Céréales : la dépendance aux importations perdure

Malgré un léger ralentissement, la cadence des importations de céréales reste soutenue et devrait se maintenir au cours des prochains mois. Les dernières statistiques de la FNCL montrent que la dépendance du Maroc aux marchés internationaux demeure forte, avec des évolutions contrastées selon les produits. Les perspectives confirment toutefois une continuité de la dynamique des arrivées, portée par des besoins structurels et encadrée par des mécanismes de stockage renforcés.
Les pluies salvatrices de mars et avril avaient redonné espoir aux agriculteurs, mais pour les céréales, le sort était déjà scellé. Les statistiques sur les volumes importés confirment cette réalité et témoignent d’une tendance qui se prolonge. En effet, même si la campagne 2025/2026 s’est ouverte sous le signe d’un ralentissement relatif des importations, les volumes demeurent conséquents. Entre juin et septembre 2025, selon la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), la dynamique des arrivées s’inscrit dans la continuité des mois précédents, tout en affichant des évolutions contrastées selon les produits.
Des évolutions contrastées
Jamais les contraintes hydriques n’ont autant pesé sur l’agriculture marocaine. La succession des années de sécheresse a fragilisé durablement la production céréalière nationale, obligeant le pays à maintenir un recours massif aux marchés internationaux pour assurer sa sécurité alimentaire. Entre le 1er juin et la fin septembre, le volume des importations de céréales s’est établi à 3,89 millions de tonnes, en recul de 7% par rapport à la même période lors de la campagne précédente.
Le blé dur enregistre une progression spectaculaire de 74%, avec 389.429 tonnes. Le blé tendre, principale composante des importations, recule de 12%, à près de 1,5 million de tonnes. Le blé fourrager bondit de 81%, avec 65.526 tonnes. Le maïs poursuit sa hausse de 10%, avec 98.158 tonnes.
L’orge, en revanche, s’effondre de 69% et se limite à 110 191 tonnes, confirmant une moindre demande liée au recul du cheptel. La tendance est globalement négative pour les produits dérivés, dont les importations atteignent 687.388 tonnes (-21%). La pulpe de betterave chute de 45%, le son de blé de 48% et la coque de soja de 28%, ce qui traduit une activité réduite dans les filières d’élevage.
Certains segments progressent toutefois fortement. Le tourteau de colza bondit de 152% et la luzerne double quasiment, avec une hausse de 116%. Ces évolutions traduisent la capacité des opérateurs à ajuster leurs choix en fonction des prix et des disponibilités sur le marché international. Entre janvier et septembre 2025, le volume global des importations de céréales atteint 7,87 millions de tonnes, en baisse de 2% sur un an.
Le blé dur confirme sa montée en puissance avec 976.282 tonnes, en hausse de 22%. Le blé tendre recule légèrement de 2%, à 3,7 millions de tonnes. Le maïs progresse de 10% et totalise 2,33 millions de tonnes, soutenu par les besoins persistants du secteur avicole. L’orge, à l’inverse, chute de 51% et s’établit à 540.718 tonnes.
Côté produits dérivés, les importations atteignent 1,96 million de tonnes, soit une hausse de 9%. La pulpe de betterave bondit de 45% et le tourteau de colza enregistre une envolée spectaculaire de 193%. Le son de blé recule de 19%, signe d’une réorientation des usages. Ces évolutions confirment que, malgré les difficultés, les filières d’élevage et d’agro-industrie maintiennent leurs approvisionnements, en privilégiant certains intrants jugés plus compétitifs.
Un mécanisme de stockage renforcé
Néanmoins, les volumes importés restent suffisants pour couvrir les besoins nationaux. Les arrivages de blé tendre se stabilisent autour de 450.000 tonnes par mois, garantissant une régularité de l’approvisionnement. Sur le plan des prix, le blé tendre demeure relativement bas, autour de 255 dirhams le quintal, sortie port, avec une restitution à l’importation assurée par l’État dès que le seuil des 270 dirhams est franchi.
«Nous sommes dans un contexte de marché mondial favorable, grâce à de bonnes récoltes dans l’hémisphère Nord. Les disponibilités importantes permettent d’approvisionner les marchés à des niveaux corrects pour les importateurs. Le marché français reste l’un de nos principaux fournisseurs. Ainsi, les prix ont été revus à la baisse, autour de 200 euros la tonne, bien en deçà du seuil de restitution fixé par l’État», précise Omar Yacoubi, président de la FNCL.
En effet, les perspectives pour la fin d’année s’annoncent sous de bons auspices en matière de stockage. L’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) a instauré un mécanisme de stockage rémunéré pour 8 millions de quintaux, auquel les importateurs ont massivement adhéré. L’objectif est de garantir un stock de blé suffisant pour couvrir au moins deux mois de consommation. Quant aux prévisions pour les prochains mois, elles demeurent incertaines. Les importations restent étroitement liées à la consommation. La tendance observée ces derniers mois pourrait toutefois se maintenir.
Omar Yacoubi
Président de la FNCL
«Nous sommes dans un contexte de marché mondial favorable, grâce à de bonnes récoltes dans l’hémisphère Nord. Les disponibilités importantes permettent d’approvisionner les marchés à des niveaux corrects pour les importateurs. Le marché français reste l’un de nos principaux fournisseurs. Ainsi, les prix ont été revus à la baisse, autour de 200 euros la tonne, bien en deçà du seuil de restitution fixé par l’État»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO