Maroc

Complexe Mohammed V : comme un air de discorde…

Le projet de transfert de la propriété du Complexe Mohammed V au ministère des Sports provoque une levée de boucliers au sein du Conseil de la ville de Casablanca. Face à une procédure jugée arbitraire, les élus dénoncent un passage en force et menacent de démissionner. Un affrontement qui met en jeu l’avenir de cette infrastructure emblématique, en pleine rénovation pour accueillir de grands événements internationaux.

Le transfert de propriété du Complexe Mohammed V est vivement contesté. L’affaire débute par une correspondance officielle demandant à la commune de Casablanca de régulariser la situation juridique dudit complexe. Le courrier précise que l’infrastructure, jusqu’ici sous la tutelle du Conseil de la ville, doit être transférée au ministère des Sports.

En juillet 2024, une commission technique se réunit et fixe un prix de vente à 400 dirhams le mètre carré, portant la transaction à environ 38,5 millions de dirhams pour les 96.171 m² du site. Cette décision suscite aussitôt l’indignation des élus locaux, qui dénoncent une tentative de spoliation.

Lundi, le Conseil de la ville de Casablanca s’est réuni pour discuter du dossier. L’opposition des élus était quasi unanime, certains membres du Conseil menaçant même de démissionner si la vente est entérinée.

Face à l’ampleur de la contestation, les chefs des groupes politiques, majorité et opposition confondues, ont adopté une position commune. Pour eux, céder un équipement aussi symbolique sans une véritable concertation est inacceptable.

Une identité à préserver
Karim Glaibi, membre du Conseil de la ville, fustige la décision et affirme que le Complexe Mohammed V fait partie de la mémoire collective casablancaise. Il estime que si un transfert devait avoir lieu, il devrait profiter aux clubs emblématiques de la ville : le Raja et le Wydad.

Il rappelle également que la ville investit déjà dans la réhabilitation et l’aménagement de terrains de sport pour accueillir des compétitions majeures, comme la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2030. Actuellement, la rénovation du Complexe Mohammed V bénéficie d’un budget global de 220 millions de dirhams.

Le ministère de l’Intérieur contribue à hauteur de 100 millions de dirhams, la commune de Casablanca apporte 50 millions, tandis que la Fédération royale marocaine de football et le ministère de la Culture allouent respectivement 40 et 30 millions de dirhams.

Un rejet catégorique de la mairie
Dans une lettre officielle adressée à la délégation des domaines de l’État et signée par Said Naciri, vice-président de la ville, la mairie de Casablanca dément toute intention de vendre le Complexe Mohammed V et affirme que le stade appartient au domaine public, ce qui exclut toute transaction.

Le courrier rappelle que la municipalité n’a jamais exprimé la volonté de céder le complexe et insiste sur le fait que l’infrastructure relève du domaine public communal.

Il souligne également que la ville n’a ni demandé la tenue d’une commission d’évaluation ni participé à ses travaux, en contradiction avec les dispositions légales en vigueur. «Toute demande en ce sens doit s’inscrire dans le cadre réglementaire définissant les compétences du conseil communal», précise la lettre.

Un stade en pleine transformation
Inauguré en 1983 lors des Jeux méditerranéens par feu le Roi Hassan II, le Complexe Mohammed V fait actuellement l’objet d’une rénovation de grande envergure. Le chantier, divisé en deux phases, comprend la réhabilitation de la structure béton, l’installation de nouveaux sièges, la mise en place de panneaux d’affichage ainsi que de dispositifs de contrôle d’accès et d’un système de vidéosurveillance. La seconde phase prévoit un nouvel éclairage, un aménagement extérieur et l’amélioration de la sonorisation.

Au total, plus de 45.000 sièges seront installés, accompagnés de nouveaux équipements modernes pour garantir la conformité du stade aux standards internationaux. Au-delà d’une simple question de gestion, le conflit entre la ville de Casablanca et le ministère de la Culture traduit une lutte d’influence sur le patrimoine sportif de la métropole. Alors que les travaux avancent pour faire du stade un pôle d’excellence, la question de son avenir et de son mode de gestion reste suspendue à l’issue de cette bataille institutionnelle.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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