Maroc

Assurances : comment se porte le secteur ?

Porté par la bonne tenue de la branche Non-Vie, le secteur des assurances a pu enregistrer un chiffre d’affaires de 42,09 MMDH à fin novembre 2020, représentant une hausse de 2% en glissement annuel.

Le secteur des assurances a finalement repris quelques couleurs au cours des derniers mois de l’exercice 2020. Après avoir enchaîné les contre-performances durant les dix premiers mois en raison de la crise, les compagnies d’assurances et de réassurance (hors réassureurs exclusifs) ont pu enregistrer un chiffre d’affaires de 42,09 MMDH à fin novembre 2020, soit une appréciation de 2% en glissement annuel. Une performance portée principalement par la bonne tenue de la branche Non-Vie, dont les primes ont gagné 3,4% à 23,65 MMDH. In extremis, la branche Vie s’est positionnée dans le vert avec une hausse limitée de 0,1% à 18,43 MMDH. À y voir de plus près, les variations des différents produits n’allaient pas toutes dans le même sens. En cause, les impayés qui n’ont fait que s’accroître durant cette période de crise. Selon le dernier bulletin de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), au niveau de la branche Vie, seule l’épargne en unités de compte s’est affichée en progression de 23,9% à 1,26 MMDH. En face, les produits d’épargne sous forme de support en dirham ont certes cumulé 14,51 MMDH à fin novembre 2020, mais restent en retrait de 1,3% par rapport à la même période de l’année précédente. Les primes de l’assurance décès ont de leur côté accusé une baisse de 0,9% à 2,65 MMDH. Au niveau de la branche Non-Vie, les émissions relatives à l’assurance automobile ont affiché une baisse de 1,1% à 11,09 MMDH, impactées par le recul de 2,6% de la responsabilité civile automobile. L’assurance accidents de travail et maladies professionnelles a enregistré un recul de 1,4% à 2,2 MMDH. Les primes assistance-crédit-caution se sont de leur côté repliées de 13,9%, au moment où celles relatives à l’incendie se sont appréciées de 18,9%. La hausse a également caractérisé le segment des accidents corporels, qui s’est amélioré de 1,8% à 4,19 MMDH, ainsi que celui de la responsabilité civile (+1,7% à 572 MDH.

Par ailleurs, l’encours total des placements du secteur des assurances se chiffre à 172,74 MMDH en novembre, restant pratiquement au même niveau que le mois précédent. Cette situation est liée aux légères hausses enregistrées au niveau des actifs de taux et actifs en actions, qui ont grimpé respectivement de 0,2% et 0,6%, compensant ainsi la baisse de 0,7% enregistrée dans les placements immobiliers. Si les évolutions sont restées très disparates courant 2020, les analystes demeurent très confiants quant à sa progression cette année. Les professionnels de BMCE Capital Research (BKR) lui prédisent d’ailleurs une solidité avérée et une croissance en 2021. Selon leurs estimations, le secteur devrait connaître une hausse de son chiffre d’affaires de 6% pour les assureurs cotés à 19,1 MMDH, et ce, grâce notamment à une reprise escomptée de l’épargne ainsi que de la branche automobile, en lien avec une amélioration anticipée de la situation économique.

Pour BKR, l’activité devrait bénéficier de l’assouplissement de certaines règles de provisionnement par l’ACAPS, notamment au niveau des primes ou des cotisations impayées par les souscripteurs, devant permettre au secteur de faire face à la crise (des pertes de l’ordre 700 MDH évitées au premier semestre 2020). L’autorité devrait également prendre de nouvelles décisions pour accompagner le secteur telles que le report de l’entrée en vigueur de la provision pour risque tarifaire.

Par ailleurs, le secteur devrait profiter, de la reprise attendue du marché boursier marocain cette année, chose qui devrait conduire à une amélioration du résultat financier des assureurs (+24% à 2,6 MMDH pour le secteur coté). BKR s’attend également à un retour anticipé des plus-values latentes des opérateurs à un niveau normatif en 2021 suite à une baisse de 50% à fin juin 2020 à 15 MMDH. Gare, cependant, à la mauvaise tenue attendue en 2021 de l’assurance maladie, des accidents corporels et des accidents de travail, en lien avec le repli de la masse salariale déclarée, avancent les analystes de BKR. Ils pointent également du doigt la baisse anticipée de l’encaissement des primes pouvant émaner des difficultés de trésorerie des assurés et des intermédiaires (taux d’encaissement de 62% en août 2020 contre 72% une année auparavant), sans oublier la baisse probable des dividendes à distribuer par certaines sociétés au titre de l’exercice 2020, pouvant affecter négativement les produits financiers des opérateurs. À cela s’ajoute la réduction attendue des excédents de marge de solvabilité avec le passage à la solvabilité basée sur les risques. Aussi, la prise en charge, par les assureurs, des cas de Covid-19 pourrait négativement impacter la branche maladie. 

Aida Lo / Les Inspirations Éco



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