Maroc

CGEM/PLF2022. Mostafa-Labrak: « Des restrictions et coupes budgétaires vont certainement être opérées afin de parer au plus urgent ! »

Mostafa-Labrak

Directeur général d’Energy- sium consulting et expert en énergie et carburants

Quelle est l’incidence de la hausse du dollar sur le trend haussier observé sur le prix du carburant ?
Nos importations se font exclusivement en dollar et une hausse de ce dernier impacte directement les prix à la pompe. A noter aussi que, depuis cette inflation sur les prix des carburants, les banques ont du mal à trouver suffisamment de devises dans leurs salles de marchés, puisque pour le même volume on doit débourser plus de dollars, et ce, depuis le début de l’année. Ce qui déséquilibre notre réserve de change poussant au passage des banques à une réévaluation de leur premium.

Inversement, l’euro est en baisse. Sachant que le dirham est adossé à un panier de devises. Comment pouvons-nous tirer notre épingle du jeu ?
L’euro est en baisse par rapport au dirham et au dollar aussi et donc on ne peut à mon avis tirer profit de cette situation. Les swifts bancaires, pour tout ce qui est pétrole, passent par les banques américaines qui contrôlent ces transactions toujours en dollar.

Sachant que l’inflation s’auto-alimente et qu’elle a des répercussions graves sur le pouvoir d’achat, sur la stabilité sociale, sur les comportements économiques, d’achat et d’investissement. Quels sont les enjeux et défis pour l’économie marocaine ?
Des restrictions et coupes budgétaires vont certainement être opérées afin de parer au plus urgent. Et bien que le gouvernement clame haut et fort qu’il ne révisera pas la loi de Finances (L.F) et continuera à mettre en œuvre son application, des perturbations sur les budgets d’investissements, par exemple, ou des retours aux subventions peuvent être initiées et donc grever la bonne marche de la L.F. La paix sociale est très importante aux yeux des gouvernements.

Comme vous l’avez dit, on assiste à un afflux des investissements vers les énergies renouvelables, au détriment des raffineries. S’agit-il de stratégies opportunistes liées à la conjoncture ou de l’effet d’un changement de paradigme ?
Je pense plutôt à un changement de paradigme. En effet, les accords des différents Cop, entraînant décarbonation obligée vers une neutralité carbone à l’horizon 2050, poussent les investisseurs à mon avis à penser aux énergies du futur telles le solaire, l’éolien, l’hydraulique, et autres biomasses pour une production d’hydrogène vert qui est un véritable vecteur d’énergie propre et renouvelable à l’infini.

Réinvestir dans le fossile, qui a encore de beaux jours devant lui mais non durable, va entraîner des surtaxes carbones et donc une augmentation des prix n’est pas à mon avis un bon choix. Par contre, les raffineries qui sont en opération devraient être gardées en bon état pour répondre autant qu’elles peuvent afin de bénéficier de l’augmentation de leurs marges.

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO


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