Carburant : une rentrée sous le signe de la détente

Alors que la rentrée met à rude épreuve le budget des familles, une bonne nouvelle attend les automobilistes. Dès le 1er septembre, les prix des carburants devraient reculer à la pompe. Cette détente, portée par la chute des cours mondiaux du pétrole, devrait offrir un répit bienvenu aux ménages au moment où s’accumulent les frais de scolarité et d’équipement. Reste à savoir si ce recul s’inscrira dans la durée et dans quelle mesure il allégera durablement la facture énergétique du pays.
Cahiers, cartables, inscriptions… À chaque rentrée, le portefeuille des ménages souffre. Septembre demeure ce mois où les dépenses s’empilent plus vite que les kilomètres au compteur. Mais cette année, le plein devrait coûter un peu moins cher. Dès ce 1er septembre, les prix à la pompe reculeront, apportant un souffle d’oxygène bienvenu aux ménages en pleine période de dépenses scolaires.
Après une courte accalmie observée mi-août, le carburant s’apprête de nouveau à baisser chez la plupart des distributeurs. Une correction qui s’explique par la détente des cours mondiaux du pétrole. En effet, le baril de Brent est tombé à 68 dollars, et celui du brut américain à 64 dollars, leurs plus bas niveaux depuis plusieurs semaines.
Pour Mostafa Labrak, expert en énergie et directeur d’Energysim Consulting, la tendance est claire, «Actuellement, les produits pétroliers et dérivés suivent une courbe descendante. L’activité mondiale reste en deçà de son potentiel, la consommation ralentit avec la fin de l’été, et la demande se réoriente vers le gaz. Même les signaux d’apaisement entre la Russie et l’Ukraine nourrissent ce mouvement baissier. Résultat, une baisse notable des prix à la pompe devrait se répercuter sur le marché marocain».
Une baisse durable ?
Tout indique que la trajectoire des prix du pétrole s’oriente vers une baisse prolongée au cours des prochains mois. Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) alerte sur un déséquilibre marqué du marché de l’or noir, appelé à s’accentuer.
En cause, une demande moins vigoureuse qu’anticipé, notamment dans les grandes économies, où la conjoncture morose retarde toute perspective de reprise significative. Les pays émergents ne font guère exception, leurs projections ayant elles aussi été revues à la baisse. L’AIE n’attend plus désormais qu’une hausse de la demande limitée à 700.000 barils par jour pour 2025 et 2026, un rythme qui constituerait le plus faible depuis 2009, si l’on met de côté la parenthèse de la pandémie.
À cette contraction de la consommation s’ajoute, à l’inverse, une offre abondante. Les annonces successives d’augmentation de production des pays exportateurs (OPEP+) accentuent le déséquilibre. L’AIE prévoit ainsi que l’offre mondiale progressera de 2,5 millions de barils par jour en 2025, un bond largement supérieur à ses estimations initiales, et cette dynamique devrait se maintenir en 2026.
L’Agence évoque des marchés «saturés» de pétrole, où l’offre écrase la demande. Conséquence, le baril de Brent, référence mondiale, tomberait à 58 dollars dès l’an prochain, contre une moyenne de 69 dollars cette année. Reste à savoir si cette baisse s’inscrira dans la durée.
Pour l’heure, l’excédent de brut trouve encore preneur. Les raffineries tournent à plein régime et la Chine profite de l’occasion pour reconstituer ses stocks stratégiques, renforçant sa sécurité énergétique. Mais le développement rapide des énergies renouvelables dans l’Empire du Milieu contribue aussi à freiner durablement la croissance de la consommation pétrolière. Dans une analyse parallèle, la banque américaine Goldman Sachs anticipe elle aussi une correction durable des cours.
Selon ses prévisions, le baril pourrait descendre jusqu’à 50 dollars d’ici la fin de 2026, renouant avec les niveaux de 2021. Ce recul brutal, s’il se confirme, se traduirait mécaniquement par un allègement du prix des carburants pour les automobilistes, tout en redessinant la géographie énergétique mondiale.
Les facteurs avancés par la banque sont multiples : l’essor de la production mondiale, en particulier celle du pétrole de schiste aux États-Unis, ou encore la baisse des coûts pour les industries fortement consommatrices d’énergie. Pour les pays importateurs, tels que le Maroc, l’équation pourrait se révéler plus favorable, leur offrant un répit budgétaire inattendu.
Mostafa Labrak
Expert en énergie
«Actuellement, les produits pétroliers et dérivés suivent une courbe descendante. L’activité mondiale reste en deçà de son potentiel, la consommation ralentit avec la fin de l’été, et la demande se réoriente vers le gaz. Même les signaux d’apaisement entre la Russie et l’Ukraine nourrissent ce mouvement baissier. Résultat, une baisse notable des prix à la pompe devrait se répercuter sur le marché marocain»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO