Carburant : un début d’année à plein régime
Commencez l’année 2025 avec le plein de carburant. Une nouvelle augmentation des prix des carburants s’annonce dès ce 1er janvier aussi bien pour le gasoil que l’essence. Mais, quoi qu’il en soit, la rétrospective de l’année qui s’achève a suivi un trend baissier, à quelques exceptions près.
La nouvelle année commence bien pour les automobilistes ! À partir du 1er janvier, il se peut qu’une légère hausse s’opère au niveau des prix à la pompe. À en croire les professionnels du secteur, la tendance sur le marché international, notamment des produits raffinés, aurait été la hausse durant la dernière quinzaine du mois de décembre.
Ironie du sort, cette augmentation survient au moment où le salaire minimum légal sera augmenté de 5% dans les activités non agricoles et agricoles, pour fixer à 17,10 dirhams le salaire minimum horaire dans les activités non agricoles. Et à compter du 1er avril 2025, le salaire minimum légal payé pour une journée de travail dans les activités agricoles sera de 93 DH de l’heure.
Un pouvoir d’achat sous pression
In fine, si la pression sur le pouvoir d’achat se relâche d’un côté, elle se resserre de l’autre. Cet accroissement sera éventuellement le deuxième à s’opérer en un mois. Pour rappel, le gasoil avait enregistré une hausse de 20 centimes, et de 10 pour l’essence.
«Le marché du pétrole est tellement imprévisible qu’il est difficile d’anticiper ou de prédire une tendance. Toutefois, bien que le marché demeure en difficulté toujours pour les mêmes raisons, à savoir une demande en berne, le cours du pétrole s’est légèrement redressé en cette période. Sur le marché local, théoriquement une légère hausse estimée à une dizaine ou quinzaine de centimes pourrait être appliquée, ou pas, par les sociétés d’hydrocarbures», affirme Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium consulting et expert en énergie.
Une hypothèse corroborée par une source bien informée, confirmant une hausse qui sera bel et bien appliquée à partir de ce 1er janvier. Elle serait approximativement de 20 centimes pour le gasoil et de 17 cts pour l’essence. Mais quoi qu’il en soit, la tendance du prix du carburant tout au long de l’année a suivi une courbe descendante, comme l’a souligné l’expert en énergie.
«Si l’année avait démarré par un cours du baril de Brent avoisinant en moyenne les 70 dollars, elle s’achève sur une note baissière pour se situer entre 68 et 72 $, soit pour le Maroc un prix du carburant à 13,47 DH le litre en janvier, et à près de 11,27 en décembre, ce qui nous a tout de même permis de gagner 2,20 DH/L sur la facture énergétique. Il faut noter aussi que durant les trois quarts de l’année, le prix du carburant a connu un recul en dehors du pic atteint en avril. Je dirais que, grosso mode, l’année 2024 a été marquée par une baisse», relate Labrak.
Quelle tendance pour 2025 ?
Toutefois, en termes de perspectives, il est attendu une croissance relativement modeste de la demande en 2025. Les analystes en matières premières prévoient une nouvelle année de forte croissance de l’offre hors OPEP, tandis que l’OPEP dispose toujours d’une importante capacité de production inutilisée, ce qui devrait continuer à rassurer le marché. Une croissance principalement tirée par la reprise de l’économie chinoise.
D’ailleurs, la Banque mondiale a revu ses prévisions de croissance en Chine à la hausse, ce qui contribue à alimenter l’optimisme quant à la demande. Alors que l’OPEP ne s’aligne pas sur ces estimations et a même reporté son projet d’augmentation de la production de pétrole à avril, en raison de la faiblesse de la demande et de la montée en puissance de l’offre des autres producteurs.
Pour d’autres analystes, il faudra attendre l’investiture de Donald Trump pour disposer davantage de visibilité, car les mesures fiscales que ce dernier compte appliquer ne relanceront pas la demande mondiale.Sur un autre plan, le secteur sensible reste la vente de carburant sur le circuit informel.
Pour y mettre un terme, il était prévu d’instaurer une nouvelle réglementation dans la Loi de finances 2025, celle d’instaurer une traçabilité chimique. Un dispositif efficace pour parer ces agissements, surtout que ces produits émanent des ventes B to B. Or, selon nos informations, ce mécanisme a été reporté pour 2026 pour des raisons techniques. Car, en principe, toutes les sociétés devraient disposer de leur propre traceur chimique et effectuer des tests de compatibilité dans des laboratoires spécialisés, chose qui manque encore au Maroc.
Comme nous l’avions signalé dans une édition antérieure, des appels d’offres ont été lancés pour créer des laboratoires dédiés, mais tout porte à croire que ces appels se sont avérés infructueux, d’où d’ailleurs le report de la disposition dans la Loi de finances 2025.
Mostafa Labrak
Expert en énergie
«Le marché du pétrole est tellement imprévisible qu’il est difficile d’anticiper ou de prédire une tendance. Toutefois, bien que le marché demeure en difficulté toujours pour les mêmes raisons, à savoir une demande en berne, le cours du pétrole s’est légèrement redressé en cette période. Sur le marché local, théoriquement une légère hausse estimée à une dizaine ou une quinzaine de centimes pourrait être appliquée, ou pas, par les sociétés d’hydrocarbures.»
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO