Maroc

Comment ADM est devenue incontournable sur plusieurs marchés d’Afrique ?

Maroc, Côte d’Ivoire, Sénégal… Les entreprises marocaines spécialisées dans les travaux de voirie et assainissement sont à la conquête du continent. Comment, en l’espace d’une dizaine d’années, les entreprises du secteur sont-elles devenues incontournables sur plusieurs marchés d’Afrique subsaharienne ? Une partie de la réponse se trouve du côté de la Société nationale des Autoroutes du Maroc, notamment dans sa politique de préférence locale.

SGTM, la Société internationale de travaux Maroc (Sintram SA), Mojazine méridionale travaux, filiale du groupe Mojazine, spécialisée dans les travaux de voirie et assainissement, transformation de produits bitumineux (enrobés, couches de roulement)… La liste est longue. L’écosystème de la Société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) s’étoffe avec la multiplication des projets d’entretien et de développement de son réseau autoroutier. ADM Projet, filiale technique de la société gestionnaire des autoroutes, est une pièce maîtresse, sinon le chef d’orchestre de toute cette machine. C’est elle qui coordonne les actions de la trentaine d’entreprises prestataires qui constituent l’écosystème de sa société mère dans l’optique de le développer. ADM Projet est une société d’ingénierie. La filiale gère les projets d’infrastructures pour le compte de sa société mère et également d’autres donneurs d’ordres. «Notre objectif n’est pas uniquement de réaliser le projet, mais de tirer notre écosystème vers le haut», explique Omar Sikkal, directeur général d’ADM Projet.

Rappelons qu’ADM a réalisé plus de 1.800 km d’autoroute à l’échelle nationale, deuxième plus grand réseau sur le continent. L’accompagnement des prestataires se fait sur plusieurs plans, via la préférence nationale, en mettant à disposition l’expertise de ses ingénieurs pendant la réalisation des travaux afin de les tirer vers le haut, ou encore les délais de paiement qui s’établissent à moins de 60 jours. L’idée derrière est de transmettre toute cette expérience-terrain aux entreprises nationales. Ainsi, ces dernières bénéficient d’une clause de préférence nationale de 15% sur les appels d’offres. Lorsque les marchés publics leur sont attribués, celles-ci font l’objet d’un encadrement. Autrement dit, lors des appels d’offres, si une entreprise marocaine est 15% plus chère qu’un concurrent étranger, le prestataire marocain remporte le marché public. Ce que refuse la Banque européenne d’investissement (BEI), qui exige la suppression de la clause de préférence nationale dans le cadre du projet d’élargissement à 2×3 voies de l’autoroute Casablanca-Berrechid et de construction de la nouvelle génération de gare de péage sur cet axe. Au final, les lots 1 et 4 du projet qui devaient être financés par l’institution internationale ne l’ont pas été. Les travaux ont été financés par les fonds propres d’ADM. La réalisation de gares de péage nouvelle génération sur l’axe Casablanca-Berrechid fait partie d’un projet plus vaste, celui de l’élargissement à 2×3 voies de l’autoroute entre Casablanca et le nœud de Khouribga.

Pour donner plus d’avantages aux entreprises nationales et aller plus loin dans sa stratégie visant à tirer vers le haut son écosystème, ADM a décidé de le scinder en plusieurs lots. Pour l’heure, deux ont été entamés, le premier et le quatrième lots. Dans le détail, le premier lot, de 12 km, va de Mohammedia jusqu’à l’échangeur de Tit Mellil. Les travaux sont en cours de réalisation par une entreprise marocaine. Le deuxième tronçon va de Tit Mellil jusqu’à la bifurcation de Lissasfa. Les travaux démarreront début 2021. Le troisième lot part de Sidi Maarouf jusqu’à la gare de péage PK15, dont les travaux démarreront au début de l’année qui vient. Le quatrième lot, qui a fait l’objet d’une visite de presse, part de Bouskoura vers Berrechid sur 11 km. Il affiche aujourd’hui un taux de réalisation de 70% avec près de 5 mois d’avance, «sans que cela n’affecte la qualité du rendu». Les lots 2 et 3 devraient tout de même être financés par la BEI. Les études sont déjà réalisées, ADM attend l’aval. «En principe, nous devrions démarrer les travaux début 2021», annonce le manager. La réalisation de ces projets est également le cadre idéal pour l’implémentation de nouvelles technologies, notamment le BIM (Build Information Modeling) ou encore la surélévation d’ouvrages d’art existants, notamment les ponts.

«Vu l’expertise que nous avons développée sur ces technologies, nous encadrons nos prestataires. Notre objectif est de travailler main dans la main avec elles pour le bon avancement des chantiers. Ainsi, nous optimisons les temps et délais de livraison, et développons des synergies. C’est grâce à cette politique qu’ils se sont développés jusqu’à aller décrocher des marchés en Afrique. Aujourd’hui, les Marocains disputent des marchés importants avec des entreprises chinoises sur le continent, où ils font valoir leur expertise dans la construction d’autoroutes, les Européens étant moins compétitifs», explique Sikkal.

En l’espace d’une dizaine d’années, les entreprises nationales du secteur sont devenues incontournables sur plusieurs marchés d’Afrique subsaharienne. ADM Projet ne travaille pas uniquement avec sa société mère. La filiale exporte également son expertise. «Nous avons pas mal de projets en Afrique subsaharienne. Nous travaillons actuellement en Côte d’Ivoire où nous venons de décrocher un marché avec le Fonds d’entretien routier. Nous avons à charge d’auditer une centaine de contrats de voirie». ADM Projet a également mis en place le système de péage sur l’autoroute qui relie Abidjan à Yamoussoukro. L’entreprise a également assisté le gouvernement de ce pays dans la définition du schéma d’armature autoroutier. Elle a également assisté le Sénégal.

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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