Maroc

Bassima Hakkaoui : «Il reste encore des efforts à déployer pour atteindre la parité»

Bassima Hakkaoui, Ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social

Avancées en matière de promotion des droits des femmes au Maroc, loi de lutte contre les violences faites aux femmes, révision du Code de la famille…Autant de sujets abordés dans cette interview par la ministre de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social, Bassima Hakkaoui. 

Les Inspirations ÉCO : Êtes-vous satisfaite de la situation de la femme marocaine ?
Bassima Hakkaoui : Les divers chantiers lancés par le Maroc, au cours des dernières années, renforcent les droits de la femme. Nous devons être fiers d’appartenir à un pays qui érige les droits de l’Homme parmi les priorités. En effet, de grandes avancées ont été réalisées par le Maroc en matière des droits de l’Homme. L’arsenal juridique national permet à l’ensemble des citoyens d’accéder à leurs droits. Rappelons qu’en 2004, le Code de la famille a consacré l’idée de l’égalité entre l’homme et la femme. Il s’agit de l’une des plus importantes lois produites par le Maroc au cours des dernières années. Elle a conféré à la femme nombre de droits comme celui du divorce, de l’héritage de la petite-fille…Par la suite, la loi sur la nationalité a permis à la femme marocaine d’octroyer la nationalité à ses enfants en cas de mariage mixte. Une nouvelle génération de lois est venue renforcer l’arsenal juridique après l’adoption de la nouvelle Constitution qui a instauré les fondamentaux de la démocratie participative. On peut citer, à cet égard, la loi de présentation des pétitions et des motions en matière législative, l’instance de la parité et de lutte contre toutes les formes de discrimination, le Conseil consultatif de la famille et de l’enfance… La loi de lutte contre la violence faite aux femmes est l’un des mécanismes les plus importants pour protéger la femme et limiter la violence, sans oublier le volet de prise en charge des victimes. Force est de reconnaître que l’aspect genre est présent dans nombre de lois. C’est dans ce cadre que s’inscrit la loi organique de la Loi de finances. En dépit de l’adhésion du Maroc dans l’autonomisation de la femme, le budget ne s’alignait pas avec l’approche genre. Depuis l’adoption de cette loi organique en 2015, le budget répond aux besoins des femmes.

Les réalisations sont-elles assez suffisantes pour atteindre la parité ?
Il reste encore des efforts à déployer pour atteindre la parité et ancrer les principes de l’égalité et de l’équité. Le chantier de l’autonomisation économique, sociale et politique de la femme est toujours en cours. Notre ambition demeure grande. En témoigne le lancement de nombre de programmes en 2017 et 2018 pour parachever le chantier des droits des femmes, comme le plan ICRAM II. La convergence est assurée entre les différents intervenants concernés au gouvernement et aussi entre l’initiative gouvernementale et celle civile.

En comparaison avec d’autres pays, le rythme des actions au profit de la femme est jugé long. Ne faut-il pas accélérer la cadence ?
Au Maroc, nous ne travaillons pas sur la couche superficielle. Nous nous attelons plutôt au fond et à la structure de chaque dossier sur la base des concertations dans l’adoption des plans et des lois. C’est pour cette raison que notre action est ancrée et durable et a un grand impact sur les catégories ciblées.

Il reste encore plusieurs points en suspens dans le Code de la famille comme l’égalité dans l’héritage, le mariage des mineurs… Le gouvernement projette-t-il une réforme de ce texte ?
Je suis parmi les parlementaires ayant travaillé sur le Code de la famille en 2004. 14 ans après son adoption, cette loi, en dépit de son importance, doit être révisée pour combler les lacunes constatées. La loi doit accompagner les mutations sociales. Notre département a fait une étude portant sur les perceptions de la société du contenu du Code de la famille, dont les résultats ont été publiés l’année dernière. Il en ressort que la société évolue et l’homme est plus conscient de l’importance de l’égalité.

Pourquoi nombre d’amendements sur la loi relative à la violence faite aux femmes ont-ils été rejetés ?
Plusieurs informations qui circulent dans les médias et dans les réseaux sociaux sont erronées et impactent, malheureusement, l’opinion publique. C’est un mécanisme législatif qui répond à nombre d’attentes des femmes. À titre d’exemple, le Code de la famille interdit à l’homme d’expulser la femme du domicile conjugal, mais sans prévoir des sanctions. La loi actuelle prévoit une sanction dans ce cas-là. Même si le mariage des mineures est du ressort du Code de la famille, une disposition dans la loi de lutte contre les violences faites aux femmes interdit le mariage forcé. En matière de protection, plusieurs dispositions ont été mises en place, comme l’éloignement du coupable de la victime ainsi que la mise en place d’un système de prise en charge totale. À cela s’ajoute l’élargissement de l’assiette d’incrimination des actes de violence à l’égard des femmes, tout en alourdissant les peines dans certains cas. L’approche était globale et diversifiée. Nous avons accepté au Parlement plusieurs amendements, comme la définition détaillée de la violence.

Mais, ne trouvez-vous pas que le texte ne définit pas clairement le harcèlement sexuel ?
Au contraire, la loi est claire. L’auteur du harcèlement est quiconque qui persiste à commettre un acte importun à l’encontre de la femme. Dans la loi, il est clairement précisé que la violence peut être physique mais aussi verbale, psychologique et sexuelle.  



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