Maroc

Conseil national de la presse : L’enlisement

La période de constitution du Conseil national de la presse (CNP) est marquée par des guerres intestines et des manœuvres de déstabilisation. Cette situation  risque de mettre à mal le futur organe déontologique des médias au Maroc.

Le processus de constitution du nouveau CNP s’enlise. Le 22 juillet, les sept éditeurs élus au sein du CNP ont annoncé «le gel de leur contribution à la constitution du CNP jusqu’au redressement du processus et l’assainissement du climat, dans le but de faire de ce conseil une partie de la solution et non pas du problème». Cette décision a été précédée par la démission de Mohammed Brini, fondateur d’Al Ahdath Al Maghribiya, désigné comme 8e éditeur au sein du CNP. Brini justifie sa démission par le climat «lourd, dégradé et pourri» qui marque le secteur depuis le début de la constitution du CNP. Pour leur part, la liste des journalistes «ne commente pas cette décision», déclare Abdellah Bekkali, élu au CNP et président du SNPM. Les deux autres listes, en lice, «saluent la décision de la FMEJ». Depuis le 22 juin, date des élections au CNP, plusieurs guerres intestines ont éclaté entre membres du SNPM au sujet de plusieurs contentieux passifs et actuels. Au même moment, le SNPM accuse «le DG de la MAP de mener des manœuvres souterraines pour plomber le processus de constitution du CNP», peut-on lire dans le communiqué du bureau exécutif du SNPM du 20 juillet dernier. La guerrre des communiqués fait rage.  Ce qui devait être un moment serein pour installer une autorité morale au sein du secteur des médias se transforme en une guerre verbale.

Une pièce en quatre actes
Cette guerre verbale via des communiqués et des dépêches relayées par l’agence officielle s’est déroulée en quatre actes.

Acte n°1 : Le 21 juin, à la veille du jour des élections, deux des trois listes candidates dans la catégorie «Journalistes» se retirent de la course électorale et préfèrent batailler sur le terrain judiciaire. Ces deux listes («Le Changement» et «Fidélité et responsabilité», menées respectivement par Ali Bouzerda (Article 19) et Abdessamad Bencherif (Al Maghribia TV) ont déposé des recours au niveau du Tribunal administratif de Rabat pour invalider un membre de la liste menée par Hamid Saâdni (2M), issue d’une alliance entre le SNPM et la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication (FNJIC) affiliée à l’UMT. Les deux listes contestataires seront déboutées par la justice administrative.

Acte n°2 : Le 23 juin, au lendemain de l’annonce des résultats les hostilités reprennent, en force. Une dépêche de la MAP annonce que «des journalistes de la MAP» refusent les résultats du 22 juin. Le 28 juin, la liste SNPM-FNJIC accuse la direction de l’agence publique d’information : «161 journalistes de la MAP ont été interdits de manière directe de voter sous la contrainte et les pressions. Seuls 15 journalistes de la MAP ont voté en défiant leur direction».

Acte n°3 : Le 12 juillet, 54 journalistes membres du SNPM signent un communiqué «dénonçant avec vigueur la méthode de sélection non-démocratique pour former la liste de notre organisation au sein du SNPM». Les signataires protestent aussi contre le mode de choix du 8e membre de la liste (journaliste honoraire) qui aurait été effectué «loin des instances dirigeantes du syndicat», avancent les signataires. La direction du SNPM répond par un communiqué, le 14 juillet, au ton menaçant : «Cet acte est contraire aux lois et principes de transparence. Cette sortie fera l’objet d’une discussion au sein de notre instance, en respect de la loi et des valeurs démocratiques».

Acte n°4 : Le 20 juillet, six des signataires du 1er communiqué répliquent en récusant les arguments de la direction du SNPM et campent sur leurs positions. Entre les deux parties, c’est l’impasse. «Nous boycottons les réunions du SNPM et nous exigeons une réforme profonde et radicale de notre instance afin de mettre fin à la dégradation du syndicat». La décision de Brini arrivera-t-elle à mettre fin à ces guerres intestines ? À coup sûr, ce feuilleton laissera des traces, comme le soulève le membre démissionnaire : «Les étapes de la constitution du CNP ne font que renforcer l’image négative de la presse marocaine auprès de larges pans des citoyens. Cette situation menace d’ôter à ce conseil sa crédibilité et son autorité morale, même avant son installation».


Nourredine Miftah
Président de la FMEJ

Nous l’avions dit dès l’annonce des résultats, le chemin pour arriver au CNP est plus important que son installation. Cette étape doit être au même niveau que les nobles missions de cette instance. Or, de profondes divergences autour de ce conseil existent actuellement. De facto, le climat est malsain. Toute participation dans ce contexte devient une contribution à une instance paralysée. Nous tirons la sonnette d’alarme et nous appelons les professionnels des médias à adopter une nouvelle approche».

Abdallah Bakkali
Président du SNPM

Nous ne commentons pas les décisions de la FMEJ. Ceci relève des missions du comité de supervision, il faut qu’elle assume ses responsabilités. Dès le départ, nous avons annoncé que la Constitution allait être une phase difficile. Il s’avère que la gestion sera ardue à gérer. Pour notre part, nous acceptons la diversité des points de vue. Nous sommes prêts à répondre à ses demandes, tout en préservant notre unité et le développement de la profession».

Omar Zghari
Membre du secrétariat général du SNPM

Nous contestons le processus de sélection des représentants du SNPM pour les élections du SNPM, marqué par des méthodes d’exclusion dans les coulisses et le secret dans le cadre d’un deal suspect. Seul le président, son secrétaire général et quelques proches ont été au fait de ces manœuvres. Nous appelons au retrait du nom de la journaliste honoraire désignée hors des instances du syndicat. Ces méthodes ont nuit à l’image et à la crédibilité de notre syndicat».


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