Maroc

Bancarisation : des progrès certains, mais des défis persistants

En 2023, le nombre de comptes bancaires a considérablement augmenté, s’établissant à 36,3 millions, et les produits se sont diversifiés pour mieux répondre aux besoins des clients. Pourtant, le chemin vers une inclusion financière complète reste long.

En abordant les barrières existantes et en mettant en œuvre des stratégies ciblées pour améliorer l’accessibilité, la transparence et l’éducation financière, le Maroc peut continuer à progresser vers un système financier plus inclusif et équitable.

Le paysage bancaire a connu une transformation remarquable en 2023. En effet, le nombre de comptes bancaires a considérablement augmenté et les produits bancaires se sont diversifiés. Cette évolution, documentée dans le rapport de Bank Al-Maghrib «DSGD TDB Stat bancaires 2023», révèle à la fois des réussites et des défis persistants en matière d’inclusion financière.

Tendances clés de la bancarisation
En 2023, le Maroc a vu une augmentation de 7,2% du nombre total de comptes bancaires, atteignant 36,3 millions. Cette hausse est principalement due à l’ouverture de 3,3 millions de nouveaux comptes au cours de l’année, soit une augmentation de 8,6% par rapport à 2022. Cela démontre un réel engouement pour les services bancaires au sein de la population marocaine. La diversité des types de comptes est également frappante.

Les comptes chèques dominent avec 63%, suivis des comptes sur carnet (30%). Les comptes en devises étrangères, bien que marginaux (0,3%), montrent une ouverture progressive vers des transactions internationales. Cela reflète une adaptation des banques aux besoins variés de leurs clients et une réponse aux exigences du marché moderne. L’inclusion financière des femmes et des jeunes est un autre point marquant. En 2023, 45% des nouveaux titulaires de comptes étaient des femmes.

De plus, une proportion significative de nouveaux comptes a été ouverte par des jeunes âgés de 20 à 25 ans (30%) et des moins de 20 ans (18%). Ces chiffres montrent un effort continu pour inclure ces groupes dans le système financier formel, ce qui est essentiel pour le développement économique global.

En termes de répartition démographique, le nombre total de personnes physiques titulaires de comptes bancaires a atteint 17,4 millions. Parmi eux, 38% sont des femmes et 62% des hommes. Les personnes de plus de 60 ans représentent la tranche d’âge la plus bancarisée (23% du total), suivies par les 35-40 ans et les 40-45 ans (11% chacune).

Ces données indiquent que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour inclure davantage de jeunes et de femmes, qui restent sous-représentés. Il est intéressant de noter que 48% des titulaires de comptes détiennent un seul compte, tandis que 28% en possèdent deux et 13% en ont trois. Cela montre une utilisation croissante des comptes bancaires pour divers besoins financiers. Les comptes multiples permettent une gestion financière plus sophistiquée, où les individus peuvent séparer leurs finances pour différents objectifs, comme l’épargne, les dépenses courantes et les investissements.

Les Marocains résidant à l’étranger représentent 9,7% des titulaires de comptes, ce qui montre une connexion financière forte avec le pays d’origine. Cette internationalisation des comptes bancaires souligne l’importance de la diaspora marocaine pour l’économie nationale et la nécessité de développer des produits et services adaptés à leurs besoins spécifiques.

Freins à la bancarisation
Malgré ces progrès, plusieurs obstacles persistent et freinent une inclusion financière totale. Dans les zones rurales et éloignées, la faible densité de succursales bancaires et d’infrastructures financières reste un problème important. Plus encore, il existe également une méfiance généralisée envers les institutions financières. Souvent due à des pratiques perçues comme non éthiques, cette méfiance décourage de nombreux Marocains d’ouvrir des comptes bancaires.

La confiance est un élément clé de l’adoption des services financiers, et sans elle, il est difficile d’augmenter le taux de bancarisation. Le faible niveau d’éducation financière est un autre obstacle important. Beaucoup de Marocains manquent de connaissances de base sur les produits financiers disponibles et sur la gestion financière personnelle, ce qui limite leur utilisation des services bancaires.

L’éducation financière est essentielle pour aider les individus à comprendre les avantages des services bancaires et à les utiliser de manière efficace et sécurisée. Les frais bancaires élevés pour certains services, comme la gestion de compte et les transactions, peuvent dissuader les personnes à faible revenu d’utiliser les services bancaires. Ces coûts constituent une barrière significative pour l’inclusion financière.

Les banques doivent s’employer à réduire ces frais, notamment en offrant des comptes sans frais ou à frais réduits pour les populations vulnérables. Les exigences administratives pour l’ouverture de comptes bancaires, perçues comme complexes par certains, peuvent décourager de nombreux individus. Ceci concerne en particulier les segments les plus vulnérables de la population, tels que les travailleurs informels et les personnes ne disposant pas de documents d’identité adéquats. Simplifier ces processus est de nature à rendre les services bancaires plus accessibles.

Perspectives
Pour surmonter ces obstacles et poursuivre la tendance positive de bancarisation, plusieurs mesures sont déjà envisagées. L’extension des services bancaires mobiles et digitaux peut améliorer l’accessibilité dans les zones rurales et éloignées.

Des programmes d’éducation financière sont, en effet, développés et promus pour améliorer les connaissances et les compétences financières de la population. Cela inclut des campagnes de sensibilisation, des ateliers de formation et des ressources éducatives en ligne.

En effet, une meilleure éducation financière permet aux individus de prendre des décisions éclairées sur leurs finances et d’utiliser les services bancaires de manière plus efficace.

Des initiatives pour réduire les coûts des services bancaires, comme la création de comptes sans frais pour les personnes à faible revenu, peuvent encourager une plus grande utilisation des services bancaires. Réduire les coûts d’accès est tout aussi important pour intégrer les populations vulnérables dans le système financier. En somme, bien que le chemin vers une inclusion financière complète soit encore semé d’embûches, les tendances actuelles montrent que le Maroc est sur la bonne voie.

Avec des efforts continus et des stratégies bien définies, il est possible d’améliorer l’accès aux services bancaires pour tous les Marocains, contribuant ainsi à un développement économique plus équitable et inclusif.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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