Congrès du PAM : la présidence collégiale sera-t-elle durable ?
La situation est critique. Il n’est pas d’usage que la direction d’un parti politique soit partagée. Sauf que la situation actuelle au sein du PAM l’oblige. Si a priori la présidence collégiale adoptée pourrait traduire une forme de discorde au sein du parti au tracteur, cette hypothèse est rejetée par les nouveaux dirigeants. Toutefois, à en croire certains observateurs, ce compromis est temporaire.
Opter pour une présidence collégiale. Telle a été la décision du Parti authenticité et modernité (PAM) qui compte désormais trois présidents pour diriger le parti. Sans grande surprise, il s’agit de Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Urbanisme, Mohamed Mehdi Bensaid, ministre de la Culture, et Salaheddine Aboulghali. Une présidence collégiale peu courante, notamment dans le milieu politique.
«Le recours à cette option n’est pas monnaie courante. Elle peut présenter beaucoup d’obstacles et pourrait également retarder la machine. Un navire ne peut être commandé par plusieurs chefs, autrement c’est la dérive assurée. Ce modèle s’applique à un parti politique qui a besoin d’un seul et unique chef pour le diriger. De plus, lequel entre les trois va endosser la responsabilité. La pratique n’est pas fonctionnelle», commente Mohamed Chiker, politologue.
Manque d’audace
A noter que cette forme de présidence a jadis été adoptée par certains partis politiques marocains, sauf qu’il s’agissait d’une période transitoire. «Le PAM a trouvé une sorte de compromis à travers cette présidence collégiale, eu égard à la situation actuelle et à la crise que traverse le parti. A mon sens, cette situation n’est que temporaire, le temps de surmonter cette situation. Le fait aussi que Bensaid et El Mansouri soient tous deux à la tête du parti n’est pas anodin. Le compromis justement est de fédérer les courants au sein du PAM», précise le politologue. Le même son de cloche est sondé sur la scène politique.
En effet, l’avis d’Abderrahim El Allam, politologue, abonde dans le même sens sauf que, pour lui, El Mansouri a toujours été la favorite pour reprendre les rênes du parti. «A défaut de trouver un remplaçant à Abdellatif Ouahbi, et dans le même temps être dans l’incapacité de nommer El Mansouri bien qu’elle ait été vouée à l’être, mais dans les conditions actuelles, le PAM a trouvé cette parade. Mais, concrètement, c’est à El Mansouri que revient la direction du parti.
Cette situation sera temporaire, le temps de s’habituer. Je dirais aussi que le manque d’audace politique prime encore, puisque le PAM n’a pas pu franchir le pas et nommer officiellement une femme à la tête du parti», reproche le politologue. Rappelons que le 5e congrès national du PAM s’est déroulé samedi dernier, sous les feux de la rampe à Bouznika. Pour Fatima Ezzahra El Mansouri qui s’est prononcée après l’élection des membres de la présidence collégiale, cette étape reste cruciale dans l’évolution organisationnelle du parti. Elle s’est également félicitée du niveau des débats et des discussions tenus au sein des comités du parti. Toutefois, cette dernière a réfuté en bloc les allégations portant sur une crise au sein du parti.
Lors de son allocution, El Mansouri a répondu aux accusations d’Abdelilah Benkirane, ancien Chef de gouvernement. «En réponse à ces allégations, je dirais que ce parti n’est pas le parti qui est impliqué dans les affaires de drogue qui ont défrayé la chronique récemment. Certes, des partisans du PAM sont concernés, mais l’institution ne l’est pas. L’affaire suit son cours. le parti n’est pas au-dessus des lois. Ceci dit, nous acceptons les critiques sur les réalisations, mais nous réfutons catégoriquement toute accusation à l’égard du parti», affirme-t-elle.
Par ailleurs, le congrès a rassemblé plus de 3.000 congressistes. À la clôture de cet événement politique majeur, une session du Conseil national a été tenue, marquant l’approbation des statuts du PAM et du document politique, balisant ainsi les grandes orientations de l’action future du parti. Ce document revêt une importance capitale, notamment en prévision de la création prochaine de l’académie de formation du parti, qui sera dirigée par Ahmed Akhchichine.
Fatima Ezzahra El Mansouri
SG du PAM
«En réponse à ces allégations, je dirais que ce parti n’est pas celui qui est impliqué dans les affaires de drogue qui ont défrayé la chronique récemment. Certes, des partisans du PAM sont concernés, mais l’institution ne l’est pas. L’affaire suit son cours. Le parti n’est pas au-dessus des lois. Ceci dit nous acceptons les critiques sur les réalisations, mais nous réfutons catégoriquement toute accusation à l’égard du parti.»
Mohamed Chiker
Politologue
«Le PAM a trouvé une sorte de compromis à travers cette présidence collégiale eu égard à la situation actuelle et à la crise que traverse le parti. A mon sens, cette situation n’est que temporaire, le temps de surmonter cette situation. Le fait aussi que Bensaid et El Mansouri soient tous deux à la tête du parti n’est pas anodin. Le compromis justement est de fédérer les courants au sein du PAM.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO