Bassin du Sebou : coup d’accélérateur sur le programme de gestion de l’eau

Face à une sécheresse prolongée, le Maroc renforce ses infrastructures hydrauliques dans le bassin du Sebou. Plusieurs barrages et projets de transfert d’eau ont été lancés pour garantir l’approvisionnement en eau potable, soutenir l’agriculture et protéger les régions contre les inondations.
Face à une sécheresse persistante qui frappe le Maroc depuis sept ans, le gouvernement intensifie ses efforts visant à sécuriser les ressources en eau, et ce, en application des Hautes directives royales. C’est ce qui a été annoncé par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, à l’occasion de la tenue du Conseil d’administration de l’Agence du bassin hydraulique du Sebou (ABHS), à Fès.
À cette occasion, le ministre a dévoilé une série de projets structurants destinés à renforcer la résilience hydrique dans ce périmètre stratégique. Avec des investissements massifs et des innovations techniques, ces initiatives sont de nature à répondre aux défis climatiques tout en soutenant l’économie locale. L’année écoulée a été marquée par plusieurs réalisations importantes dans la zone d’action de l’ABHS.
Baraka a annoncé que le barrage M’dez dans la province de Sefrou a été mis en eau (100% des travaux), avec une capacité de stockage de 700 millions de m³, alors que les travaux du barrage de Koudiat Borna dans la province de Sidi Kacem sont également achevés, offrant une capacité de 12 millions de m³ destinés à l’eau potable et l’irrigation.
Parallèlement, les travaux se poursuivent sur plusieurs autres ouvrages stratégiques. Le barrage Sidi Abbou dans la province de Taounate, d’une capacité de 200 millions de m³, a atteint un taux d’avancement de 87%. Celui de Ratba à Taounate, avec sa capacité impressionnante de 1,9 milliard de m³, progresse également avec un taux d’avancement de 33%.
Selon le ministre, ces projets contribueront non seulement à la sécurité hydrique, mais aussi à la protection contre les inondations et à la prévention de l’envasement du barrage Al Wahda.
Une augmentation substantielle de la capacité de stockage
L’achèvement de ces projets hydrauliques permettra d’augmenter significativement la capacité globale de stockage du bassin de Sebou. Selon les projections, cette capacité devrait passer de 6,1 à 8,14 milliards de m³, soit un gain de plus de 2 milliards de m³.
Cette augmentation représente une avancée significative pour la gestion des ressources hydriques de la région. De nouveaux projets ont également été lancés avec, notamment, la construction du barrage de Ribat El Kheir dans la province de Sefrou, avec une capacité prévue de 124 millions de m³, et la réalisation du petit barrage «Hamdallah» dans la province de Sidi Kacem. Ces infrastructures contribueront à renforcer davantage la capacité du bassin à faire face aux défis climatiques. Un des projets phares en cours est le transfert des eaux du bassin du Sebou vers celui du Bouregreg.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la tranche urgente du projet d’interconnexion entre les deux bassins. Le volume d’eau déjà transféré du barrage de garde Sebou à celui de Sidi Mohamed Ben Abdallah a atteint plus de 610 millions de m³.
Ce transfert a joué un rôle décisif dans la satisfaction des besoins en eau potable de la région côtière entre Rabat et le nord de Casablanca.
Selon Khalid El Ghomari, directeur de l’ABHS, 1,3 million de m³ sont transférés quotidiennement pour alimenter Rabat, Casablanca et les villes avoisinantes. Cette opération s’accompagne d’un projet de dépollution du bassin du Sebou pour garantir la qualité des eaux transférées.
Un bilan hydrique préoccupant malgré les efforts
Durant l’année hydrologique 2023-2024, le bassin du Sebou a enregistré un déficit des précipitations de 25,4% par rapport à la moyenne annuelle. Cependant, les récentes précipitations ont permis aux barrages du bassin de recevoir un apport de près de 600 millions de m³ d’eau.
Leur taux de remplissage actuel est de 44%, avec des retenues d’environ 2,7 milliards de m³, ce qui représente 45% des retenues de l’ensemble des barrages au niveau national. Le barrage Al Wahda, infrastructure hydraulique majeure de la région, affiche un taux de remplissage de 50%, soit 1,6 milliard de m³, jouant ainsi un rôle capital dans l’irrigation de la plaine du Gharb et sa protection contre les crues.
Face aux défis persistants, le gouvernement poursuit la mise en œuvre de programmes structurants dans ce bassin. Parmi les projets en cours, figure la réalisation du transfert des eaux du barrage M’dez vers la plaine de Saïss, visant à limiter la surexploitation de la nappe souterraine locale. Neuf petits barrages sont également programmés, conformément aux propositions des commissions régionales présidées par les walis.
D’autres initiatives concernent la réalisation de forages de reconnaissance pour mobiliser des ressources en eau, particulièrement dans les zones rurales. À signaler également la poursuite du programme de réutilisation des eaux usées traitées pour l’arrosage des espaces verts dans plusieurs villes, dont Bouknadel, Salé, Fès, Meknès, Ifrane et Kénitra.
Un bassin stratégique pour l’économie nationale
Le bassin du Sebou, qui s’étend sur une superficie d’environ 40.000 km², compte actuellement 11 grands barrages et 51 petits barrages et lacs collinaires. Il constitue l’un des bassins les plus importants du Royaume, avec une pluviométrie moyenne annuelle de 600 mm, variant entre 1.000 mm sur les hauteurs du Rif et 300 mm sur le haut Sebou et les vallées du Beht.
L’importance de ce bassin dépasse le cadre hydrique. Il abrite une économie agricole et industrielle qui contribue significativement à l’économie nationale. C’est pourquoi plusieurs conventions ont été adoptées lors du conseil d’administration de l’ABHS.
Celles-ci couvrent divers domaines comme la protection contre les inondations, la dépollution industrielle, la réutilisation des eaux usées traitées, et la préservation du domaine public hydraulique. Elles prévoient par ailleurs de renforcer la coopération tant avec des établissements académiques nationaux qu’avec des institutions internationales.
Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO