprit de solidarité».
Cette rencontre s’inscrit dans le prolongement du plan d’action Pékin 2025-2027 adopté lors du dernier sommet du FOCAC. Elle vise à coordonner les efforts autour des priorités communes aux deux partenaires, notamment l’Initiative la Ceinture et la Route et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Créé en octobre 2000 à Pékin, le FOCAC est le plus ancien forum régional instauré par la Chine. Il a connu une accélération en 2006, lorsque Pékin a lancé un fonds de développement de cinq milliards de dollars assorti de prêts sans intérêts destinés aux pays africains. La coprésidence du Forum, actuellement assurée par la Chine et la République du Congo pour la période 2024-2027, sera marquée par la tenue de la dixième Conférence ministérielle du FOCAC en 2027, sur le sol congolais.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO