Maroc

Banques centrales arabes : quelle feuille de route face à l’incertitude économique ?

Face aux chocs économiques mondiaux, les gouverneurs des banques centrales arabes ont discuté à Tunis d’une feuille de route commune pour la stabilité régionale. Lors de leur 49e session, ils ont acté la nécessité d’une coordination technique renforcée pour protéger leurs économies, marquant leur engagement en faveur d’une résilience collective.

La 49e session ordinaire du Conseil des gouverneurs des banques centrales et des instituts d’émission arabes, tenue les 17 et 18 septembre à Tunis, s’est déroulée dans un contexte mondial d’instabilité. Face à une succession de perturbations, les responsables monétaires de la région se sont réunis pour esquisser une feuille de route commune visant à renforcer la résilience économique et la stabilité financière.

La délégation marocaine, menée par le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a contribué à définir les axes de cette stratégie collective, fondée sur une coopération pragmatique et un partage d’expertise technique.

Trois ondes de choc, une stratégie commune
Les travaux ont d’abord dressé un constat partagé. L’environnement international actuel est marqué par la convergence de chocs politiques, économiques et, plus récemment, commerciaux. Selon les déclarations du wali de BAM, cette conjoncture complexe constitue un défi majeur pour les banques centrales, dont les instruments nationaux, à eux seuls, peuvent s’avérer insuffisants.

La première étape de la feuille de route consiste donc à reconnaître la nécessité d’une coordination accrue. L’objectif est de dépasser les réponses isolées pour construire une approche concertée, permettant d’amortir collectivement les répercussions des incertitudes mondiales sur les économies arabes.

Un modèle de conformité pour renforcer la confiance
Un pilier essentiel de la stabilité régionale repose sur l’intégrité du système financier. Une réunion dédiée à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme a illustré cet enjeu. Le renforcement de la conformité aux standards internationaux n’est pas seulement une obligation réglementaire, mais un facteur de confiance indispensable pour attirer les investissements et sécuriser les flux de capitaux.

L’expérience du Maroc, retiré de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), a été présentée comme une méthodologie applicable. Le partage de ce savoir-faire vise à doter les pays membres d’outils concrets pour améliorer leurs cadres réglementaires propres, consolidant ainsi la robustesse de l’ensemble de l’espace financier arabe.

Deux nouveaux axes stratégiques
La feuille de route élaborée se distingue par une évolution des modalités d’action. La coopération entre banques centrales s’oriente résolument d’un modèle d’assistance financière vers un partenariat technique. Cette nouvelle approche privilégie l’échange de compétences pour adresser les défis structurels.

Deux domaines prioritaires ont été identifiés. Le premier concerne la transformation numérique, qui redéfinit les services financiers et les cadres de régulation. Le second porte sur les risques liés au changement climatique et leur impact sur la politique monétaire.

Cette coopération technique permet de mutualiser les connaissances et d’élaborer des réponses adaptées, malgré les disparités économiques entre les pays membres, notamment entre producteurs et non producteurs de pétrole.

Les priorités pour la stabilité régionale
La mise en œuvre de cette feuille de route s’appuie sur le cadre institutionnel du Conseil des gouverneurs. Cette instance de haut niveau remplit trois missions fondamentales pour la stabilité de la région. D’abord, elle permet l’adoption de positions communes face aux grands enjeux monétaires mondiaux. Ensuite, elle fonctionne comme un espace d’échange de bonnes pratiques, favorisant l’innovation et l’amélioration continue de la gouvernance au sein des banques centrales.

Enfin, le Conseil agit comme une plateforme de dialogue stratégique pour orienter les réponses collectives aux crises. Ses décisions et les accords techniques qui en découlent constituent le moteur de la stratégie commune pour préserver la stabilité monétaire et financière arabe.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO



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